Oaïa

• Chapitre 2.

Ils se penchèrent en avant, imitant ma position afin d'observer l'objet de mon cri. Noah paraissait complètement perdu. Son teint était blafard, il ressemblait à un patient évadé d'hôpital psychiatrique.

- C'est quoi ça ? dit Isaac.

Je ne savais pas quoi répondre, devant nous s'étendait une ville -si on pouvait appeler ça comme ça- remplie de caravanes, et maisons aux portes ouvertes d'où sortaient des personnes assez étranges. Ils paraissaient humains mais leur habits et cheveux était différents des nôtres. Au milieu de quelques caravanes brulaient des feux et les gens assis autour parlaient et riaient en se passant des choses qu'il m'était impossible de voir à cette distance. Tout paraissait désordonné, nous n'avions pas l'habitude, nous avions toujours vécu dans un environnement carré qui ne laissait rien passer.

- Qu'est ce que je fais ici ? Je savais que j'aurais pas dû, on va tous mourir et se faire manger, chuchota Noah pour lui même.

Je lui lançais un regard noir avant de décréter qu'il n'avait pas le choix et qu'entendre ses plaintes toutes les minutes était insupportable. Je rajoutais alors que personne le mangerait mais que s'il l'ouvrait encore c'est moi qui le tuerait.

Isaac toussa afin d'arrêter notre altercation, puis désigna du doigt un escalier en colimaçon extérieur nous permettant de descendre.

- Cassie, sois plus gentille avec lui, il faut qu'on descende et surtout il faut qu'on aille voir où est-ce qu'on a atterri.

Noah qui était assis sur le bord de l'immeuble, tellement proche du vide que je me demandais alors si le pousser ne résoudrait pas tous nos problèmes. Je balayais cette idée stupide de ma tête quand soudain le blondinet pris la parole.

- Et tu comptes faire comment Isaac, te présenter comme terrien venu en paix ?

Il n'avait pas tort, on ne pouvait arriver comme cela, il nous fallait un plan. Je regardais le spectacle étonnant de cette civilisation si différente de la notre en y réfléchissant. Isaac nous indiqua qu'il allait prendre quelques affaires dans la navette où cas où nous ne revenions pas ce soir.

Le silence devenait pesant. Personne ne savait quoi faire, Isaac avait préparé trois sacs à dos avec le nécessaire.

- On ne peut pas rester ici mais rejoindre les natifs alors que nous ne connaissons rien d'eux serait du suicide, fais-je remarquer aux garçons.

Les yeux de Noah semblèrent s'illuminer, il bafouilla un peu pendant qu'Isaac et moi le regardions comme le messie attendant son idée.

- On a qu'à simplement essayer de s'intégrer dans leur ville, on va trouver des vêtements et chercher à les comprendre comme ça on pourra donner toutes les informations au gouvernement et ils verront bien quoi en faire.

Ça paraissait risqué mais c'était notre dernière solution.

Isaac enfila la bretelle de son sac et s'écria "C'est parti !".
Un peu trop enthousiaste celui là. Nous le suivions dans les escaliers.

Arrivés sur la terre ferme, je jetais un coup d'oeil afin de mémoriser les lieux. Nous étions de l'autre côté de la ville, des immenses champs s'étendaient en perspective. Rien de ce côté là d'intéressant du moins pour l'instant. Je détaillais les tenues des deux garçons, ils étaient vêtus de jeans noirs serrés ainsi que de bottes de combats et de t shirt simples et gris. «Comment se faire remarquer en deux minutes» pensais-je. Les hommes que j'avais aperçus portaient des chemises à fleurs avec des pantalons serrés partout sauf à la cheville. Ils avaient des cheveux longs et des barbes tandis que mes deux acolytes était imberbes et leurs cheveux coupés plutôt court. C'était mal parti. De plus les femmes avaient de longues jupes aux motifs étranges ainsi que des morceaux de tissus dans les cheveux qui eux, leur descendaient jusqu'aux fesses alors que les miens ne dépassaient pas mes épaules.
Que faire ? Où trouver des vêtements adéquats ?

Isaac dit :
- Ecoutez, nous n'avons pas le choix, nos habits vont nous trahir, je vous propose de les jeter dans les champs et de rester en sous vêtements. Si nous trouvons des vêtements à enfiler avant de nous faire voir, tant mieux, sinon nous dirons que nous nous sommes fait voler nos vêtements pendant que nous nous baignions dans un lac.

Cette excuse était nulle et arriver dans un endroit inconnu sans vêtements ne m'enchantait pas mais nous n'avions pas le choix. Noah geignit qu'il en avait déjà marre et s'exécuta tandis que je le regardais sévèrement pour qu'il cesse.

Nous repartîmes alors, à peine vêtus, j'entendais le bruit de plus en plus proche de nous. Plus que quelques mètres nous séparaient de cette population inconnue et la peur se noua dans ma gorge quand une jeune fille s'arrêta à notre vue. Elle nous dévisagea quelques secondes.
On était foutus, elle avait compris. Nous n'avions même pas tenus 4 heures.
Soudain un rire coupa court à mes pensées.

- Mais qu'est ce que vous faites nus ? Et c'est quoi ce truc immonde ? dit-t-elle en tirant sur l'élastique du caleçon de Noah qui me regardait avec un air mélangeant la pitié, la peur et la détresse.

Avant que celui ci ne puisse répondre elle continua :

- Enfin, je préfère pas savoir ce que vous avez fait, enlevez moi ça je vais vous donner des nouvelles tenues.

Elle parlait la même langue que nous, je me remis à respirer normalement. Nous avions échapper à la catastrophe.

Tout semblait trop facile, elle ne nous avait même pas demandé qui nous étions, et elle semblait beaucoup trop fraternelle. Comme si elle n'avait même pas envisagé que nous pouvions être un danger. Soit c'était un piège soit cette population était vraiment étrange.

Pendant que nous attendions qu'elle revienne, nous n'osions pas parler, seul nos regards apeurés nous permettait de communiquer.

Quand Isaac ouvrit enfin la bouche pour parler, la jeune rousse revint tout sourire avec une pile d'habits sur les bras. Elle nous tendit à chacun une tenue similaire à celles que j'avais aperçues portées par la population. Nous enfilions alors ces jeans et jupes étranges ainsi que des chemises à fleurs et haut à frange pour moi. Avant que nous ne puissions dire quelque chose, la rouquine s'exclama :

- Je ne vous avais jamais vu je crois, enfin rien d'exceptionnel, il y a tellement de monde ici ! Je m'appelle Emily, si vous avez besoin de quelque chose, je suis là. Je dois vous laisser, je dois retourner au feu de bois.

Enfin seule avec Noah et Isaac, je réfléchissais, il n'avait pas l'air si difficile de se joindre dans cette communauté. Ils ne se méfiaient pas, le plus dur serait de trouver où dormir. À moins de rentrer chaque soir dans la navette, d'ailleurs était-elle visible de là où nous étions, me demandais je. Je jetais un coup d'oeil, non, elle était cachée par une cheminée qui était sur le toit. Un problème de moins.

- Nous n'avons plus qu'à rejoindre ces gens et observer leurs faits et gestes pour agir comme eux. Parlez peu pour l'instant, cela nous évitera des mal entendus, chuchota Isaac alors que nous avancions jusqu'à l'un de leur groupe.

Un homme nous apostropha alors, il avait une longue barbe blonde et s'approchait de nous avec un air méfiant et suspicieux.