Oaïa

• Chapitre 3.

- Eh les jeunes ! Attendez ! cria l'homme blond.

Il arriva à notre niveau, nous étions tous les trois entrain de retenir notre respiration. Cependant je donnais un coup de coude à Isaac qui ne paraissait pas très détendu, s'il continuait comme ça on serait vite démasqué. Je souris donc de toutes mes dents à l'homme en question.

- Oui ? Il y'a un problème ? demandais-je en essayant de rester la plus naturelle possible.

Noah rentra dans mon jeu et sourit à son tour, je jetai un vaste coup d'oeil aux alentours, personne ne semblait nous remarquer. Mon attention se reporta sur le barbu qui sourit alors.

- Je ne vous ai jamais vu dans le coin, vous êtes nouveaux ?

Tout se passa très rapidement, je réfléchissais à une réponse potable quand Noah pris la parole.

- Oui, on est nouveaux, notre ancien campement ne nous convenait plus, on a décidé de s'arrêter ici quelques temps afin de voir si on se plairait.

Noah attendit la réponse de l'homme, en se triturant les mains, il était stressé. C'était flagrant, cependant l'homme ne remarqua rien et rit en nous proposant de se joindre à lui et ses amis. Je me calai sur ses pas et le suivit en faisant signe aux garçons de faire la même chose. Nous arrivions vers un petit attroupement regroupé autour d'un feu. Un d'entre eux jouait de la guitare. Je n'avais jamais entendu ce genre de musique, c'était doux et reposant.

C'est une femme qui me tira de mes pensées en se présentant, toutes les personnes qui était là firent de même. Noah semblait être plus rassuré et riait avec une jeune fille qui était assise à côté de lui tandis qu'Isaac mangeait en écoutant un homme lui raconter je ne sais quoi. Ma voisine semblait me parler mais je n'arrivais pas à l'écouter, la musique m'enveloppait, c'était incroyable. Je m'approchais de l'homme qui jouait. Il s'arrêta, me regarda et me demanda :

- Ça te plait ? Tu veux essayer ?

Je secouai la tête afin de lui signifier que non. Il insista et me donna sa guitare, il se positionna derrière moi pour me montrer où placer mes doigts. Soudain une mélodie aussi douce que la précédente sortit de l'instrument, j'étais moi même étonnée tandis que l'homme me félicita.

- Je m'appelle Eric, je suppose que tu n'as pas retenu tout à l'heure.

Je souris timidement lui faisant comprendre qu'effectivement il avait raison. Eric se remit à jouer, quand le barbu blond qui s'était présenté comme John tout à l'heure déclara qu'il était temps de nous trouver un lieu pour dormir. Je me relevai vite, époussetai ma jupe et suivit les deux garçons qui l'avait déjà rejoint. John nous désigna un van, il était peint de toutes les couleurs et n'était pas très grand mais il me plut tout de suite.

- Tout est là dedans, à demain les enfants !

Isaac s'avachit sur le premier lit à sa disposition, Noah et moi firent de même.

- Dites, y'a que moi qui trouve que c'est sympa ici ? Je regrette pas la Terre, c'est étrange, on se sent plus libre, dit Noah.

Je soupirais, il avait terriblement raison. Chez nous tout était calculé à la minute près, nous n'avions pas réellement de liberté. Tout était parfait. Nous avions été habitué à vivre comme ça, mais je détestais ça au fond de moi.

- C'est sûr mais n'oublions pas que nous sommes en mission, demain nous irons au vaisseau pour appeler la Terre. Histoire de tout leur raconter, répondis-je.

Un énorme soupir se fit entendre. Isaac prit la parole :

- Demain on va devoir chercher à plus les comprendre, même s'ils parlent notre langue, leur culture parait différente. Il faut qu'on s'accommode au fonctionnement.

Les garçons s'étaient endormis mais je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Je regardais le village à travers la petite fenêtre située à côté de mon lit, les gens se promenaient toujours alors que la nuit était tombée, les enfants jouaient encore dehors pour certains. Une femme passa juste à côté de la vitre, elle parlait avec une jeune fille mais je n'entendais rien. Cette première avait de longs cheveux blonds qui lui tombaient dans le dos en boucles, soudain elle se tourna et s'éloigna. Je restais quelques minutes avec son portrait en tête, son visage me disait quelque chose. Étonnant. « Je la reverrai bien demain » pensais-je en m'endormant petit à petit.

Je me réveillai en pleine nuit, un rêve étrange encore, j'avais l'habitude, déjà sur Terre mes nuits étaient agitées. Je m'assis à la petite table au fond du van, une tasse de café à la main en regardant le ciel. Quelque part au loin se trouvait la Terre, c'était impossible à imaginer. Tellement de choses s'étaient passées en quelques jours.

Alors que je fermais les yeux profitant du silence, je sentis quelqu'un s'installer à mes côtés. Isaac. Je distinguais très mal ses traits dans le noir mais il me semblait qu'il souriait.

- C'est incroyable d'être là alors qu'il y'a quelques mois, je pensais que j'allais devoir commencer à travailler et me trouver une femme. Comme le gouvernement l'exige : marié à 20 ans, et 5 ans pour faire les trois enfants requis. C'était loin de la vie dont je rêvais, je voulais juste être libre de faire ce que je veux. Au moins ici, je pourrais être heureux quelques mois.

Je restais muette après cette déclaration. Cela faisait deux jours que je connaissais Isaac mais il m'avait paru tellement désintéressé de tout que je ne l'avais pas imaginé comme ça. Je lui souris juste en hochant la tête voulant lui signifier que je comprenais, puis je reportais mon attention sur les étoiles.

Le soleil se leva petit à petit, Noah émergea de sa nuit, ses cheveux étaient ébouriffés et il s'approcha de la table où Isaac et moi étions installé. Je décidais de préparer le petit déjeuner, m'approchant des tiroirs sous les lits où était rangée la nourriture. Je cherchais des céréales ou du chocolat chaud, mais tout ce que je vis fut des fruits et des graines. Des graines. Il semblait qu'ils ne mangeaient que des produits naturels. « Ça ne va pas plaire aux garçons» pensais-je. Je m'approchais de la table avec des pêches et trois bols de muesli -enfin des sortes de graines ressemblant à ces céréales spéciales régime que personne n'achète- tandis que mes compagnons discutaient. Je posais le tout sur la table et commença à manger ma pêche méticuleusement, ne m'occupant pas des plaintes de Noah qui réclamait ses chocapics.

Je remarquais alors que notre van ne comportait pas de douche. Je sortis donc et interpella une femme afin de lui demander où je pouvais me laver. Elle me désigna un coin derrière une maison, je décidais alors de m'y rendre. Mes yeux s'ouvrirent en grand devant le spectacle qui s'offrait à moi : des femmes nues se lavant à l'eau froide. La vie n'allait pas être aussi facile qu'il n'y paraissait. Je n'eu pas d'autres choix que les imiter. L'eau était glacée. Je me rhabillais le plus vite possible après seulement trois minutes.

Je repartis en direction du van afin de rejoindre les garçons pour poursuivre nos investigations. Nous n'étions pas en vacances, nous avions une mission.