Chapitre 13 - Le cauchemar

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Dans le silence de la nuit, au camp des lycanthropes, Kassia s'est endormie sereine. Mais elle sait que où qu'elle aille, ses cauchemars la hanterons encore et encore. Son souffle saccadé résonne dans sa chambre, tandis qu'elle essaye de se réveiller, en vain. Soudain, son corps se tord de douleur et elle tombe au sol, sur le parquet froid. Elle a mal. Des larmes roulent sur ses joues, et elle cherche soudain à respirer, comme si on l'en empêchait.

"L'homme en noir rigole sous les pleurs de la jeune fille. Une fois de plus, il la propulse vers un mur, et elle se cogne comme une poupée de chiffon sur le béton froid, avant de retomber au sol, le souffle seulement coupé par le choc.

- Pourquoi ? articule-t-elle

- Tu le sais.

- Oui, mais est-ce que me torturer y changera quelque chose ?

- Certainement pas, mais ça me fait plaisir de te voir souffrir.

Sur ces paroles, il allume un brasier autour de Kassia. Elle se relève et tente d'y échapper, mais les flammes grandissent devant elle.

- Kassia ?

La jeune fille passe à travers les flammes, mais, sous la brûlure qui se fait dans son dos, s'étale de nouveau par terre, essayant d'éteindre le brasier qui incendie sa peau.

- Kassia !

Elle se tourne vers l'homme ne noir, mais ce n'est pas lui qui parle. Il se contente de sourire, réfléchissant sûrement à une nouvelle manière de punir la panthère.

- Kassia !

Cette fois, la jeune fille reconnaît la voix. Une voix qui fait disparaître ses douleurs, un voix dure et pourtant apaisante."

- Réveille-toi !

Elle ouvre enfin les yeux. Ses poignets sont emprisonnés dans les mains de la personne agenouillée près d'elle. Elle essaye de respirer normalement, de calmer ses tremblements incessants, mais n'y parvient que très difficilement.

"Qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi je suis au sol ? Que s'est-il passé ?" Ce sont les questions que la jeune fille aurait posé si son esprit avait été clair. Au lieu de cela, elle referme les paupières, pose son front contre l'épaule de la personne qui est devant elle.

- Je... Je...

- Calme-toi.

Soudain, son passé revient dans la mémoire de la jeune femme. Une vague de détresse la submerge. Elle s'accroche à son ami comme une naufragée à son dernier espoir, et laisse aller toutes ses larmes. Pour une fois, elle ne se retient pas.

D'habitude, elle revêt ce masque de femme intouchable et tente d'oublier ses peines. Mais pas aujourd'hui. Pas ce soir. Elle ne joue plus la comédie, elle n'est plus cette actrice sûre d'elle, cette indomptable créature qui n'accorde aucune importance aux sentiments, cette prédatrice qui n'accorde ni confiance ni compassion à personne, parce qu'elle n'a besoin de personne. Ce qui est d'ailleurs un mensonge.

Elle est Kassia, une lycanthrope qui a dû se débrouiller seule et qui a un poids énorme sur les épaules. Kassia, celle qui n'en peut plus de ses peurs, qui n'en peut plus d'avoir des secrets, celle qui n'en peut plus d'être ce qu'elle est.

Elle réalise soudain qu'elle est toujours dans les bras de cette personne, et qu'on lui caresse les cheveux. Elle n'ose ouvrir les yeux, de peur d'interrompre ce moment où quelqu'un la console, ce qui n'était pas arrivé depuis ce qui lui paraît des siècles.

Elle finit par s'abandonner dans cette étreinte, terrifiée à l'idée que celui qui la réconforte s'en aille.

Demon.


Les rayons du soleil éclairent la joue de Kassia, l'obligeant à ouvrir les yeux. Elle est seule, allongée confortablement dans son lit. Elle s'étire et remarque qu'elle a drôlement bien dormi, elle ne sent aucune fatigue. Elle se souvient de son cauchemar, de ce qui a suivi et se met à sourire bêtement.

Elle se lève et troque le tee-shirt trop grand blanc et le short assorti contre un jean et un débardeur qui lui vont parfaitement, avec une grosse veste noire car le froid commence à se faire sentir. Elle descends le petit escalier et sort de la cabane. Le soleil est à peine levé.

- Coucou toi, lance Aria en voyant la jeune femme entrer dans la cuisine, bien dormi ?

Kassia réprime une grimace, puis un sourire, avant de répondre tout naturellement :

- Super bien, et toi ?

- Très bien, comme d'habitude.

- Où sont les autres ? Encore au lit ?

- Oui... Tu verras que ce sont de vrais flemmards.

- Et heu... Liam va au lycée aujourd'hui ?

- Oui, il le surveille. Mais toi, ne t'obliges surtout pas à y aller ! C'est une perte de temps...

Un sourire s'affiche sur le visage de Kassia, comme quand une mère dit à son enfant qu'il peut ne pas aller à l'école.

- D'accord, on avait prévu une sortie, non ?

- Oui ! S'écrie Aria en sautant presque sur place, prends ton petit déjeuner, j'arrive !

La blonde retourne dans sa cabane, sûrement pour se changer. Kassia remarque que la table est mise, le petit déjeuner version lycanthrope est prêt. Elle déjeune seule, jusqu'à ce que Liam la fasse sursauter en entrant.

- J'avais la flemme d'aller en cours ce matin. J'ai envoyé Demon à ma place. Je sais pas où il a passé la nuit lui, mais j'ai dû lui envoyer trois messages pour le réveiller !

Kassia réprime un rire. Elle n'arrive pas à croire qu'il soit resté autant de temps avec elle. Où alors était-ce un rêve ?

- Pourquoi ? Il faut absolument que l'un d'entre vous aille surveiller le lycée ?

- Oui, Demon se fait passer pour un prof. Il a un masque pour ça. Un vrai ! Qu'est-ce qu'il me fait rire ! Il déteste se rabaisser au rang des élèves car il en a un mauvais souvenir.

- T'es sérieux ? Il met un masque ?

- Oui, il est en mode prof de sport grincheux à l'heure actuelle. Et je te garantis qu'il fait souffrir les élèves !

- Mais comment il peut... Enfin je veux dire... C'est pas possible un prof qui vient quand il veut ?

- Oh, pour ça on s'arrange avec le vrai prof, ricane Liam en faisant un clin d'oeil sadique

- Quoi ? Vous lui faites quoi ?

- On lui fait rien ! Enfin... Il a probablement confondu "par hasard" les pilules d'antidépresseurs et les pilules pour dormir...

- Vous le droguez ?

- Mais non ! T'affoles pas ! C'est juste qu'il dort, et crois moi ça lui fait plus de bien de dormir un ou deux jours entiers que de prendre des anti-stress de rien du tout.

La jeune femme soupire, soulagée.

- Pendant un instant, je vous ai pris pour des fous... Sourit-elle

- T'inquiètes ! Et heu... Sans vouloir être indiscret, pourquoi t'as un énorme bleu sur le front ?

Kassia s'immobilise. "Comment ça, un bleu ?"


Belle, Gracieuse et Redoutable. Tome 1Where stories live. Discover now