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Moi, Harry Styles, coupé du monde du lycée par mes parents pour me protéger du regard des autres sur mon homosexualité.
Je ne suis jamais au lycée donc je n'ai jamais pu côtoyer des gens de mon âge. Ça me manque, l'amitié. De ne plus avoir de bon délires même enfantins avec mes amis.
Nous savons tous que les mères sont de vraies comères pour savoir qui fréquentent son fils ou sa fille. Qui est le petit copain ou la petite copine de qui. Et bien, ma mère étaient comme toutes ces mères; curieuse mais je crois qu'elle aurait préféré finalement ne pas savoir que son fils était gay. Je suis devenu à ses yeux un monstre, un petit con qui prend ça à la rigolade et qui n'a aucune idée de ce qu'est l'Amour et pire, un gamin qui fait honte à tout le monde. Oui, à 17 ans on m'appelle encore gamin.

  A l'époque, j'éprouvais de l'attirance pour Mike. Brun ténébreux, l'opposé de moi. Lorsque ma mère a su la terrible nouvelle à ses yeux, elle a décidé que je ferais les cours par correspondance. Que je ne mettrais plus les pieds dans un lycée. Elle était persuadée qu'elle me ferait changer d'avis sur 《 les filles doivent aimer et fonder une famille avec un homme 》. Mais il était et il est hors de question que je change pour qui que ce soit.
  
Je ne fais rien sans que ma mère soit derrière moi. Elle travaille à la maison, me fait les cours à maison et me surveille h24.

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   Je regarde une nouvelle fois la maison vide d'en face, assis sur mon lit, ma tisane à la main. Une maison plutôt moderne dont les lumières sont éteintes depuis six mois. J'ai vue sur la chambre d'en face, tellement spacieuse que je peux la voir en entière. Le bureau de bois est collé contre le mur gauche et le placard, en face. Aux dernières nouvelles, la femme âgée de la soixantaine qui logeait ici a été envoyé dans un hôpital psychiatrique pour hallucinations. Dingue non ?
     L'odeur de la pizza traverse la maison, je descends les escaliers en laissant ma main glisser sur la rempart. Mes parents discutent entre eux sur la table du salon et ma soeur fixe l'écran de la télévision. Je m'approche lentement, écoutant leur conversation.

_ La mère a eu cinq enfants et le seul garçon se nomme Louis et il a le même âge qu'Harry.
_ Hors de question qu'il fréquente Harry, Charly, il pourrait le rendre mal à l'aise et les faire fuir en apprenant ce qu'est notre fils.
_ Anne, il serait temps qu'on accepte les choix de notre fils.
_ Je l'ai accepté mais je ne veux pas qu'il souffre des autres.
_ Arrête de le surprotéger, il est grand et il peu se débrouiller seul. Il assume très bien ce qu'il est.
_ Harry, à table ! Crie-t-elle.

Je sors de ma cachette, ma mère a honte de moi, elle ne cherche pas à me protéger moi mais elle même. Une larme salée perle sur ma joue. Pourquoi devrais-je justifier ce que je suis ? C'est complètement con. Mes parents sont cons. Je m'approche de la table, attrape ma part de pizza et remonte dans chambre. Mon père me regarde d'un regard désolé puis ma mère d'un air exaspéré. Je ne parle pas, je fais juste ma vie, moi même. Dois-je être détesté pour ceux que j'aime ? Non. Dois-je être rejeté par ma famille ? Non plus. Dois-je être accepté et soutenu par celle ci ? Ça, oui.

_ Harry, le dîner en famille, c'est sacré. Reste là.
_ Je ne fais plus partie de ta famille, c'est vrai, qui voudrait d'un fils homo ?

Mon ton est froid. Glacial, même. Mais ça me fait mal, cette sensation de rejet permanente, la honte de ses propres parents.
Je n'attends pas un retour de sa part mais visiblement elle semble blessée. Elle me rattrape en sert mon bras et son autre main se pose délicatement sur ma joue.

_ Ce n'est pas ce que tu crois, Harry.
_ Tu as raison, c'est ce que j'ai entendu.

Je pose l'assiette sur le bureau. Je sors un paquet de cigarettes mon tiroir et l'allume, accoudé sur le rebord de mon hublot. Je regarde la fumée de celle-ci s'envoler aux cieux et pense à ma vie autrement. Ce soir, le ciel est légèrement rosé, c'est magnifique. Je saisis mon polaroïde et prends en photo la vue de ces milles nuages. La photo sort et je l'attrape du bout des doigts pour ne pas faire baver l'encre fraîche. Je l'épingle sur le tableau de liège, elle se confond maintenant parmi les autres instants photos.
   Je finis de manger et me glisse sous les draps. Après une heure de lecture, mes paupières se ferment, emportées par mon bouquin.

Paper Plane | TERMINÉEWhere stories live. Discover now