5.

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Ma mère hurle dans mes oreilles de me réveiller. Je grogne de mauvaise fois. Je n'ai dormi seulement que quatres petites heures. Je suis encore dans mes rêves oú Louis et moi étions réel. Bien sûr qu'on l'est mais être réel c'est vivre librement. Nous étions sur un banc en bois vernis dans le parc à deux pas de chez nous. Je m'étais échappé de chez moi et je répétais mon texte à Louis pour affronter mes parents. Et puis je tenais sa main qui me rassurait, qui me donnait confiance en moi. J'avais confiance en lui et c'était comme la scène romantique dans Dirty dancing, mais d'une autre manière.
Ai-je le béguin pour Louis ? Je ne crois pas au coup de foudre, ça serait peu probable. L'amour est un sentiment tellement improbable, dangereux mais certainement si pure et extraordinaire à vivre. Ma mère ouvre ma fenêtre ainsi que mes volets pour faire rentrer l'air frais du matin. Elle s'assoit sur mon lit et prend ma main dans la sienne.

_ Tu veux m'accompagner faire les courses ?
_ Oui, bien sûr. Ma voix est rauque.
_ Je pars dans dix minutes. Habilles toi.

Elle refuse que je mette les pieds dans un lycée mais pas dans un centre commercial, c'est plus dangereux, on pourrait me kidnapper, je pourrais me perdre... Bon, OK, je n'ai pas d'excuses. Elle me pourrie la vie mais je continue de la servir. Trop gentil, Harry, trop gentil. Elle sort en laissant ma porte légèrement ouverte. Je m'étire et souffle, les mains sur les yeux.
   Un bout pointu me pique le torse. J'attrape l'avion de Louis.

🛩 Cet avion ne fait pas partit des cents avions du défis. Je pars au lycée... Je ne pense pas t'y voir... Passe une bonne journée. À ce soir, Harry.
PS: J'aime ton visage quand tu dors.

Bien sûr qu'il ne m'y verra pas. Probablement jamais, d'ailleurs. Je me demande comment je pourrais avoir mon bac l'année prochaine avec le peu que je travail cette année. Il serait tant que tu t'y met, Harry. Je le salut de la main avant de le voir partir, son sac sur le dos. Quant à moi, je m'habille d'un simple t-shirt blanc loose. Je secoue ma tête et remets mes cheveux en place. Je bois simplement un verre d'eau pour me rafraîchir et booster mon corps.
   Ma mère agite les clefs et ses talons claquent sur le carrelage jusque sur le paillasson. Je l'a rejoins et nous montons en voiture. Elle fait chauffer le moteur et nous conduit au centre commercial. Je profite de la vue en posant ma tête sur la vitre.

_ Tu es l'air encore endormi, mon fils.
_ J'ai eu trop chaud pour dormir, lui répondis-je.

Plus personne ne parle. Ni moi, ni elle. Il y a juste la radio habituelle qui est en marche. Ils croient que leur blagues à deux balles font rires les auditeurs mais ils ont tords. C'est complètement puéril. Mes oreilles gonflent à l'entente de leur voix aigue. J'arrête la radio en jurant un la ferme, presque inaudible.
   Le moteur de la voiture se coupe. Nous sommes arrivés. Je suis de près ma mère qui rentre dans le premier magasin. Elle regarde deux trois fringues puis on repart.

_ Je peux te faire confiance ?
_ Ouais.

Pourquoi elle ne pourrait pas ? Elle me tend un billet rose de dix euros.

_ Au fond, à droite il y a un Tabac, tu y achète un paquet de cigarettes pour moi s'il te plaît.
_ Tu fumes depuis quand ?
_ Oh, trois fois rien. Une de temps en temps. 

Les dialogues avec ma mère sont très limités mais je lui en veux énormément de me faire vivre ça. Je suis sous son emprise jusqu'à ma majorité, dans un an.
Je marche droit devant moi sans m'arrêter, le regard rivé sur mes baskets. Le tabac se trouve à ma droite. J'y rentre sans m'attarder. Je regarde autour de moi et le vendeur me questionne:

_ Je peux faire quelque chose pour vous, jeune homme ?
_ Je voudrais un paquet de Vogue à la menthe, s'il vous plaît.

Il tend le bras m'en attrape un paquet. Il a l'air de s'en moquer de savoir mon âge pour acheter se genre de chose qui vous bousille les poumons. Je paye et il me rend la monnaie. J'entends des gloussements derrière moi. Je ne me retourne pas, si ils se moquent de moi je ne pourrais pas me défendre. Je pars en mettant la capuche de me sweat sur ma tête. Je lève légèrement les yeux dans la direction des trois mecs. Mon coeur s'arrête un instant, je le reconnais, Louis. Je baisse instantanément les yeux. Si il me voit, le défi s'arrête sans même avoir commencé. Il devait être au lycée et je le retrouve en train de s'acheter des clopes tout comme il pensait que je ne sortais très peu de chez moi. Ses joues sont creuses et il sent la fumer. Je sors avant même de me faire démasquer.
Je retrouve ma mère près de la voiture et je glisse ses cigarettes dans son sac.

J'attends le retour de Louis sur mon lit. J'aimerais en savoir plus sur lui. Le défi des cent avions en papiers commence ce soir. À chaque fin de lettres nous devons dire quelque chose sur nous. Il estime que cent lettres suffisent à découvrir une personne. Je n'en suis pas si sûr. Est-il une autre personne avec moi ? Je ne le pensais pas si bad boy que ça, les apparences sont trompeuses.

Paper Plane | TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant