2.

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La vie de Shakespeare est palpitante à écrire sur du papier. Quoi de plus ennuyeux de rendre une énième dissertation sur l'énième et même sujet ? Ce sont toujours les mêmes poètes, les mêmes auteurs, on les connait par coeur. Cela m'arrangerai de ne pas terminer avec un zéro pointé sur ma copie.
Je rêvasse en mordillant le bout de mon stylo qui craque sous mes dents.

_ Concentre toi, Harry ! Grogne ma mère.

Je termine ma réaction et relis une seconde fois mes deux pages rectos versos avant de les glisser dans l'enveloppe, prête à être envoyé au lycée. Je donne le résultat final à ma mère qui dépose la lettre sur la table.

_ Tiens, le courrier du jour à envoyer.
_ Je peux le relire une fois au moins ? Si tu as fais des fautes ou...
Je la coupe.
_ Mais merde, maman ! Je suis plus un gamin !
_ Je te fais confiance, Harold, mais si ce n'est pas la moyenne que tu ramène à cette dissertation, j'engage un professeur et tu bosse jours et nuits jusqu'à l'examen !

Je souffle, désespéré. Je sors sur la terrasse et m'assois sur le transate, au soleil. J'écoute le bruit des oiseaux qui gazouillent. Mon père me tapote gentillement l'épaule et m'adresse un sourire. Quand ce n'est pas ma mère qui déboule, c'est lui.

_ Comment tu vas, fiston ? Je hausse les épaules sans le regarder.
Je sais que ta mère n'est pas facile à vivre mais sois gentil.
_ Tu as honte de moi, papa ?
_ Je... Non, non, Harry mais le regards des autres est dur, parfois, tu sais que c'est important d'avoir des enfants et suivre les générations de pères en fils, pour la famille, c'est sacré.
_ L' adoption est toujours possible. Tu pense que je suis différent des autres mais regarde, j'ai deux bras, deux jambes, je suis normal ! Et c'est vous qui ne l'êtes pas en ne m'acceptant pas comme je suis.

Je ne souhaite pas en entendre plus. Je me dirige vers la haie et la taille à coups de ciseaux. Le panneau A VENDRE de la maison en face s'est transformé en VENDUE avec la date précise du déménagement. Dans quatres jours, Louis sera là.

Je coupe toujours ce fichu buisson en vas et en vins.

_ Arrête de t'acharner, Harold.
_ Files moi l'argent, maintenant.
_ De l'argent ?
_ Je t'ai rendu un service tu peux au moins me donner ça.
_ Vingt euros, pas plus.
_ C'est déjà ça.
_ Tu pourrais faire semblant d'être agréable.

Il me tend le billet bleus que je m'empresse de ranger dans mon cochon, qui représente ma future vie épanouie, celle où je partirai enfin, où je serais libre, sans parents, sans rien, juste livré à moi même.
Je fais du rangement sur mon mur de photos. Je les prends une par une et me replonge dans chaque moment. La plus part sont des paysages vu de ma chambre, d'autres des monuments que j'ai eu la chance de prendre lors de mes voyages scolaires. Je prend un marqueur et les dates au dos puis je les classe par ordre chronologique.

Paper Plane | TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant