Le Mariage De Mon Meilleur Ami [l.t&h.s]

1h46

Je me réveille en sursaut, tout en sueur. Je me demande pourquoi. Puis je me souviens; aujourd'hui, Louis se marie. Et je sens dans ma gorge une boule se former, des larmes picoter mes yeux avant de furieusement dévaler le long de mes joues.

Pourquoi ai-je décidé de n'écouter que mon esprit têtu ? Pourquoi ne pas avoir suivi les conseils de Liam? Pourquoi avoir accepté d'être le témoin de Louis? Pourquoi même être venu ici, au domaine loué par la mère de Louis pour l'occasion? J'aurais bien mieux fait de rester dans mon petit appartement de L.A., entouré de mon chien Dog et mon chat Cat, à dévorer des KitKat, des Snickers et des Mars, les genoux sous une couverture, en pleurant devant Love Actually, et en pensant à mon meilleur ami au bras de son tas d'os. Et rien qu'à cette pensée je me mets à pleurer.

Je n'ai jamais ressenti autre chose pour Louis que de l'amour profond. Du premier jour où j'ai croisé ses yeux océan, je me suis perdu dedans. Je n'en ai jamais trouvé la sortie.

Louis n'a jamais rien vu d'autre en moi que son meilleur ami; c'était à la fois un privilège, à la fois un inconvénient. Entendre parler de ses conquêtes depuis nos seize ans jusqu'à ses vingt-et-un ans, âge auquel il aurait soi-disant rencontré l'amour de sa vie, avait été éprouvant. Le voir faire la liste des meilleurs et pires coups du lycée et de l'Université en se demandant quand il allait s'arrêter, mais aussi assister à ses soirées arrosées et entendre ses parties de jambes en l'air à travers les cloisons en papier cigarette de l'appartement, m'avaient détruit à petit feu.

Il y a cinq mois, alors que je pensais avoir tout enduré avec Louis et Eleanor, il m'asséna le coup fatal derrière la nuque. Il me demandait carrément comment, et où la demander en mariage. Il lui avait acheté une bague sertie d'émeraudes pures. J'avais fui en allant vomir mon repas. J'étais contrarié, plus encore que toute autre information. Malgré ma réaction, et des fois mon attitude réfractaire à sortir à trois, sans ajouter mon éternel célibat (auquel j'aurais pu mettre un terme depuis longtemps), Louis ne s'était jamais rendu compte de rien.

Ce soir, il était sorti pour son enterrement de vie de garçon. J'avais été très heureux de payer l'intégralité des activités dont il avait bénéficié, mais nos amis avaient décidé d'ajouter une étape stripteaseuse à la fin du périple, et j'avais annulé au dernier instant. Voir des salopes pulpeuses se rouler et se frotter contre lui ne me donnait pas envie d'être de la partie.

Louis m'avait quitté en claquant la porte de ma chambre, clamant que j'étais une pute de le lâcher pour son enterrement de vie de garçon, sachant que nos amis et lui allaient évidemment s'éclater, mais que je ne serais pas là. Il avait émis l'idée que je réitère mon abandon demain à l'église, avant de me laisser seul à mon triste sort.

Liam m'avait lancé une œillade évidente qui en disait long et m'avait gardé mis à jour et informé en temps réel de l'évolution de la soirée. Je venais de recevoir un message de sa part, disant que Louis refusait d'aller au club de striptease. Je ne pus m'empêcher de sourire en pensant que même sûrement saoul, Louis gardait sa fierté et sa loyauté. Et même si c'était Eleanor qui en bénéficiait, je ne pouvais qu'admirer ses qualités et les lui reconnaître de vive voix.

Alors que mes yeux se ferment de nouveau, j'entends quelqu'un gratter à ma porte.

"Harry, tu dors?"

Je rêve. J'évacue mes larmes, me jette un regard dans le miroir. Je suis pitoyable. Je renifle un peu.

"Non, tu peux entrer, c'est ouvert."

Dans le pâle halo de lumière du couloir, je vois la silhouette particulière de Félicité s'avancer. Et je sais très bien pourquoi elle est là.