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"Comment ça, R.A.S?", explose Liam au téléphone. "On était tous morts d'inquiétude, mec, et tu nous sors que vous êtes à la fête foraine? Tu te fous de notre gueule ou quoi?"

"Ça n'a pas eu l'air de te déranger plus que ça quand tu étais sur ta brune devant la boîte, Li'", je reprends sur un ton de reproche. "On en reparle plus tard. Vous pouvez tous aller vous coucher, Louis et moi sommes vivants, ensemble et en sécurité."

Louis se met à courir en m'entraînant par la main vers un stand de nourriture.

"Messieurs, qu'est ce que vous désirez?", demande la vendeuse d'une voix mielleuse en faisant les yeux doux à Louis.

"Hm, une pomme d'amour pour moi." Elle se tourne vers moi et alors que je m'apprête à parler, il me coupe. "Ok, excusez le il est lent de nature. Donc une autre pomme d'amour pour lui et-"

"Non! Juste des cacahuètes grillées s'il vous plaît."

"Tu n'en veux pas?", il me regarde d'un air étonné.

"On se la partagera, on se partagera tout, ok?"

Il acquiesce. Je vais donner l'argent à la vendeuse quand Louis me devance. Il récupère le cornet de cacahuètes et la pomme d'amour et nous repartons.

"Hey, je voulais payer.", je dis.

"Oh, Harry, pour une fois", me répond-il en me faisant des yeux de biche. J'ai horreur de le contrarier.

"Rah", je lâche en fuyant son regard.

"Dis-donc, le caramel coule un peu", fait remarquer Louis. "On devrait commencer par la pomme, tu ne penses pas?"

"Euh... vas-y, je commence par les cacahuètes", fais-je, gêné.

"Ça coule des deux côtés", me fait remarquer Louis, ce qui me chiffonne drôlement.

"Bon, bon."

Je n'ai jamais mangé de pomme d'amour. Je l'observe, il croque dans sa partie, je fais de même. La pomme est déjà bien entamée. Sauf que j'ai du caramel qui me coule sur le menton. Louis me regarde, d'un air soucieux, puis prend la serviette et essuie consciencieusement le liquide. Je souris, assez rouge au niveau des pommettes.

Je retourne manger la pomme à plus petites bouchées. Mais alors que j'avance vers la pique qui tient la pomme, je sens autre chose que le fruit contre mes lèvres. Je relève la tête et vois Louis, les yeux fermés, sa bouche toujours collée dans la pomme. Et je me rends compte que c'est ce qui est collé à la mienne. Je me retire immédiatement et m'éloigne sur le côté. Paniqué Louis finit rapidement sa pomme et vient me trouver. Je suis en larmes.

"Oh mon Dieu, Harry, ne pleure pas. C'est moi, c'est ma faute, ok? C'était une idée stupide, je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Je suis désolé, ok?"

Plutôt que d'accepter ses excuses, je demande:

"Tu en avais déjà mangé et tu avais déjà fait le coup à des filles,  c'est ça ?"

"Non. J'en ai un jour mangé une avec Eleanor mais elle n'avait pas le même goût."

"Ah. Désolé alors",dis-je en me relevant.

"Harry.. ", me rappelle Louis. "Je t'ai embrassé parce que j'en avais envie et.. parce que cette putain de pomme avait un goût d'amour. Voilà."

Il me dit quoi là ?

"Ok, tu es bourré et venir à la fête avec toi était une mauvaise idée. On devrait rentrer, maintenant, ça suffit."

Louis me reprend la main pour sortir.

"Attends...", il me regarde intensément de ses yeux bleus profonds et me retourne face à lui.

Mon coeur bat la chamade et mon souffle se coupe. Ses yeux sont plein d'étoiles, il me parait encore plus petit que d'habitude. Il ne dit rien et se précipite dans mes bras. Juste comme ça. Et on reste au milieu de l'allée encombrée de passants et de touristes, moi à le serrer aussi fort que je le peux, lui à se blottir autant que possible contre moi. Sa tête s'est posée contre mon torse, son nez est sur mon épaule, ses bras sont aussi accrochés à mon cou, tandis que les miens le sont à sa taille. J'ai l'impression qu'il sanglote et je n'ose pas le lui demander pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. Et malgré l'agitation, le passage incessant autour de nous, j'ai comme le sentiment que la vie et le temps se sont arrêtés. Ça fait des années que ni l'un, ni l'autre n'avons eu de geste aussi affectif l'un envers l'autre. Et le fait de le tenir dans mes bras, comme si je le protégeais, me rend comme plus fort.

"Oh, les PD, vous pourriez dégager le chemin?", demande un adolescent, aux airs de meneur de bande, suivi d'une dizaine d'autres jeunes de seize ans, au regard vitreux et moqueur.

Alors que je m'attends à voir Louis s'énerver parce qu'ils viennent de l'appeler PD, il s'approche d'eux, menaçant et lance:

"Vous avez un problème avec les homosexuels? Parce que je peux peut-être vous aider à le régler."

"Non, désolé m'sieur. Venez les gars, on s'casse."

Louis se met à rire et se retourne vers moi. Je le prends par la taille, surpris:

"Pourquoi ne leur as-tu pas dit que tu étais hétéro et qu'on est pas ensemble?"

"Parce que ça ne les regarde pas et que je n'en avais pas envie", il me répond en riant.

Je souris. Nous nous dirigeons lentement vers la sortie, toujours accrochés l'un à l'autre, quand sa main vient agripper la mienne. Je sens quelques gouttes d'eau nous tomber dessus. Il va être temps d'arriver.

Lorsque j'ai la voiture en vue, mon visage s'éclaire d'un énorme sourire en voyant la silhouette de l'ours en peluche rose bonbon et blanc que Louis m'a offert au stand de tir à la carabine, auquel je m'étais littéralement foiré. Ce qui me rappelle aussi toutes les autres attractions. La boule de fer. Les montagnes russes où Louis m'a broyé les doigts pour que je n'aie pas peur. Le train fantôme pas si effrayant que ça (juste un tout petit peu). Le loto, où Louis avait gagné une TV LED avec option Full Rainbow Colors HQ tandis que j'étais reparti avec... un vibromasseur, ce qui avait beaucoup fait rire mon meilleur ami. Les bulles de plastique sur l'eau, où Louis me rentrait toujours dedans par maladresse. Le Desire , attraction qui propose des activités assez.. enfin, -18, qui nous avaient toutes mis mal à l'aise. L'atelier de boxe où ma rage exprimée avait défoncé le record -et le punching-ball-. Le casino où nous n'avions rien gagné. Le palais des glaces, un classique devenu un peu idiot au final, et où Louis était resté coincé (j'avais dû aller chercher le responsable). Et enfin, un genre de manège qui vous secoue pas trop haut, mais dans tous les sens.

Louis sourit et je lui demande alors mes clefs. Il vient s'appuyer contre le capot de la voiture, l'anneau du trousseau accroché à son doigt.

"Allez, Lou, s'il te plaît."

Je m'appuie un peu contre lui, il vient encercler mes hanches avec ses jambes, et ma nuque avec ses mains. Puis, à quelques centimètres de mon front, il ajoute:

"Harry, est-ce que tu me laisserais t'embrasser sans pomme d'amour?"

Le Mariage De Mon Meilleur Ami [l.t&h.s]Where stories live. Discover now