Paquet n°5 : Discours et aéroport

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La dernière soirée passée auprès de la bande de loosers de l'été s'est déroulée de façon très banale et pourtant si agréable. Tous vautrés sur les matelas, nous avons regardé un film typiquement américain avec les personnages stéréotypés par excellence. Pourtant on avait tous bien aimé, peut-être que parce qu'au fond, on était un peu comme eux mais en moins cliché.

Je n'ai pas réalisé tout de suite que je ne les reverrai que très peu. Ils s'étaient tous incrustés dans ma vie sans gêne et repartaient fatalement. La vie est drôlement mal faite.

Ce matin, lorsque je me réveille dans les bras de Björn avec la main pendant dans la bave de Valencia, j'ai les yeux qui n'arrivent pas à s'ouvrir totalement. Ce soir, au coucher de soleil, ils ne seront plus à Melbourne.

Je me suis mordue la lèvre pour faire fuir cette évidence de mon esprit. Il ne faut pas y penser, il faut juste profiter des derniers moments qui s'offrent à moi. Je me suis rendormie sans rien n'ajouter de plus et ai réussi à divaguer entre mes souvenirs de cet été.

Quelques heures plus tard, c'est un : « Tout le monde debout ! » hurlé par Illana qui me réveille. Björn n'est plus sur ma droite, je me rends compte qu'il ne reste plus que moi et Paris encore avachies sur les matelas douillets.

J'ai besoin de café.

Le petit déjeuner se passe bien, tout le monde est aussi heureux que d'habitude, tous semblent être contents, sauf moi. Je n'arrive pas à me réjouir en pensant à ce qui allait se passer dans quelques heures.

Je me sens tellement cruche d'être obsédée par ces pensées négatives tandis qu'ils ne m'offrent que de la positivité.

- Ella, t'as un jardin chez toi ? Demande Illana en me passant mes réserves de spéculoos.

J'acquise en hochant machinalement la tête.

- Tu ne voudrais pas nous y inviter aujourd'hui ? Continue-t-elle avec un sourire éclatant.

Il faudrait mieux que je prévienne mes parents avant. En envoyant le message à ma mère, c'est avec surprise que je remarque qu'elle me répond rapidement.

- Ma mère veut bien mais tu veux faire quoi chez moi exactement ? Interrogé-je curieuse.

La fausse blonde vénitienne m'accorde un sourire espiègle avant d'hausser les épaules. Plutôt louche comme nana. Je n'ai pas très faim ce matin, j'ai surtout soif et ai énormément de mal à ne pas me poser trop de questions.

Deux mains viennent se poser sur mes yeux et je ne peux m'empêcher de les prendre par leur poignet.

- Björn, à quoi joues-tu ? Marmonné-je entre deux gloussements.

En enlevant ses mains, j'incline légèrement ma tête pour être assez réceptive à ses bisous matinaux sur la joue.

- Il y a trop de couples dans cette baraque, ça me répugne. Lâche Paris les écouteurs dans les oreilles.

Jim approuve avec un air amusé et tout le monde soupire. Les jumelles s'en fichent complètement habituellement mais nous narguent avec des airs approbateurs.

- Trouvez vous des gens à baiser. Déclare Edouard en finissant son bol de céréales.

Sa remarque fait rire pas mal de monde dont moi. Ed' n'hésite jamais à lancer des piques dans le genre. Cela lui offre une possibilité infinie de tapes sur la tête par sa petite-amie.

- Tu penses qu'aujourd'hui je pourrais avoir une discussion avec ta mère ? Questionne mon petit-copain en commençant à ranger la vaisselle propre.

WatermellaOnde as histórias ganham vida. Descobre agora