Chapitre 4.

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Je me réveille à 8 heures. Puisque c'est la rentrée, je ne reprends pas les cours avant dix heures donc j'ai encore un peu de temps. Je me dirige vers la salle de bains mais elle est fermée.

_ Hé ! Ho ! T'en as encore pour longtemps ?

Pas de réponse. Je soupire. Si dès le premier jour il me fait chier, je n'en ai pas fini avec lui. Comme par magie, la porte se déverrouille. Je prends mes affaires et l'ouvre. Je rentre dans la salle d'eau et me stoppe direct.

_ Aaron !

Je mets mes mains sur mes yeux. Ce con était le cul à l'air. Nan mais je rêve... Respire, Camille, respire. Quand j'entrouvre les yeux, il a mis une serviette autour de sa taille.

_ Merci ! On a assez vu d'horreurs pendant la guerre.

_ La Bête n'est pas une horreur. C'est une œuvre, P'tit Cœur.

Il dit ça sans pression.

_J'crois que j'vais vomir.

Il ricane et se tourne enfin vers moi. Je reste bouche-bée devant lui. Il est magnifique. Ses abdos sont bien tracés et... Je meurs. Il a la V-line.

_ C'est bon je peux sortir ou t'as pas encore fini de te rincer l'œil ?

Je secoue la tête et me recule pour le laisser passer.

_ Ouais vas-y. Et je ne te matais pas, je te signale !

_ À peine.

Je suis quasi-certaine d'être rouge écarlate. Je me dépêche de fermer la porte de sa chambre ainsi que la mienne. Après m'être lavée, je m'habille avec un T-shirt blanc « Insolente » et un Jean bleu clair. Je me maquille de la même façon que d'habitude et pars déjeuner.
Quand j'arrive dans la cuisine, l'imbécile déjeune déjà. Il me lance un regard furtif puis sourit tout en reportant ensuite son attention sur son petit-déjeuner, c'est-à-dire des céréales.

_ Ce T-shirt te définit à la perfection. Tu devrais le mettre plus souvent.

Je lui tire la langue, blasée, puis je me sers aussi des céréales. Je m'assieds au comptoir en face de lui. Un téléphone sonne. C'est le sien. Il le prend et décroche.

_ Ouais... Nan... Hé gros, c'est à 10 heures... Je sais... Je ne vais pas me pointer là-bas deux heures à l'avance... Ouais... Fais ce que tu veux... Bye.

Il range son portable dans sa poche et remange ses céréales. Puis là, je percute.

_ Ne me dis pas que tu es au lycée...

_ Bien sûr que oui. T'y es toi ?

_ Tu sais très bien que oui. Attends... T'as quel âge ?

_ 18.

_T'es pas à l'université ?

_ Non. J'ai redoublé, marmonne-t-il.

_ Ah. Pourquoi je ne t'ai jamais vu au bahut ?

_ J'en sais rien moi ! Tu me fais chier avec tes questions !

_ Calme-toi. Je m'intéresse à toi, là.

Ce n'est pas vrai, c'est juste que ça me dérange qu'il aille au même bahut que moi et surtout, que je ne l'y ai jamais vu.

_ Je t'ai rien demandé.

_ Okay.

_ Mange tes céréales et fous moi la paix.

_ Okay.

Il cogne son poing sur le comptoir, ce qui me fait sursauter.

_ Arrête avec tes okay, m'ordonne-t-il.

_ Okay. Enfin, d'accord.

_ Arrête ça.

Je ne réponds pas. Il est vraiment bizarre celui-là. Je prends mon bol de céréales et m'apprête à aller manger au calme dans ma chambre mais il m'en empêche en mettant son bras devant moi.

_ Tu vas où ?

_ Là où tu n'es pas.

_ Tu manges ici.

_ Pourquoi ?

_ Tu vas salir l'apart'. Reste là.

Il est sérieux ? Ce n'est même pas lui qui fait le ménage de toute manière ! Je soupire et retourne m'asseoir. Je fais exprès de poser mon bol brusquement dans le but de montrer mon mécontentement. Cela me vaut un regard noir de sa part. Je finis de manger dans le silence puis je me lève et m'installe dans le salon. La télé est éteinte alors je l'allume pour mettre une chaîne de musique. Je guette sa réaction mais il ne dit rien. Il part dans sa chambre peu de temps après. Dès qu'il est 9 heures un quart, je vais dans ma chambre prendre ma veste. Il est dans le salon quand je traverse celui-ci.

_ Tu vas où ?

_ Lycée.

Il éteint la télé et se lève.

_ Je t'accompagne.

_ Euh... Non.

_ Comment ça ?

_ Tu ne m'accompagnes pas.

_ Ton frère m'a dit de te surveiller, c'est ce que je fais. Tu viens avec moi.

Il m'attrape le bras et m'entraîne hors de l'appartement avec lui. Il referme la porte alors que j'essaie de me dégager de son emprise. On prend l'ascenseur puis on sort sur le parking.

_ Je n'ai plus 10 ans, putain ! Lâche-moi.

_ Je te lâche mais tu restes là.

_ D'accord.

À peine m'a t-il lâché que je me sauve de mon côté. Je l'entends jurer alors que je me mets à courir. Pathétique, je sais. C'était vraiment trop tentant. Malheureusement, il me rattrape et me stoppe net. Je ne cherche plus à me sauver car je devine qu'il est vraiment énervé à la manière dont il me serre et me tire vers le parking d'où je venais.

_ En tout cas, tu agis comme une gamine de 10 ans. Putain, si t'étais ma sœur, je t'en aurais foutu une depuis longtemps.

_ Essaie pour voir, le défié-je.

_ Ne joue pas à ça avec moi.

_ À quoi ?

_ Arrête, m'ordonne-t-il sèchement.

Il ouvre la porte passagère d'une voiture -la sienne je suppose, et il me dit de m'y asseoir. J'obtempère.

_ Si tu essaies de te barrer, t'es morte.

Je ne réponds rien. Je n'allais pas le faire. C'était juste pour le mettre à bout et ça en valait la peine. En fait, il est drôle quand il y met du sien.

Il monte du côté conducteur et démarre. Je souris quand j'entends qu'il verrouille les portes. Il est assez con pour croire que je vais sauter de la voiture alors qu'elle est en marche.

_ T'es pas obligé de faire tout ça, tu sais.

_ Je l'ai promis à ton frère.

_ Tu peux lui mentir.

_ Non.

_ Pourquoi?

_ Parce que. Tais-toi, maintenant.

Pour une fois dans ma vie, j'obéis.

Coloc avec mon ennemiWhere stories live. Discover now