[Style] Point de vue à la première personne

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Il semblerait que Georges avait raison. Je suis désormais capable de voir les caractères s'imprimer en noir sur une page blanche au fur et à mesure que je formule puis exprime mes pensées.

Bien. Je vous dois des explications.

C'est bien moi. Le Professeur Dramatov.

Je suis dans l'entre-deux, ce monde mythique où personnages, lecteurs et auteurs peuvent se rencontrer.

Et chers lecteurs, puisque nous allons partager pour un court moment l'espace intime et confiné de ce chapitre, cela me semble être le moment idéal pour vous parler du point de vue à la première personne.

Eh oui. Même à l'article de la mort, je continue à donner des cours.

Mais, que voulez-vous ? C'est ma nature, j'ai été créée comme cela.

Êtes-vous prêt pour ce cours particulier ?

J'espère que oui, car quelque part ma survie en dépend.

Le choix d'un point de vue est un moment clé pour l'auteur. Il ne doit pas être pris à la légère. Certains récits seront mieux adaptés à l'omniscient ou la troisième personne, voire même seront mieux servis par une alternance de point de vue.

Un auteur qui maîtrise les points de vue peut être comparé à un réalisateur qui sait placer sa caméra. Certains écrivains sont même des maîtres en la matière. Stephen King par exemple, peut commencer par décrire une large scène d'un point de vue omniscient, sauter de personnage en personnage et en plaçant sa caméra juste derrière eux (troisième personne) pour nous faire ressentir leur sentiments avec acuité. Sans parler des jaillissements de phrases en italique qui expriment leurs pensées à la première personne.

Mais tout le monde ne peut pas le faire avec autant de brio.

Cet un exercice difficile, et bien des écrivains, même chevronnés et publiés s'y cassent les dents.

Mais revenons à moi. Revenons à nous. Revenons au sens de ce cours. Revenons à la première personne.

Je vais vous expliquer les avantages et les inconvénients de ce point de vue.

Commençons par les forces voulez vous ?

L'utilisation de la première personne va créer une proximité, une intimité même entre le lecteur et le narrateur.

Ils sont liés par la même vision, la même perspective sur le récit, j'oserais dire que le lecteur est un passager embarqué dans l'esprit du personnage. Presque son ami imaginaire en quelque sorte.

De ce partage de l'espace, va naître un des premiers avantages de ce point de vue : la crédibilité.

C'est évident : puisque je vous parle, et que je vous prends à témoin de ce qui m'arrive. Puisque je me découvre et je me mets à nu devant vous, je dois forcément vous dire la vérité, ou tout du moins suis-je sincère dans ce que je vous raconte.

L'utilisation de la première personne crée donc un lien de confiance entre le narrateur et le lecteur.

Notez bien ceci, car plus bas je vous expliquerai ce que ce lien implique.

Aussi, lorsque je me confie à vous, je vous fais partager ma vision sur le monde, mes coups de cœur, mes réactions. Au gré des phrases, des paragraphes et des chapitres, vous allez me comprendre.

L'adoption de mon point de vue génère de l'empathie.

Cela va même plus loin que ça. Admettons que je sois un serial killer et que j'exprime mes motivations, cette empathie, cette faculté de se positionner dans mon esprit et de percevoir le monde à travers mes yeux vous fera accepter des choses mêmes très discutables que vous auriez rejetées dans un récit à la troisième personne ou omniscient.

Guide & Conseils  : Ecrire un roman qui se litWhere stories live. Discover now