7- Caleigh

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Je me félicite intérieurement de ne pas avoir l'oreille collée à mon téléphone, vu ses cris, je serais devenue sourde.

— Alors ? Elle est pas mimi ? insiste Sasha, au bord de l'hystérie.

Encore sous le choc, je suis incapable de prononcer la moindre parole. Un silence tendu s'installe entre nous, je prends alors conscience que ma sœur attend une réponse de ma part. Sauf qu'il m'est difficile d'avoir un avis objectif sur la question. Seigneur, cette voiture est rose, quoi !

— Hum... oui... si on aime le style Barbie, finis-je par lâcher sur un ton plus ou moins prudent.

Une blonde dans une voiture de cette couleur ! Elle ne pouvait pas faire plus cliché. Il ne manquerait plus qu'elle soit décapotable, en plus ! Honnêtement, je ne comprends pas ce qui lui est passé par la tête. Était-elle dans son état normal lorsqu'elle a acheté cette... ce... ? En plus, l'engin a tout l'air d'être une antiquité venue tout droit des années cinquante – soixante à la rigueur. J'ai beau tourner et retourner la scène dans tous les sens, une seule question me vient à l'esprit : pourquoi a-t-elle fait ça ? Quelque part, un vague souvenir essaie de refaire surface dans ma mémoire sans que j'arrive à déterminer précisément de quoi il s'agit.

— Caleigh ? T'es toujours là ? s'inquiète ma sœur.

— Euh... oui, bien sûr, Sash.

— T'en penses quoi ?

À part que je trouve cette voiture hideuse ? Pas grand-chose.

Et dire que je prenais Sasha pour celle d'entre nous deux qui avait le plus de goût... En attendant, je ne peux pas lui dire le fond de ma pensée sans risquer de la blesser. Autant essayer une approche plus diplomate. Dieu que je déteste lorsque les rôles sont inversés ...

— Si elle te plaît, c'est le principal... Au fait, comment se fait-il que tu m'appelles si tard ? demandé-je en orientant habilement la conversation sur un autre sujet.

— J'avais un rendez-vous.

— Galant, tu veux dire ?

Cette nouvelle tombe à pic, je décide donc de la bombarder de questions pour lui faire oublier son truc rose. Sentant que la conversation risque d'être assez longue, je m'installe un peu plus confortablement en m'adossant contre la tête de lit, et, étant rendue un peu frileuse à cause de la fatigue, je remonte ma couette sous ma poitrine.

— Tu m'avais pas parlé d'un rencard la dernière fois que je t'ai appelée ou je me trompe ?

— Non, t'as tout à fait raison. En fait, Casey – c'est son prénom – était tellement mignon que je n'ai pas pu refuser. Et pourtant, il a fait tout ce que je déteste. Déjà, il travaille plus ou moins avec moi. Enfin non. Il est ambulancier, alors on peut dire qu'on n'est pas collègues. Tu sais que je ne sors pas avec mes collègues... et bref, j'ai refusé au moins trois fois de sortir avec lui mais... il est encore revenu à la charge après ça avec fleurs, chocolats...

— L'artillerie lourde, quoi ! la coupé-je, un peu abasourdie par le culot du type. Eh ben, il a l'air de savoir ce qu'il veut, ce brave homme !

— T'as pas idée de quoi il est capable ! Imagine : il a même déclamé des haïkus dans le hall de l'hôpital. Du coup, vu que je ne savais plus où me mettre, j'ai fini par rendre les armes ! Grâce à lui, je suis devenue le centre d'intérêt de tout le monde au boulot !

N'ayant aucun mal à imaginer la scène où ma sœur essaie de se cacher pour échapper à son prétendant acharné, je ne peux refouler mon hilarité.

A tes souhaitsUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum