10-Hunter

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Nuit du 26 au 27 octobre 2014

J'ouvre péniblement un œil, désorienté, et me tourne sur le dos.

Vegas a ce truc qui fait qu'une fois que tu y es, tu as du mal à en repartir, cette ville te jette littéralement un sort. Jamais je n'aurais cru qu'après avoir bouclé la campagne de pub pour le Paris Las Vegas Resort, je m'y attarderais. D'accord, soyons honnêtes, ce n'est pas tant la ville qu'Adrian qui a su me retenir. Ce type a un tel bagout et est d'une compagnie si agréable, que quand il m'a proposé de rester quelques jours de plus pour continuer notre tournée des hauts lieux festifs – et du vice – je n'ai pas eu le cœur de dire non. Pas étonnant qu'il soit directeur marketing : il est tout à fait capable de vendre un frigo à un esquimau. Et donc, je suis sorti, j'ai bu et baisé dans tous les coins, avec tout ce qui bougeait et possédait un vagin et une paire de seins pendant cinq jours. Cinq. Putains. De. Jours. Et bon sens, ça fait du bien. Maintenant, c'est sûr, ma déprime post Liza est belle et bien derrière moi.

J'ai appelé Casey pour lui dire que ça allait, que j'étais guéri, que je m'éclate comme un fou, mais je crois qu'il n'a pas vraiment fait attention à ce que je lui racontais. En ce moment, il est euphorique – un peu plus chaque jour, d'ailleurs. J'ai comme l'impression que la responsable de son état de flottement ante- et post-coïtal permanent est cette jolie blonde au sourire lumineux répondant au prénom de Sasha. Il a l'air mordu, le pauvre, c'en est pathétique. J'espère pour lui qu'il ne se réveillera pas un beau matin en s'apercevant qu'il n'aime pas cette fille allongée près de lui.

Putain, pourquoi faut-il que je remette ça sur le tapis, moi ? Et depuis quand est-ce que je ramène tout à moi ?

Je passe une main sur mon visage et lâche un soupir agacé. Je me crispe aussitôt, j'ai vraiment une haleine de poney... merveilleux !

Un grognement étouffé s'élève près de moi. Féminin, le grognement, c'est déjà ça. Sauf que je n'ai aucune idée de comment la fille s'est retrouvée dans mon lit. D'ailleurs, en y regardant de plus près, je n'ai pas l'impression d'être dans ma suite...

Putain, mais qu'est-ce que j'ai foutu ?

Cette fois, c'est moi qui grogne et le son se répercute douloureusement dans ma boîte crânienne. Bon sang ! Il faut que j'arrête l'alcool.

J'ai envie de gerber. Je me redresse péniblement, m'assois et respire lentement pour calmer mes haut-le-cœur. Une main aux ongles manucurés et exagérément longs se pose sur ma cuisse tandis que la nana avec laquelle j'ai passé la nuit vient se coller à moi. Je n'ai vraiment pas besoin de ça, elle me tient trop chaud et je sens que je suis sur le point d'être malade... la journée commence bien, tiens ! D'ailleurs, je n'ai pas la moindre idée de l'heure qu'il peut être.

La fille se met à me caresser de partout, elle me fait l'effet d'une pieuvre. À chaque fois qu'elle bouge, une odeur de sexe, de parfum bon marché et de transpiration flotte jusqu'à mes narines, me faisant frissonner de dégoût. Ça pue pour moi, je ne vais pas tarder à faire un malaise. Seulement, ma copine de baise se méprend sur ma réaction épidermique et elle approfondit ses caresses, allant jusqu'à se frotter lascivement contre moi.

— Chéri, waouh... t'es brûlant. Prêt pour un quatrième round ? susurre-t-elle d'une voix suave.

Chéri ? Elle est sérieuse ?

Sa main se faufile jusqu'à ma queue, je la repousse gentiment avant que l'un de nous deux soit vexé par mon absence de réaction physique.

— Hum... ça va pas le faire, je crois.

A tes souhaitsWhere stories live. Discover now