P12- Neiges éternelles

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J'avais posé mon sac au creux du tronc d'un arbre, laissant mon téléphone à l'intérieur.
J'avais cependant gardé mon manteau, et autres vêtements sur moi.

J'avais froid...
J'étais gelée.
Clouée sur place.

Je m'accroupis, trempant mon index dans l'eau foncée. La température était glaciale. Tant mieux.
Je disparaîtrais plus vite.

Je me redressais, le regard perdu dans le lointain horizon face à moi, poupée de chiffons dans un monde refait, où plus rien ne semble vrai.

Je tendis les bras à l'horizontale, et je voulus me laisser tomber.

Mais quelqu'un passa vite ses bras sous les miens, et me fit voltiger en arrière avec lui.

Dans la neige épaisse, je reconnus immédiatement la main de Lukas serrant la mienne.

Lukas : "... Plus... Jamais... Plus jamais... Tu... ne... fais ça... compris... ?"

Il était à bout de souffle.
Mais comment avait-il su...
Comment avait-il pu se douter que moi, je serais là, à cette heure précise ?

Nous nous retrouvions assis au creux de cet arbre, seuls pendant cette après-midi d'hiver.
Gelés.

Et je pleurais. J'avais honte.
Parce que je savais que j'allais devoir parler cette fois, et je n'en avais plus l'envie ni même le courage.
Les mots devraient sortir tout seuls, mais ce ne serait pas réfléchi...
Est-ce que finalement, j'avais vraiment besoin de réfléchir à l'avance à ce que je pourrais lui dire ?

Lukas me couvrit de son écharpe de laine épaisse, qui formait comme un plaid pour moi. Et il m'entoura de ses bras, j'entendis sa respiration s'accélérer, et il ne faisait aucun doute que des larmes coulaient sur ses joues.

Lukas : Pourquoi t'as fais ça Louna... ?
S'il te plaît, réponds moi. Parle moi. Pourquoi... J'ai failli te perdre... Tu n'imagines pas à quel point je tiens à toi... Est-ce que tu voulais vraiment le faire ? Dis-moi que non... je t'en prie.
Moi entre mes pleurs - Je... je suis désolée... pour tout. Je n'aurais pas dû être si ingrate avec toi, je regrette vraiment... Je... je pensais que tu aurais été content d'être débarrassé de moi... je voulais disparaître parce que tu n'étais plus là...
Lukas essuyant mes larmes - Ne dis plus jamais ça... Ne pense plus jamais à des choses pareilles. Je ne veux pas que tu partes Louna... Qu'est-ce que je serais sans toi... ?
Moi - Celui que tu étais avant.

Ma réponse fut sèche, et presque immédiate. Comme ci ça me paraissais être une évidence.

Il me tourna de façon à pouvoir me regarder dans les yeux, et prit mon visage entre ses mains, je n'arrivais plus à m'arrêter de pleurer.
Je redoutais le pire.
J'aurais peut-être dû ne pas dire ça, je l'avais sûrement blessé...
Je m'en voulais déjà.

Lukas - Avant toi dans ma vie il n'y avait rien, tu es arrivée et tu m'as apporté tout, de la patience, de la douceur, un peu de discipline et d'intelligence, aussi...
*on rit un peu tous les deux*
et puis tu m'as appris à être quelqu'un de bien, comme toi. Quelqu'un de responsable, une personne de confiance.
Mais la plus belle des choses que tu m'aie apportées, Louna, c'est ça.

Et alors qu'un flocon de neige se posa sur mon nez, il le prit dans sa main, souffla pour qu'il s'envole, comme un vœux que l'on aurait fait étant enfant.
Il se retourna vers moi, je le fixais encore et il faisait de même, il était... Exceptionnel, et ce discours qui m'avait touchée en plein coeur, mais... une question me tracassait.

Moi - "Ça" ? Tu veux dire ?
Lukas riant - Non, je voulais juste t'enlever ça pour que tu sois encore plus parfaite.
Je disais donc, que la plus belle, mais aussi la plus forte, la plus incroyable des choses que tu m'aie apportées,
C'est ça.

Et ses lèvres se posèrent sur les miennes, doucement, comme une berceuse que l'on chanterait à un bébé pour l'endormir.

Peut-être que j'aurais dû dire des choses comme "mon univers explosa" ou encore "nous ne formions plus qu'un" mais à cet instant, je ne pensais pas à grand chose sauf, à nous.

Et quand nos visages s'éloignèrent un peu, nos lèvres se détachèrent, et, les yeux plongés dans son regard lagon, c'est juste une simple phrase, deux mots qui scintillèrent comme des étoiles filantes dans mon esprit, seulement deux mots que je lui dis, rien qu'à lui.

Moi - Je t'aime.
Lukas - Je t'aime plus encore Louna.

Et cet arbre, qui aurait dû faire mon malheur, devint le symbole d'un des plus beaux jours de ma vie.

Mais je savais bien que Lundi, en cours, les réjouissances toucheraient sûrement à leur fin...

LOUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant