P16- Raffale de pensées

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2 semaines plus tard.

J'avais fini par pardonner Nico' et les autres, et je parvenais doucement à passer à autre chose.
Lukas, lui, devenait bipolaire.
Un jour je n'étais qu'un grain de sable s'envolant a la moindre brise de vent, minuscule, il ne me prêtait aucune attention, et un autre, il se rendait dingue pour que je le remarque, pour que j'aie des remords, comme pour me faire culpabiliser et me rendre nostalgique de notre amour.
Pour me faire comprendre qu'il était toujours là.

Je préférais ne plus lui prêter attention.
Je me doutais bien qu'on aurait chacun du mal à tourner la page, à tout oublier et repartir sur de nouvelles bases. Reconstruire notre petite carapace.

Je commençais à me dire que j'avais eu raison jadis de ne pas chercher de relations amoureuses, et pourquoi ?
Parce que l'amour ça fait mal. Disputes, malentendus, petites erreurs qui tournent vite au drame, et ruptures.
La vie d'un ado est déjà assez compliquée, on se cherche et les autres nous cherchent aussi.
Alors pourquoi est-ce qu'on devrait en rajouter avec tout ça ?

Il y a des moments où j'aurais préféré couler dans cette eau gelée du lac de l'autre fois.
D'autres où j'aurais aimé que ça continue avec Lukas,
Et d'autres où je voudrais trouver enfin la lumière, rejoindre la surface, trouver cette perle rare, trouver une raison de vivre, une raison de sourire, une raison de se lever chaque matin de bonne humeur, de trouver du courage à s'assumer au quotidien telle que l'on est...
Le rêve de toute ado.

Pourtant du bonheur, j'en avais.
Nico', Em', Cam', Arnaud, Hortense...
Louis... Je ne savais pas vraiment.

On avait peut-être écrit une histoire de chef-d'œuvre tous les deux, mais elle était restée incomplète.
On s'était rencontrés en sixième, cinquième ? Je ne sais même plus.
Nous sommes tout de suite devenus très proches, et puis on s'est mis ensemble. Mais nous étions davantage faits pour être des amis inséparables que des amours banaux. Alors j'ai voulu mettre un terme à notre relation...
Mais il ne l'a pas très bien pris.
Ça a éclaté en dispute, on ne savait plus qui voulait quoi, et rien n'avait plus aucun sens. Et il s'est éclipsé. Il ne m'a plus jamais adressé la parole, ne serait-ce qu'un mot.

Même un simple "bonjour" comme il avait l'habitude de me lancer avec un petit sourire malicieux, et des yeux émerveillés, passionnément.

Avant... Quand le bout de nos doigts se touchaient c'était comme une explosion d'euphorie, une sensation indescriptible de besoin de l'autre, de son amour, de sa présence, toujours. J'aimais passer ma main dans ses cheveux épais quand il m'imitait jouer avec les miens. J'aimais lui parler pendant des heures, ne pensant plus à rien, cartes sur table, rien à cacher.

J'aurais aimé me souvenir me blottir dans ses bras une dernière fois, le vendredi soir avant le weekend, ressentir encore ce manque infernal en attendant le lundi avec plus qu'impatience, et puis, enfin se retrouver.
Oui, ça avait été très dur pour moi d'accepter son choix, surtout son silence, ne pas être prévenue, ne plus avoir de nouvelles du jour au lendemain, ne pas savoir s'il serait toujours là demain, se demander s'il pense toujours à moi, s'il se souvient, si je lui manque, ce qu'il ressent...

La seule chose qu'il restait, c'était ses regards furtifs et incessants, gênants parfois, comme pour s'assurer que j'étais toujours là, pour voir si j'y répondrais, si je le remarquerais, si je lui sourirais ou si je resterais de marbre... Je me posais encore des centaines de questions à ce sujet, je n'en parlais jamais assez, ça ne me sortait pas de la tête, il m'arrivait d'y penser des nuits entières, en ayant honte de moi souvent.

Mais je n'ose pas aller lui parler, j'ai peur qu'il ne m'écoute pas, le sentiment d'être sûre qu'il ne me prendra pas au sérieux et que je passerais encore pour une forceuse idiote.

Mais le choix était dur, et il me dévorait petit à petit.

Soit je tentais ma chance et j'essayais de faire la paix avec lui, de faire en sorte que tout redevienne à peu près à la normale, comme avant.
Soit je restais éternellement dans mon coin à me poser des questions sans réponses.

Ses regards me revenaient en tête encore et encore, pourquoi ?

Était-ce du défi ?
Ou du manque ?
De la pitié ?
Ou de la tristesse ?

Il fallait que je sache. Il le fallait.

LOUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant