6. Là où tout commence

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Pour son anniversaire, Anny, une fille de qui n'a pas l'air d'être dans le besoin, a invité presque tout le lycée, et quelques étudiants qui habitent dans les environs. Je n'étais pas très sure d'y aller, mais Pauline a vraiment insisté.

Évidement, chez Anny, il y a une piscine couverte. Je voyais donc encore moins l'intérêt de porter une belle robe si s'était pour aller se baigner malgré l'insistance de mes amies. J'ai donc décidé de prendre un sac comprenant le nécessaire pour piquer une tête.

Quand nous arrivons, la maison est déjà bondée. Anny nous accueille avec son plus grand sourire, si bien que j'ai l'impression que sa tête va se fendre en deux. Nous lui tendons une bouteille de champagne bon marché, que nous avons acheté dans l'après midi, et elle nous indique les vestiaires pour l'occasion.

Sans doute à cause de la fièvre, ma tête me tourne déjà, et la musique résonne dans mon crâne. Pourtant, je n'ai encore rien bu... J'espère au moins ne pas être assez douée pour me noyer.

Après deux ou trois verres, je me lève pour aller dans les vestiaires, afin d'aller nager, espérant que cela soulagera ma fièvre. En chemin quelqu'un me tape sur l'épaule. Je lève les yeux et me retrouve face à un grand blond. Il s'approche de mon oreille pour couvrir la musique :

- Salut ! Tu danses ?

Je hoche la tête, le sourire aux lèvres. Après tout, je peux bien retarder un peu mes projets. Il m'entraîne à l'endroit qui fait office de piste de danse. Je fais taire la douleur de mon cerveau et profite de l'occasion. Ce soir j'ai envie de me lâcher, de m'amuser comme jamais. Peu importe le reste. Et après tout celui qui m'a invité sur la piste n'est pas si mal.

Le blond pose ses mains sur mes hanches, et ça me fait rire. Je crois que j'ai un peu abusé de l'alcool. La musique change, et je plane de plus en plus, mais je m'en fou, je crois même que j'adore ça.

Tout ne semble plus qu'un rêve, un vague souvenir qui flotte, et mon sourire s'élargit. La musique me donne l'énergie nécessaire pour continuer à me mouvoir, résonne dans mon cœur. Le sol vibre au rythme des pieds qui claquent sur le sol. Mon corps réagit à la moindre pulsion de la musique, ondule sous les mains de mon partenaire.

Des voix crient, et je lâche moi aussi un cri de joie. Les murs tremblent. Les mains qui sont sur mes hanches me brulent à travers les tissus fin de ma robe. Bientôt, un souffle chaud s'imitie dans mon cou. J'ouvre légèrement la bouche pour mieux respirer malgré la chaleur.

On pose une main sur mon bras, et tout s'évapore, redevient plus net.

Agathe me hurle :

- Viens on va se changer !

Je la suis, un regard d'excuse à celui qui dansait avec moi. J'attrape un verre au passage et je l'avale cul ­sec. Je m'aperçois alors que je viens d'avaler d'une traite un verre de vodka pur, qui trainait sur une table. Une chose peu judicieuse. L'alcool me brûle la gorge et l'œsophage avant d'atteindre mon estomac. Les larmes me montent aux yeux, et en me voyant, Agathe éclate de rire. Je lui donne un coup de coude, le sourire aux lèvres :

- Ce n'est pas drôle !

Quelques minutes plus tard, nous plongeons à l'unisson dans la piscine. Mes cheveux, soigneusement coiffés plus tôt ans la soirée, s'éparpillent dans l'eau, et la fraîcheur ambiante soulage mes maux. La différence de température est telle que je frissonne. Pourtant, l'eau doit être chauffée, et une gigantesque véranda abrite le grand bassin.

La piscine est bondée, et la musique est audible sous la surface, dans une bien moindre proportion, si bien que j'ai la sensation de tout percevoir au ralentit. Quand je vais pour reprendre de l'oxygène, le temps reprends son cours, brisant ce bref instant de calme.

Sul'Een T1: Les Sanglots De L' ÂmeWhere stories live. Discover now