13. Grand ménage

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Je pénètre dans le garage, hésitante. L'odeur de la crasse et de la poussière est de plus en plus forte. A tâtons, je cherche l'interrupteur, mais mes mains touchent une substance gluante et je les secouent, afin de faire partir la chose collée. Il fait tellement sombre que je ne voie absolument rien. Il faut croire que mon espèce n'a pas une si bonne vue.

Je frissonne à nouveau lorsque, enfin, je trouve le bouton pour allumer la lumière. Elle grésille, et un néon clignote plusieurs fois avant d'éclairer la pièce. Je met un certain temps avant de m'habituer à la luminosité. Le plafond, couvert de saleté a pris une teinte marron à certains endroits.

Je me sens minuscule, à l'entrée en regardant la taille des murs bordeaux. En-dessous de la poussière, une couche de béton rongé accentue le côté repoussant de la pièce. Un vieux vélo rouillé est appuyé contre la paroi. La couche de poudre grise homogène prouve bien que personne n'a franchit le seuil sur lequel je me trouve depuis des années. Des poutres en bois pourris maintiennent le tout en place, et je me demande comment le reste du bâtiment a pu rester debout tout ce temps.

Je soupire longuement. Ce sous-sol fait sérieusement froid dans le dos. Je ne serais même pas étonnée si je voyais un cadavre de rat dans les environs.

J'avance, suivant les cloisons nombreuses, avant d'atterrir dans une grande pièce, ressemblant à un petit entrepôt. Un horrible craquement survient lorsque je pose mon pied au sol, pour faire un pas de plus. Je baisse les yeux, découvrant avec horreur une vieille boîte de conserve. Un liquide imprègne aussitôt les chaussures et une odeur immonde de poisson pourri envahit mes narines. Je grimace, dégoûtée. Qu'est-ce que c'est que cet endroit?

Feii débarque deux minutes plus tard, rejoignant mon expression de dégoût. Lorsqu'il remarque l'état de ma basket, je le regarde avec un sourire désolé, un peu gênée.

Il fronce les sourcils, la mine écœurée avant d'éclater de rire et de me tourner le dos. Je soupire et lève les yeux aux ciel. Je décide de faire demi-tour afin de demander à Marine une paire de pompes. Tant pis pour celles que je porte. Même si je les lave, si tant est qu'elles supportent la machine à laver, elle sentiront toujours aussi fort.

En bas des vieux escaliers, je m'accroche à la rambarde, et m'écrie:

- Marine! T'as pas une paire de chaussures pourries pour moi?

Pour toute réponse, on me lance une paire pleines de boue, qui manquent de près mon visage.

- Oh pardon, j'ai pas fait exprès, rit Agathe.

Je lève les yeux aux ciel.

***

Au bout du troisième coup de balais, le sol est presque assez propre pour passer la serpillière. Pauline a décrété que si nous laissions les objets complètement inutile, à savoir deux machines à laver datant des années soixante, une DS sans moteur, et une espèce de grosse machine à tisser, ils serviraient d'éléments de décoration. Bien entendu, les nombreux outils que j'ai découvert au fond d'une pièce adjacente ont terminés à la poubelle. Hors de questions que nous soyons responsable de la mort de quelqu'un après une bagarre entre deux types bourrés.

Il est déjà seize heures lorsque Marine daigne enfin nous rejoindre. Elle s'arrête à la hauteur de Fabien et s'exclame:

- Mais vous êtes con! Elle sourit.

Puis elle se tourne, écarte un bout de tissu qui pend et tourne la poignée d'une fenêtre, qui s'ouvre avec un grincement immonde. Le grand lambeau déchiré s'avère donc être un rideau.

A travers la fenêtre, le sol de derrière la bâtisse se dessine. Il suffit qu'une personne stupide tape dans la terre et nous avons tout à recommencer. L'afflux d'air soulage immédiatement mon odorat, qui était jusqu'à présent envahit par les effluves de poisson pourri, et de cadavres de chauve-souris. Car oui, derrière une plaque de bois, nous en avions trouvé, et Pauline s'était empressée de les coller à mon visage pour me faire peur. Sauf que au final, c'est sur sa tête que la carcasse avait atterrit.

Sul'Een T1: Les Sanglots De L' ÂmeWhere stories live. Discover now