Chapitre 9

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Consignée dans ma chambre, je ne peux que m'en réjouir : il s'agit de mon endroit favori. Mais là, j'en ai assez d'être enfermée entre ces quatre murs. Cependant, je suis à peu près certaine que le sentiment d'étouffement n'est pas dû au seul fait d'être chez moi. C'est cette ville toute entière qui m'emprisonne. Pour l'heure, j'ai très envie d'aller faire un tour ailleurs.

J'ouvre ma fenêtre et enjambe le garde corps puis me laisse lentement glisser le long du mur. Je ne suis plus soutenu que par l'effort de mes bras. Pendue dans le vide, agrippant la rambarde de mes mains moites, mes pieds cherchent frénétiquement un appui en vain. Mes doigts se desserrent davantage encore de la barre, si bien que je suis un instant persuadée de m'écraser sur le sol sous peu, lorsqu'enfin la pointe de mes chaussures se pose sur un rebord d'une dizaine de centimètres. Avec toutes les précautions du monde, je parviens à reproduire le même exercice sur le renfoncement du mur, puis me laisse tomber à terre. Lorsque mes pieds touchent le sol, des vibrations se répercutent jusque dans mes genoux, mais je m'en remets très vite et me précipite derrière un arbuste afin d'être à couvert.

Il y avait longtemps que je n'avais plus eu l'occasion de faire une petite sortie nocturne.

La traversée de la ville se fait sans encombre, les vieilles habitudes reprenant vite le dessus. J'arrive rapidement aux abords de la Barrière. Elle est surmontée de barbelés et électrifiée. Il est impossible d'accéder à l'autre côté. A moins de connaître le passage secret. Par chance, c'est moi qui l'ai créé.

Une lourde plaque en bois est cachée derrière les fourrée. Je la soulève et dévoile un long tunnel noir, assombri davantage encore par la nuit. Je m'y faufile habilement et referme la plaque derrière moi. Il me faut ramper durant cinq bonnes minutes sous la terre avant de me dégager. Dès que je suis dehors – hors de la ville, derrière les barrières, me dis-je, et la fierté m'étouffe quelque peu – j'emprunte un étroit chemin de terre, qui me conduit bien vite à un sol fait de pierre. Il suffit de marcher quelques minutes supplémentaires, et je parviens enfin à mon petit coin de paradis. Je me trouve au sommet d'une superbe cascade, surplombant un lac splendide, même de nuit. Le mur d'eau, dévalant la roche, provoque une écume blanche et un bruit de tonnerre lors de son impact avec la rivière.

Le bonheur à l'état pur,selon moi. J'écarte les bras et me libère d'un grand cri.     

The Choice of FreedomDonde viven las historias. Descúbrelo ahora