La suite 1/2

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Et sans attendre sa réponse, il gara sa voiture dans un parking bondé avec des roadsters haut de gamme sur une vaste route qui longeait les murailles de la villa. Évidemment, Nadine connaissait assez bien ce genre de réceptions mondaines pour savoir que cette soirée serait un point de rencontre idéal pour l'élite monégasque. Et à en juger par le son assourdissant des premières notes grandiloquentes de la musique qui s'entendait jusqu'à l'extérieur, elle devina sans peine que la fête ne faisait que commencer.

Comme pour confirmer ses pensées, deux hommes de très grande taille se mirent à les détailler avec un regard suspicieux, puis vinrent à leur rencontre. Ils portaient des costumes noirs, apparemment de bonne qualité. Deux paires de pistolets étaient accrochés sur leurs ceintures. En ce moment, leurs yeux semblaient dérober mille questions. Le premier qui tenait trois lourdauds molosses en laisse prit soudain son portable de sa main libre et composa un numéro, tandis que le deuxième se contentait de s'approcher davantage jusqu'à leur voiture.

— Bonsoir, puis-je vous être utile ? articula-t-il dans un murmure, à peine audible.

Nadine s'attarda un instant sur son regard biaisé et esquissa un faux sourire. S'il voulait lui être utile, il devait la laisser pénétrer sans difficulte dans cette satanée villa, se dit-elle en son for intérieur.

Iker, perplexe, la devança pour lui tendre la main. Mais le garde ignora son geste et se contenta de hocher sa tête avec lassitude.

— Bonsoir Monsieur, mon amie et moi sommes là pour rencontrer la famille Yuksel. En réalité, nous avons quelque chose de très important à leur dire. Nous travaillons tous les deux dans leur entreprise et...

Iker n'acheva pas sa phrase, Nadine l'interrompit brusquement et le fit taire :

— C'est faux ! Je ne suis venue jusqu'ici que pour rencontrer Yakup. Je me moque de sa famille. Et quoiqu'il advienne, je ne partirai pas avant de me laisser le voir...

Aussitôt, le garde tourna la tête dans sa direction. Une expression de stupéfaction défigura les traits de son visage, au point qu'il lui fallut quelques instants pour saisir le sens de sa phrase. Puis, d'un mouvement inattendu, il l'empoigna violemment.

— Écoutez-moi petite sotte, vous n'allez pas faire de grabuge ! Ce soir, Mr Yuksel ne peut pas vous voir. Retournez tranquillement à l'endroit d'où vous êtes venue et ne m'obligez surtout pas à recourir la force avec vous...

Il leva brusquement son regard vers Iker qui s'apprêtait à prendre la défense de Nadine, et continua sur le même ton menaçant :

— Et vous, au lieu de lui servir de chaperon, vous auriez dû l'assagir. Puis, pour des gens qui prétendent être ses employés, je trouve bizarre que vous ne sachiez pas quel danger vous encourez en vous présentant au lieu de sa résidence avec l'intention de créer des problèmes. Vous risquez sérieusement de vous faire virer. Le grand patron est connu pour sa...

À cet instant précis, une autre voix se fit entendre tout près d'eux. Ce fut Osman qui fit son apparition, escorté de l'autre garde !

— Lâchez-la, ordonna-t-il.

Figé d'horreur, le garde exécuta sur-le-champ. Il recula de quelques pas vers son collègue sans émettre le moindre commentaire.

Tant bien que mal, Nadine se ressaisit et frotta son poignet endolori. En apercevant l'inquiétude qu'exprimait le joli visage d'Osman, elle se sentit pâlir. Le contemplant de très près, elle constata avec une pointe d'admiration que son nez était droit, ses lèvres étaient fines et ses gros yeux étaient aussi marron que le miel. Son front bas, surmonté d'une chevelure noire épaisse et d'une barbe naissante, lui conférait un style oriental. Il était vêtu avec une élégance particulière ce soir. Tout en lui criait l'aisance et le luxe. Sa montre en or et son élégant costume trois pièces valaient certainement une fortune. Il n'était pas aussi grand que les deux gardes qui se tenaient derrière lui, mais il avait quand même une carrure athlétique qui invitait à la rêverie.

Avait-elle perdu la tête ? Était-elle en train de succomber au charme si troublant de cet homme, dont le visage était parfait ? se demanda-t-elle, laissant son regard errer sur lui.

« Tu es trop conne, chuchota une voix intérieure. C'est bien possible, que ton père, à l'heure qu'il est, se lamente sur son sort ; alors que tu es là en train de te laisser envoûter par lui. Puis, quelle importance qu'il soit divinement beau, il ne cherche qu'à s'amuser avec toi. Tu n'as aucune chance de l'intéresser vraiment. ressaisis-toi Nadine », se réprimanda-t-elle in petto.

Sa voix douce l'arracha à la profondeur de ses pensées :

— Je suis désolé de ce mauvais accueil ma belle. Pourquoi ne pas m'avoir dit que vous vouliez venir ce soir ? Je vous aurais envoyé une carte d'invitation sinon.

Il remarqua enfin Iker et ajouta avec amusement :

— Et bien entendu, une autre pour votre ami.

Tout en parlant, il la déshabillait du regard, ravi de la déstabiliser.

Nadine essaya néanmoins de garder contenance. Mais, que n'aurait-elle donné pour le rencontrer dans d'autres circonstances !

Certes, la tendresse avec laquelle il avait prononcé ses mots, combinée avec l'intensité de son regard, avait réussi à amortir le feu de sa rage, mais elle ne devait pas oublier le but de sa venue. Elle se disait que le mieux serait de garder cela en tête pour chasser la tension qui l'envahissait.

Iker, de son côté, après avoir ressenti une vive vague de jalousie remonter le long de sa moelle épinière, n'attendit pas la réponse de Nadine. Il se précipita sur elle, l'entoura de ses bras puissants et répliqua sur un ton plein de mépris :

— Au risque de vous décevoir, Nadine n'a pas fait tout ce parcours pour assister à cette fête. Elle est venue uniquement dans le but de rencontrer votre frère Yakup.

𝐔𝐧𝐭𝐢𝐥 𝐇𝐞𝐥𝐥 ¹ :  sʜᴀᴍᴇʟᴇss !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant