La suite 1/7

7K 546 35
                                    

— Vous avez besoin de respirer un peu d'air frais avant de rentrer chez vous. Allez, venez avec moi !

— Je suis...

Un peu fatiguée, elle alla refuser mais n'en eut pas le temps. Sa voix se brisa, les mots moururent sur ses lèvres lorsqu'il le vit contourner la voiture pour lui ouvrir galamment la portière.

Une fois de plus, elle ne put s'empêcher de le trouver charmant. Elle s'attarda sur le sourire qui creusait de petites rides au coin de ses paupières, rendant ses yeux d'un brun sombre plus fascinants.

Elle mit de l'ordre dans sa robe, prit une profonde inspiration et, avec un petit regard à sa montre qui trahissait, en quelque sorte, ses dernières hésitations, se décida enfin de descendre.

Après tout, cette petite sortie ne pourrait que lui être bénéfique... Au moins, elle cesserait de penser à la méchanceté de Yakup Yuksel.

Osman la guida dans un luxurieux restaurant en bord de mer, très adéquat pour s'enivrer de la beauté nocturne et féerique des vagues, dont le bruit agréable lui faisait du bien. Cette seule image naturelle, grâce à l'alternance sublime de ses couleurs, aurait pu rivaliser avec les chefs-d'œuvres des plus grands artistes peintres de l'histoire.

En prenant place à table, elle mit une serviette sur ses genoux et constata une nouvelle fois, confusément, que ses habits ne cadraient pas avec le décor époustouflant de cet endroit.

Bigre ! Les regards des autres clients convergeaient maintenant vers elle. Elle se sentit soudain tendue et se dit qu'une sortie avec l'un des hommes d'affaires les plus connus de la principauté ne pouvait tout de même pas passer inaperçue.

Elle faillit sursauter, quand un serveur en uniforme noir déposa poliment un verre rempli de café brûlant devant elle.

« Détends-toi, Nadine », s'ordonna-t-elle silencieusement.

Le serveur parti, Osman s'adossa sur sa chaise et laissa errer sur elle un regard qui la troublait tant.

Pour camoufler sa gêne, elle piqua du nez dans sa tasse et sirota son café à petites gorgées.

— Alors avez-vous réfléchi à la demande que je vous ai faite Nadine ?

Devant le silence que sa question provoqua, il sourit puis reprit :

— De quoi avez-vous peur au juste ?

Viriles et lestes, les mains d'Osman saisirent la tasse de café avec une belle assurance. Nadine suivit son geste presque machinalement, mais quand il porta la boisson chaude à sa bouche, elle baissa rapidement son regard, incapable d'observer ce spectacle sensuel sans vouloir se jeter dans ses bras.

C'était fou comme les deux frères Yuksel la déstabilisaient. Chacun à sa manière ! L'un avec sa méchanceté et l'autre avec sa gentillesse. Cependant, c'était Osman qui lui plaisait...

— Ce n'est pas ça, balbutia-t-elle.

Sa réponse fit briller une lueur de malice dans ses yeux.

— Vous n'avez jamais eu de petit ami ou d'amant avant ? C'est la raison de votre hésitation ?

Son pouls s'accéléra sous la douceur de ses questions provocantes.

— Oui, je n'ai pas eu le temps pour ça auparavant.

— Et maintenant ?

Nadine ne répondit rien, mais son cœur se serra. Pour quelle raison un homme aussi puissant que lui s'intéressait-il à une femme banale comme elle ? Bien qu'elle soit fascinée par lui, les avertissements écrits jadis par sa défunte mère dans la lettre qu'elle avait laissée pour elle lui vinrent soudain en mémoire.

« Un beau jour, tu quitteras la maison où tu as grandi pour rejoindre ton futur compagnon. Et malheureusement, je ne serai pas là pour t'admirer en robe blanche de mariée. Mais, promets-moi ma toute douce de ne te donner corps et âme qu'à celui qui te méritera. Garde bien en tête que la beauté et la richesse sont invisibles à l'œil nu, car elles sont enfouies dans les profondeurs de l'être humain. Suis ton cœur mais choisis avec ta raison. »

— Ce n'est pas possible... Nous nous connaissons à peine, dit-elle.

— Eh bien, donnons-nous l'occasion de faire plus ample connaissance ma belle. Vous savez, vous êtes aussi rouge qu'un coquelicot. Détendez-vous, s'il vous plaît. J'avoue que je n'ai pas voulu trop attendre, mais je vous laisserai y réfléchir tranquillement. J'aimerais que vous soyez sûre de votre décision. J'admire énormément votre timidité, soit dit en passant.

Il lui saisit la main, baisant sa paume et l'invitant quelques instants plus tard à se lever.

Tout en marchant à ses côtés, main dans la main, elle remarqua qu'il arborait à nouveau ce faciès à la fois jovial et sensuel.

Ils se dirigèrent vers le sable doré de la plage. Des bâtiments élégants de plusieurs étages délimitaient la place. Des arbustes étaient intercalés partout. Tout était si magique !

Osman enleva ses chaussures, retroussa le bas de son pantalon jusqu'aux jambes et se mit à dessiner à l'aide d'un coquillage les initiales de leurs noms, indifférent aux regards curieux qui se fixaient sur lui pour contempler ce qu'il faisait.

Quand il se releva pour admirer son travail, une petite fleuriste s'approcha de lui, un sourire angélique au coin des lèvres.

— Si vous l'aimez, vous devez lui acheter cela ! dit-elle en lui tendant une fleur rouge épanouissante.

Osman sourit, caressa les cheveux auburn de la fillette avant de chercher l'argent dans sa poche pour la payer. Celle-ci, très satisfaite, s'éloigna en courant.

Il se retourna vers elle, puis s'inclina, posant un genou à même le sable, pour la lui présenter.

— Dites oui, s'il vous plaît !

Nadine éclata de rire en saisissant la fleur.

Ils ébauchaient à un stade de la relation où elle était arrivée avec Iker après de longues années d'amitié, pensa-t-elle avec amusement.

𝐔𝐧𝐭𝐢𝐥 𝐇𝐞𝐥𝐥 ¹ :  sʜᴀᴍᴇʟᴇss !Where stories live. Discover now