𝐔𝐧𝐭𝐢𝐥 𝐇𝐞𝐥𝐥 ¹ : sʜᴀᴍᴇʟᴇss !

La suite 5/1

Elle ne comprit pas ce qu'il voulait dire, mais en fut troublée quand-même. Elle eut le mauvais pressentiment qu'il s'agissait là de l'un de ses nombreux secrets. Car, il devait en avoir beaucoup pour paraître aussi diabolique, aussi terrifiant... En repensant à Osman, elle sentit son cœur se fendre. Serait-il vraiment capable de sortir avec d'autres femmes aussi facilement ?

— Tu n'es qu'un menteur ! cria-t-elle soudain, refusant de le croire. Osman est très attiré par moi. Il aura du mal à m'oublier...

Un demi-sourire rusé se dessina sur les lèvres charnues de Yakup, alors qu'il se mettait à détailler les traits de son visage crispé par la colère.

— Ne me dis pas que tu es jalouse !  fit-il en plissant le front.

— Oui, je le suis. Et alors ? s'écria-t-elle, malheureuse. Tu as cru que tu pourrais effacer mes sentiments pour lui avec un simple contrat ?

— Tu n'as pas le droit de l'être, la coupa-t-il, toute trace d'amusement effacée de son visage. Et n'abuse pas de ma patience !

— Je déteste la façon dont tu parles de lui, fit-elle remarquer avec l'impétuosité d'une femme blessée, malgré sa dernière menace. Tu le fais passer pour un salaud qui court après tout ce qui porte un jupon…

— C'est la vérité ! trancha-t-il en poussant un léger soupir. Sérieusement, je pense que tu ne connais pas bien Osman. Il n'est pas aussi romantique que tu sembles le croire. Sa vie sexuelle a toujours été trépidante...

Nadine voulut ajouter quelque chose, mais se tut, comprenant que ça ne servirait à rien de poursuivre cette discussion avec lui. Il était prêt à inventer des mensonges pour extirper son frère de son cœur, mais il n'y parviendrait jamais !

Sans un mot de plus, elle partit ramasser son manteau sur le sol, l'enfila avec impatience et se dirigea d'un pas pressé vers la salle de bain. Son père était sorti de la prison hier soir, et elle tenait à aller le voir. Il lui avait beaucoup manqué...

Quelques secondes après qu'elle ait ouvert le robinet, elle se lava longuement le visage à grande eau, puis s'essuya avec une serviette pendue à un anneau à droite du lavabo. Yakup se déplaça avec elle comme pour lui faire ressentir sa présence gênante et dérangeante. Elle chercha son sac à main, en sortit une palette de maquillage et alla se planter devant le miroir le plus proche. En vérité, elle n'avait aucune envie de se maquiller, mais c'était la seule manière pour masquer ses cernes et la pâleur de ses joues. Pour commencer, elle appliqua une fine couche de fond de teint sur l'ensemble de son visage, ainsi qu'un peu de mascara sur ses cils pour les allonger. Le rouge à lèvres aux doigts, elle contempla le reflet de Yakup dans le miroir. Il la perturbait comme personne ne l'avait fait auparavant. Qu'attendait-il pour se rendre à son travail ?

— Tu n'es pas en retard ?

— Tu comptes financer les études de ton frère avec le cadeau d'Osman ?

Elle comptait prendre en charge les études universitaires de Marc. Mais comment l'avait-il su ? Selma lui avait sans doute transmis cette information... Elle n'aimait pas cette fille, même si elle ne l'avait jamais rencontrée. Depuis qu'elle était entrée dans la vie de Marc, elle avait bouleversé l'existence tranquille de toute sa famille.

— Je me demande parfois comment tu arrives à débiter autant de conneries sans fournir le moindre effort ! lâcha-t-elle en donnant des coups de brosse à sa chevelure noire épaisse, après avoir terminé son maquillage. Jamais, je n'utiliserai son cadeau pour une chose pareille !

Elle se retourna vers lui et confronta son regard, les yeux embrasés de fureur.

— Je faisais des économies, figure-toi, reprit-elle. Et je compte m'en servir maintenant pour aider mon frère à réaliser son rêve de devenir un grand architecte...