Orphée et Eurydice (texte)

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Écoute comme le bruit de nos pas résonne fort dans ce tunnel. Sens son écho vibrer sur ces murs de béton. Regarde le s'éloigner, tout droit vers la lumière qui pointe à l'horizon. Et à l'unisson, 1,2 1,2 nous marchons à reculons. Ris, oui, ris bien fort pour cacher le bruit de ton cœur qui ralentit. Et souris jusqu'au oreilles, peut-être que tes valises s'en iront voyager. A gorge déployée, jusqu'à ce que tes colombes s'envolent définitivement. Peut-être que si tu restes droit ainsi, sûr de toi, peut-être que ton échine ne se brisera pas en milles morceaux. Continue donc à faire des grands pas, ne traîne pas beaucoup, tes démons sont juste derrière toi, ils surveillent ta nuque. Ne regardes pas à ton côté, toujours droit devant toi. Si tu peins les parois qui t'entourent, tu retrouveras sûrement la sensation d'un ciel bleu. Imagine les gens que tu aimes autour de toi et prend conscience de l'avantage que tu as: tu peux les créer complètement. Mais je pense que le plus important c'est que tu ne dois pas t'arrêter de marcher. Marche, marche, marche et l'illusion que la lumière se fait plus éblouissante sera convaincante. Parce que, vois-tu, si un jour tu décides de t'arrêter, tu ouvriras les yeux. Fais tout pour ne pas avoir ce déclic, si tu veux rester en vie. Si tu décides d'arrêter de suivre mes conseils, la lumière deviendra ténèbres, ton cœur implosera, les colombes te piqueront les mollets, quelqu'un ramassera ta colonne vertébrale à la petite cuillère, le tunnel rétrécira, rétrécira, rétrécira jusqu'à s'effondrer sur toi et tu verras les jolies couleurs de coucher de soleil qui tu avais dessiné toi même défiler. Tu sentiras tes démons, leur souffle malsain dans ton cou, s'insinuer dans ton âme. Enfin, tu tourneras la tête vers moi bien que je t'ai fait juré de ne pas regarder ce que je représente. Le voile de notre amour que j'avais jeté sur mes épaules m'enveloppera toute entière et je serais ta mort. Je reculerais avec les effluves du bonheur absurde que nous avions réussi à ériger jusqu'à présent. Comme si je savais depuis le début que cette avancée n'avait aucun sens, je murmurerais des doux mots qui n'arriveront jamais à ton oreille. Fou de regret, d'amour aussi, tu courras vers moi et tes bras enserreront le vide. Ce vide, il t'étrangleras, il te tuera sans aucune pitié, tel un acte quotidien, il nouera ta gorge à une branche de ces noirs peupliers. Lentement, et c'est la dernière étape, la branche ploiera sous le poids de tes remords et tu passeras de l'Achéron au Cocyte.

Tout cela sera prédit, un jour, nous savons tout a un prix. La lumière ne peut percer cet épais brouillard noir. Alors, en attendant, mon amour, continue de marcher droit devant toi et je serais toujours à ton côté. C'est le seul moyen que nous avons pour que notre amour survive.

écrit par __Eurydice__

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