L'aventure d'Herenui (version réécrite/en cours)

Prologue

Prologue

Dans sa tente, Fernando transmettait ses dernières consignes à Miguel, son second, et à quelques uns de ses subordonnés:

-Nos hommes infiltrés dans la ville passeront à l'action peu avant l'aube, annonça-t-il. Si tout se déroule comme prévu, ils ouvriront les portes de la cité et nous pourrons y rentrer facilement. Il y a environ deux milliers d'habitants dans Cy'erith et entre cent et deux cents d'entre eux sont des soldats. Cependant, de nombreux hommes de la cité sont sûrement capables de se battre aussi, alors soyez vigilants. Les démons sont bien plus forts physiquement que vous. N'attaquez que si vous avez l'avantage du nombre.

-Nous avons marqué les différents baraquements, enchaina Miguel qui pointa du doigt plusieurs petits cercles sur la carte étalée sur la table. Ils seront nos cibles prioritaires pour nous assurer le contrôle de la ville. Une fois les gardes hors d'état de nuire, il faudra être rapide. Nos objectifs sont de prendre le marché mais surtout de faire de nombreux prisonniers.

Miguel marqua une pause pour laisser aux autres hommes le temps d'étudier la carte. Il fallait que chacun d'entre eux sache parfaitement où se rendre. Quand il sembla que tout le monde fut à nouveau attentif, il reprit la parole:

-Nous devons en priorité ramener des esclaves jeunes et en bonne santé, mais tout démon en bon état fera l'affaire. Nous regrouperons les captifs et les victuailles à la porte principale au fur et à mesure de l'attaque. Quand nos objectifs seront atteints, je ferai sonner le rappel. Je compte sur vous pour être réactif car notre temps sera limité et il faudra rapidement charger notre butin à bord des galions. Y a-t-il des questions?

Les mercenaires secouèrent négativement la tête. Cela faisait plusieurs mois qu'ils préparaient l'attaque. Fernando, leur chef, était méticuleux et rien n'était laissé au hasard. Ils avaient suffisamment travaillé avec lui pour savoir que, si son plan était respecté à la lettre, tout se passerait pour le mieux. Un à un, ils quittèrent le pavillon, laissant seuls Fernando et Miguel.

Les deux hommes restèrent silencieux quelques instants jusqu'à ce que Fernando aille chercher une bouteille de vin qu'il déboucha.

-Je te sers? Demanda-t-il

-Volontiers, répondit Miguel. A quoi buvons nous?

-A notre futur succès, annonça-t-il, confiant. Si nous réussissons, côtoyer les hautes sphères du royaume maénien ne sera plus un simple rêve. Je serais un marchand influent et respecté, j'aurais peut-être même les faveurs de la famille royale.

-C'est rare de te voir si optimiste, sourit Miguel. Mais si c'est le cas, ça fera un sacré bout de chemin parcouru.

A nouveau ils se turent, plongeant dans leurs pensées et leur passé. Miguel observa sa coupe et y admira le liquide pourpre à l'intérieur. Il en huma les notes fruitées et but une gorgée qu'il savoura. Il goûtait là un des meilleurs vins du royaume. Que de chemin en quinze ans, pensa-t-il en souriant.

-Combien veux-tu que je te ramène de démons? Demanda-t-il à son ami

Fernando prit quelques secondes avant de répondre:

-Entre cent cinquante et deux cents, finit-il par dire.

-Tu as tant de demandes que ça? Fit Miguel, étonné.

-J'en ai même beaucoup plus, répliqua Fernando, plusieurs grands noms des pays voisins ont eu vent de rumeurs sur mon projet et m'ont contacté. Tu n'imagines pas à quel points nos futurs esclaves sont convoités! Mais il ne faut pas en ramener trop. Si je veux pouvoir faire grimper les prix, il faut que la demande soit supérieur à l'offre.

-Je comprends, acquiesça le mercenaire avant de vider son verre et de se lever. Bien, je vais me reposer pour être prêt pour demain.

-Je t'en prie, répondit Fernando qui le regarda partir.

Seul dans sa tente, le marchand ferma les yeux. En son for intérieur, une sensation familière lui nouait l'estomac. Stress, excitation, peur... tous ces sentiments qu'il éprouvait à la veille de chaque grand évènement étaient grisants. Les intrigues, les tensions, les paris, c'était sa façon de se sentir vivant.

Si demain il réussissait, il aurait enfin l'opportunité de se frotter aux plus puissants hommes de Maenie. Il aurait enfin des adversaires à sa hauteur, ou du moins l'espérait-il. Demain serait un succès, et son retour au pays un triomphe.