Quelques élèves parlaient entre-eux tandis que le professeur notait un problème au tableau.
Le bruit confus des crayons griffonnant sur du papier résonnait dans la salle de classe et se mêlait aux soupirs ennuyés et aux plaintes de désespoir d'adolescents priant que la sonnerie les sorte de cet enfer qu'était le cours de mathématiques.
Nathaël aimait bien cette matière. À vrai dire, le jeune homme avait toujours eu une facilité déconcertante à comprendre ces chiffres et ces lettres quelques fois complexes. Les équations avaient l'air de se résoudre toutes seules dans sa tête et, de ce fais, il était en avance dans les exercices par rapport à ses camarades.
Les mathématiques n'étaient pas le seul cours dans lequel il excellait, il en allait de même pour toutes les autres matières qu'il étudiait.
Mais cela, personne ne le savait réellement, puisqu'il ne le disait pas. Aucunement par peur d'être appelé "intello", et perdre ainsi sa popularité et son statut de "canon du lycée" dont il était involontairement titré, mais uniquement car il avait été élevé ainsi.
Il avait appris à ne jamais se vanter et ne point se croire supérieur à autrui.
Nathaël était intelligent et modeste.
Le jeune homme se trompa soudainement dans la résolution d'un calcul, et chercha par conséquent une gomme dans sa trousse. Mais il l'avait oublié sur son bureau, hier soir, après l'avoir utilisé durant ses révisions.
Il se retourna alors vers le bureau derrière lui, occupé par une petite rousse aux yeux bruns.
— Excuse-moi, je peux t'emprunter ta gomme deux secondes, s'il-te-plait?
La jeune fille ne répondit que par un simple hochement de tête frénétique, tandis que ses yeux étaient écarquillés comme si elle eût croisé un fantôme.
D'un geste maladroit et tremblotant, elle lui tendit l'objet désiré, sans pour autant détacher son regard perçant de lui.
Nathaël s'en empara, effaça son erreur, et le lui rendit.
— Merci, fit-il avec un petit sourire.
Les joues de la rousse, nommée Ève, si ses souvenirs étaient bons, se teintèrent imméditament d'un rouge vif.
Le jeune homme se repositionna correctement et continua son travail inachevé.
Dans son dos, il entendit distinctement la discussion se voulant discrète entre Ève et sa meilleure amie, une brune aux courbes prononcées.
«Oh mon dieu, t'as vu? Il m'a parlé!» s'extasia la première,
«T'as tellement de chance!» la jalousa la deuxième.
«Il est tellement beau!»
«Un dieu vivant, je te jure»
«Si seulement je pouvais avoir une chance avec lui... T'imagines, moi, au bras du gars le plus beau de l'école?»
«Toutes les filles t'envieraient... mais on s'en fout! Que demander de plus lorsque son petit ami a le physique d'une star d'Hollywood? Moi je te dis, t'as une chance. Genre, la manière dont il t'a regardé et souri, je suis sûre qu'il a un truc pour toi!»
«Tu- tu crois?»
«Totalement!»
Nathaël souffla silencieusement, ennuyé. C'était toujours le mêne refrain, lorsqu'il adressait la parole à une fille sexuellement orientée vers les hommes, ou à un garçon attiré par les personnes du même sexe.
Les mêmes regards, les mêmes gestes, les mêmes réactions, et les mêmes discussions par la suite.
Il était le fantasme d'une grande partie de la gente féminine, et même masculine. Il pouvait avoir n'importe quelle personne à ses pieds rien qu'en claquant des doigts.
Mais lui, tout ce qu'il voulait, c'était quelqu'un qui s'intéresse à autre chose qu'à son physique.
