Quatre

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— Tu sais déjà avec qui tu vas aller au bal de fin d'année?

Nathaël répondit négativement d'un signe de tête à la question de Thomas, un garçon à la peau couleur olive et aux yeux d'amande, tandis qu'il marchait dans les couloirs en direction de la sortie de l'établissement.

— Moi je pense que tu devrais y aller avec Élizabeth.

Le blond leva discrètement les yeux au ciel, mais resta cloitré dans son silence.

— Je veux dire, c'est la fille la plus belle du lycée, et t'es le gars le plus beau gosse— même si je déteste l'admettre, si vous y alliez ensemble vous seriez directement élus couple de la soirée.

Nathaël haussa les épaules.
Il n'avait pas envie d'inviter la jeune fille. Certes, il est vrai qu'Élizabeth était belle, avec ses longs cheveux d'ébène et son regard de braise, et fort intelligente. Mais elle n'était pas très bavarde ni très divertissante, et Nathaël n'avait aucune envie de s'ennuyer à ce bal.
Enfin, s'il y allait, ce qui n'était pas encore sûr.

— Elle n'est pas drôle, répondit-il simplement sans daigner lui accorder un regard.

— Et alors? Tu t'en fous! Tu l'amènes au bal, vous dansez, vous êtes élus couple de la soirée puis tu la lâches, et voilà. Pas besoin de discuter.

Il détestait la manière de penser de Thomas.
Nathaël, lui, voulait aller au bal avec une fille qui lui plaisait, en qui il aurait un réel intérêt et avec qui il pourrait avoir des discussions passionnantes et animées. Il la ferait rire et sourire en la faisant tournoyer au milieu de la piste, son rire cristallin s'élevant au-dessus de la musique, et il n'y aurait braqué sur eux que les regards envieux de quelques personnes jalousant leur bonheur.

Ensuite, pendant l'élection, alors que tout le monde serait obnubilé par un titre superficiel, ils sortiraient par la porte arrière du gymnase et s'allongeraient dans l'herbe fraîche et sauvage, pour admirer les étoiles dans l'obscure clarté de la nuit.

Nathaël croyait en l'amour. Il rêvait d'une relation passionnelle et fusionnelle, de cette étincelle qui brillerait au fond de son cœur et s'enflammerait à l'approche de sa moitié.
Il s'imaginait de longues balades aux mains entrelacées, aux regards amoureux et aux échanges de rêves et de points de vue.
Ils parleraient du monde, de leurs espoirs, de leurs peurs, d'eux.
Ils seraient heureux.

Nathaël voulait être amoureux.

— Regarde, elle est là en plus. Vas-y, va la voir et demande-lui.

Le jeune homme s'exécuta et, de son habituelle démarche élégante, s'avança vers Élizabeth, qui écoutait d'une oreille attentive ce que lui expliquait son amie, une brune bien enveloppée.
Dès qu'il fût près d'elles, cette dernière s'interrompit et cligna furtivement des paupières, bien vite imitée par Élizabeth, dont les joues se rosèrent lorsqu'il lui adressa un de ses fameux sourire.

— Tu sais, concernant le bal de fin d'année...

La principale concernée hocha lentement la tête, sa pupille se dilatant d'espoir.
Elle ressemblait étrangement à une condamnée à qui l'on venait de déclarer la liberté...

— Thomas aimerait y aller avec toi, mais il est trop timide pour te le demander. Va le voir.

... avant d'être assénée par le coup de grâce.

Et, de la même manière qu'il était arrivé, il repartit.

Nathaël était rusé, et il faisait ses propres choix.

BeauOn viuen les histories. Descobreix ara