Chapitre 30

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1091 jours avant.

Je soupirai en me tournant une nouvelle fois dans mon lit pour attraper mon téléphone. 2h27 et toujours aucun message. Je baillai sans aucune retenue, signe révélateur de mon manque extrême de sommeil.

Je restai immobile à fixer mon écran de téléphone un moment, me demandant si, finalement, je ne devrais pas lui envoyer un message. Kay m'avait fermement interdit de le faire, soit disant que « ça montrerait à Niall que je ne m'abaisserai jamais à ramper derrière lui et que ça permettrait de voir s'il était capable de mettre son égo masculin de côté, parce que bon, c'était lui le con dans l'histoire ». Mais il me manquait, ce con.

Je posai furtivement mon doigt sur son nom sur mon écran, ouvrant la boîte de dialogue. Le dernier message était de lui et il datait du 14. Depuis, plus rien à part quelques regards en coin au lycée et c'était vraiment déstabilisant. J'avais presque vécu avec lui tout l'été, on ne se quittait plus depuis 6 mois et voilà qu'on ne s'adressait plus la parole.

Un autre soupire s'échappa de mes lèvres alors que je me rappelais les raisons de cette dispute et que j'éteignais mon téléphone par la même occasion. Comment pouvait-on être aussi con ?

Voyant que le sommeil ne viendrait pas cette nuit non plus, je me levai et attrapai l'album photo que Niall m'avait offert pour nos quatre mois et me rassis sur mon lit, allumant ma lampe de chevet. Je l'ouvris et étalai tous mes polaroïds en face de moi dans l'optique de les ranger. Ils étaient tous marqués à l'encre noire indélébile de la date à laquelle ils avaient été pris plus, parfois, une petite note.

Il y avait ma mère, le jour de mon 14ième anniversaire, lorsqu'elle m'avait offert cet appareil ; ma chambre quand j'avais eu fini de la redécorer ; Kay endormie sur le sol de sa chambre, en plein éclat de rire, en train de bronzer, de faire des grimaces, de cuisiner ; des vêtements dont j'étais particulièrement fière ; ma tante Harper ; Moi prise par différentes personnes et le jour où je m'étais faite percer la lèvre ; Conor allongé sur mon lit, dans sa piscine avec un bout de mes pieds, pendant un match de foot ; des paysages ; des photos de mon père que j'avais repris en photo ; Niall.

Niall de loin, quand j'avais voulu commémorer discrètement mon premier crush, quand il jouait de la guitare dans la cour, quand il secouait ses cheveux en sortant de la douche après le sport, quand j'avais eu l'occasion de le prendre en photo ; Niall de plus près quand on avait commencé à traînouiller ensemble par l'intermédiaire de Conor, qui jouait de la guitare juste à côté de moi, qui faisait des grimaces avec mon meilleur ami, qui shootait dans un ballon, qui souriait à l'objectif dans ma chambre ; Niall de près, endormi sur le sable à côté de Greg et Kay, debout dans l'eau, en train de se prendre une vague, de s'énerver devant un match de foot, de faire tomber son paquet de bonbon, de frapper Kay avec un oreiller, de m'embrasser, de dormir à côté de moi, de sourire, de faire ses devoir, de manger, de jouer de la guitare, d'écrire une chanson. Niall et moi, quand ça le prenait. Parfois il décidait de s'emparer de mon polaroïd et de nous prendre, même s'il ne savait pas à quoi la photo ressemblerait. Niall, allongé torse nu dans mon lit, le sourcil relevé, les pupilles encore brillantes, les cheveux ébouriffés et moi, sur le ventre, les épaules nues et le reste couvert par ma couette, cachant mon visage comme je pouvais avec mes cheveux et ma main.

J'essuyai rapidement une larme qui coulait sur ma joue et fermai l'album. 4h08. Trop tôt pour se lever, trop tard pour s'endormir.

Je soupirai encore. Presque tout chez moi me rappelait Niall, c'en devenait douloureux. Il avait mangé dans ma cuisine, s'était assis sur mon canapé, avait dormi dans ma chambre, et tout ça avec moi. Je pouvais même voir un de ses t-shirt sur ma chaise de bureau malgré la pénombre de ma chambre et sentir son odeur, encore imprégnée dans mes draps du week-end dernier.

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