144 jours avant.
Lorsque j'ouvris les yeux, l'évidence me frappa. J'étais en train de rêver. Une pièce blanche, complètement vide, carrelée au sol et aux murs si lointains qu'ils étaient presque inexistants. Je tournai la tête, espérant secrètement que Niall serait derrière moi, comme il l'était si souvent, mais j'étais seule.
Je fis un pas en avant et le bruit de mon talon claquant sur la dalle se répercuta à l'infini. Les secondes s'éternisaient, s'étirant au possible alors que chacune d'entre elles m'apportaient leur lot d'angoisse. Je ne savais pas où j'étais, ni pourquoi et je me sentais affreusement seule.
Je sentis une larme rouler sur ma joue et baissai la tête une seconde pour l'essuyer. Lorsque je relevai les yeux, je me trouvai face au reflet que me renvoyait le miroir deux ans auparavant. Enceinte et abandonnée à seulement 16 ans.
Par réflexe, je posai ma main sur mon ventre et un rire cristallin résonna autour de moi, se répercutant sur des parois que je percevais à peine. Il ne me fallu pas longtemps pour visualiser ses prunelles brunes qui disparaissaient presque tant ses pommettes saillantes remontaient, créant d'adorables fossettes sur ses joues, lorsqu'elle riait.
J'avais toujours trouvé que Kay avait un rire – physiquement et musicalement – plus beau que les autres. Lorsqu'elle se mettait à rire, tout son visage s'illuminait. Elle riait avec son âme, comme elle pleurait avec son cœur. C'était une personne entière qui veillait à le rester. Elle disait la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, quitte à en être méchante, et ce rire que j'avais premièrement perçu comme bienveillant, comme une musique qui manquait à mes oreilles, se transforma en ricanement, un son que j'avais très peu entendu sortir de sa bouche. Une seule fois, à vrai dire.
Tu vois cette fille, là-bas ? On était au collège ensemble avant. C'est une traînée et pourtant, Dieu sait que je suis pas sage non plus. Ouais, ouais elle est enceinte. C'est son deuxième. Le premier, elle l'a eu à 14 ans. T'imagines ? Quelle conne, ruiner sa vie comme ça. Tu vois, ça c'est l'genre de filles que j'ai du mal à respecter.
Tremblante, je me redressai, encore secouée du souvenir que je venais de me prendre en pleine figure.
Niall dormait profondément à mes côtés, inconscient de tout ce qui se tramait dans mon esprit. Inconscient de ce que la vie m'avait infligée après son départ, après son retour. Niall ne savait pas, et je ne lui en voulait pas de ne pas savoir. Niall avait été chanceux, je l'avais moins été et aujourd'hui nous créions notre propre chance alors que j'essayais de me débarrasser de certains souvenirs qu'il s'efforçait de raviver, dans une tentative désespérer de retrouver une vie que nous ne pouvions plus avoir.
Silencieusement, je me glissai hors des couvertures et marquai un arrêt dans la chambre de Nolan que je regardai dormir pendant quelques minutes avant de descendre les escalier pour me rendre dans la cuisine où je me servis un verre d'eau.
Je n'avais jamais regretté d'avoir gardé mon bébé. A aucun moment, je n'avais pensé que ça aurait pu être une erreur et même si, étant donné les conditions, je n'avais pas vécu ma grossesse de la meilleure manière qu'il soit, je savais que ces neufs mois à porter Nolan avaient été une lumière dans le brouillard angoissant qu'était ma vie à cette époque.
Sur le comptoir, la lettre de Conor traînait encore. Je pouvais deviner ce qu'elle contenait. Des reproches, des questions auxquelles je ne pourrais sûrement jamais répondre, des demandes auxquelles je ne pourrais jamais accéder.
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FanfictionNiall a 19ans, il a une carrière mondiale, une teinture blonde à refaire tous les deux mois, des millions de fans, des yeux d'une couleur absolument surnaturelle, des amis irremplaçables, une quinzaine de guitares, un talent fou, un accent irlandai...