Et si j'avais . . .

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Je le sens.

Ce vent, une douce brise qui me passe au travers, fait se mouvoir mes cheveux, caresse mes oreilles, me prend doucement en son creux et refroidit ma peau brûlante. Il ne me retient pas mais au contraire me pousse en avant.

Comprend Damien je vais de l'avant.

Le vent, son souffle étouffe mes mots, ces mots si difficile à prononcer. Et autant à accepter. Il emporte au loin ma peine, mes regrets avec la poussière et les déchets. Dans cet air en mouvement je me sens libéré de tout mes poids et enfin capable d'accepter les choses telles qu'elles devraient l'être.

Là haut, le soleil à son zénith nous brûle Damien ; il chauffe mon corps, s'empare de moi, me donne des vertiges. Et toi, tes yeux figés de glace m'incendient. Tes paroles, tes gestes et la vérité qui émane de ce faible sourire me consument. Nourrissons ensemble ce feu, faisons fondre la glace avant qu'il ne devienne braise.

Avant que je ne devienne cendre.

Que penses-tu de moi maintenant ? Que vois-tu de moi, ici ? Tu me tends une main, ce faible sourire tirant toujours ton visage. Je peux la capter, ta tension. Tu es suspendu à chacun de mes mots,chacun de mes gestes. Tu attends ma réponse prêt à agir en conséquence. Que penses-tu de nous Damien ? De nous, ici et maintenant.

Qu'attendais-tu de moi ?

Nous sommes tous les deux là à la croisée des chemins comme suspendu dans le temps. Ici s'arrête ou continue la trotteuse. Un geste, un mot, un choix pour tout changer. Un avenir dont moi seul est l'influence. Voilà la nature de ton inquiétude, tu ne contrôles plus. Tu es obligé de me laisser faire. Nous marchons sur une fine couche de glace. Et si tu venais à bouger, cela précipiterait ma décision. Nous en viendrons à briser ce fragile équilibre. Avant d'avancer mesure les dégâts amenées par un seul de tes pas. Tout cela en vaut-il la peine ? Mais . . .

A quel jeu jouons nous Terracid, dis le moi !

Je suis lasse de l'attente de ces trois mots. Je peux les prononcer autant de fois qu'il le faudra mais rien, rien ne changera. Tu dis vouloir prendre de mon amertume pour me libérer mais c'est un amour que je veux partager. A force de les délaisser les mots perdent de leur sens. A force de me renier je perds sens. Tu voudrais me retenir de te les dire. Car une fois prononcés il deviennent réels. Alors plus question de se défiler. Tu me tends la main espérant que je la prenne pour soulager ta culpabilité. Tu me dis faire le maximum pour m'aider quand tu te fourvoies dans mes attentes. Tu me tends une main quand je veux ton cœur. Nous sommes piégés dans cette spirale où la fatalité nous mène ici

Aurais-tu peur de la vérité, Damien ?

Ton assurance s'envole avec mes mots, ton sourire s'efface sous le poids des conclusions. Tu comprends enfin où tout ça nous mène. Je vois ton corps se tendre en comprenant que le choix de départ est illusoire. Tout avait déjà était décidé ; tout était écrit. Tu vois enfin qu'il n'y a qu'une sortie possible.

Est-ce que je vois une larme ?

Le laps de temps s'est écoulé, l'aiguille reprend sa course. Tout se précipite dans ta tête ; tu ne sais plus quoi faire. Tu me prends le poignet mais je le dérobe à ta poigne. Vacillant tes genoux percutent le sol de béton. Relève la tête, regarde moi et montre cette océan de larmes que tu fais pleuvoir à mes pieds. Tu tentes un pas en avant, encore trop synchronisé j'en fais un en arrière. Tu comprends que je vais briser le cercle pour nous.

Trois mots ne seront bientôt plus qu'un ; je t'aime deviendra adieu.

Mon dos percute la rambarde, mon corps bascule vers le vide. Non, Damien je ne me rattraperai pas. Je laisse mon poids m'entraîner dans la chute. Tu cours vers mon corps, tends la main pour le retenir mais au moment de prendre mon poignet tu sais qu'il est déjà trop tard.Main glisse entre tes doigts. Je tombe une dernière fois. Tu te penches au dessus du garde fou. Je peux t'entendre hurler mon nom. Tune sais plus ce que tu fais, plus de notion de risques emprisonnés dans une cage tristesse. Tes pieds se soulèvent, tu pars.

La dernière chose que je vois avant de percuter l'asphalte, est un corps tombant à ma suite.


« La vie est un cadeau jusqu'à ce qu'elle se transforme en cauchemar. »


Once upon a time : a short storyWhere stories live. Discover now