Ferme les yeux #Ruggarol

°7°

et voilà, on commence le jeu maintenant .. ;) 

pfff.. Ça doit faire au moins vingt bonnes minutes que le jeu a commencé, et je n'ai toujours pas été désignée ! Pourtant, nous sommes vraiment peu. Je vais finir par croire que personne ne veut de moi dans ce fichu jeu.. Comment vais-je faire pour leur prouver que je peux être cool si on ne m'en laisse même pas l'occasion ? 

Je commence à désespérer.. Bon, stop, j'en ai assez ! Puisque personne ne me désigne, je vais m'intégrer au jeu seule ! Oui, voilà, je vais me lever et je vais-.. 

<< -.. de.. hum.. Karol ! >> Pourquoi a-t-il dit mon prénom ? Un gars venait de parler, mais j'étais tellement occupée à m'énerver toute seule que je n'ai rien écouté. Et voilà que maintenant, tout le monde me regarde, attendant patiemment une quelconque réaction de je ne sais pas qui. Soudain, une fille se lève et s'approche de moi, téléphone portable avec flash allumé à la main. << Si c'est ça que tu appelles un 'gage', je crois que je vais rater ce que tu me demandes plus souvent alors ! C'est vrai, Karol est super sexy ce soir !! >> susurra-t-elle  d'une voix mielleuse. Soudain, tout le monde se mit à siffler ou à crier des trucs du style "fais voir tes talents !! " ou "allez, épate nous Jenny hun !" Mais c'est quoi ce bordel ? Mon cerveau, ralentit par l'alcool qui l'empêchait de bien fonctionner, prit un certain temps à enregistrer puis comprendre toutes les informations qu'on venait de me fournir. 

Puis je compris enfin où tout le monde voulait en venir. Jenny, une jeune fille au style assez étrange, et étrange elle-même, qui assumait parfaitement de n'avoir aucune estime de soi ou des autres, allait pouvoir prendre des photos de moi. Je sais très bien comment fonctionne cette fille, de part le fait qu'elle a une sacrée réputation au lycée. A mon avis, prendre des photos gênantes ou honteuses de quelqu'un, fille ou garçon, lui importe peu. Par contre, elle se fera une joie, demain, de diffuser un peu partout ces clichés pour me créer une fausse réputation de je ne sais quoi - et avec elle, on peut s'attendre au pire-. Ne me demander pas pourquoi, Jenny est juste ce genre de personne qui aime sortir des gros dossiers sur tout le monde, vrai ou faux et en faire des rumeurs. Parfois, ses rumeurs vont tellement loin qu'elles sont mêmes déjà remontées au personnel enseignant du lycée, et aux parents ! 

Mais il semblerait que les litres et les litres d'alcool que j'avais ingurgité au cours de la fête m'empêchèrent de prendre conscience de la gravité de la situation. Dans deux jours, ma mère verrait ces photos et je serai punie de sortie jusqu'à la fin de ma vie, parce que j'ai bien conscience que là, tout de suite, on peut clairement voir que j'ai bu plus que de raison. 

J'essayais un tant soit peu de lutter contre ce gage, mais rien à faire. Mon cerveau, abruti par mon ivresse, n'arrivait pas à trouver une solution pour échapper à ses griffes. << heu.. mais nan ! J'veux pas moi ! Nan ! >> Mais tout le monde riait. Je regardai d'un air suppliant Valentina : après tout, c'est elle qui m'a entraîné dans ce jeu, c'est donc à elle de m'en sortir. Mais tout ce qu'elle fit fut simplement hausser les épaules, avec un regard désolé. Je pus lire sur ses lèvres << Ce sont les règles >>  

Des larmes me montaient aux yeux ; je ne savais pas du tout ce que Jenny comptait faire. Une boule de stresse noua ma gorge, m'empêchant ainsi de parler pour essayer de les dissuader de nouveau. Les idées fusèrent à toute vitesse dans ma tête, cherchant désespérément une issue à cette situation mais rien d'approprié ne me venait à l'esprit. Katja était parti avec Lio, Séb avait disparu avec la rousse et Valentina refusait de m'aider. J'étais comme coincée dans un piège qui se refermait doucement autour de moi. 

La panique continuait de me gagner et je parvins finalement à murmurer << je ne veux pas ... s'il vous plaît.. >> , espérant de tout cœur que quelqu'un m'ait entendu, et ait un peu pitié de moi. Ou en tout cas, assez pour arrêter cette fille aux cheveux roses et au sourire démoniaque. Pourtant, c'était peine perdue, avec tous les cris et l'agitation des autres joueurs. Au mon dieu, ma vie est fichue. Pourquoi ai-je bu autant d'abord ? La pression grimpait, encore et encore, sans que je ne puisse plus rien espérer. Je me mis debout, en reculant de quelques pas, ce qui était totalement inutile, puisque saoulée comme je l'étais, je devais seulement tanguer de gauche à droite.