Chapitre 7

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-Et donc, tu veux faire quoi au juste ? fit La Voix avec scepticisme.

La charpente de la remise où Nathanaël s'était réfugié grinça quand il posa son pied droit sur l'avant dernier barreau de l'échelle branlante qui menait jusqu'à la mezzanine où Mr Grumbler stockait le foin pour les deux vieux chevaux de traies de l'orphelinat.

-Je veux apprendre à voler.

Le fait qu'il aurait sûrement dû demander des conseils pratiques (et théoriques) à une personne avisée ne semblait pas vouloir le stopper dans son élan. Il avait encore une fois rêvé de l'aigle royal et la première idée qu'il avait eut en se levant -à l'aube- le matin-même était d'aller apprendre à voler. Parce que s'il arrivait sans problème à avoir une force surhumaine, il ne voyait absolument pas pourquoi il ne pourrait pas se mettre à voltiger comme un colibri s'il y pensait très fort.

Comme Rowena lui avait assuré que certains sorciers avaient la capacité de se transformer en animaux, l'idée même d'en devenir un aussi lui suffisait à lui faire sentir que deux ailes lui étaient poussées dans le dos durant la nuit. Sa maîtrise des lois de l'apesanteur et de la gravité avait fini de le persuader que tout ceci était une excellente idée : une pomme tombe attirée par l'attraction terrestre mais si celle-ci vole, elle ne tombe plus...non ?

-Laisse-moi te dire que je pense que tout ceci va très mal se terminer, mon Humain, l'avertit Sa Conscience.

-Mais non, tu verras Soul, je vais virevolter partout d'ici peu ! rétorqua Nathanaël, légèrement agacé du peu de confiance que lui accordait sa propre conscience.

Après maintes réflexions très complexes, l'enfant avait conclu que cette voix n'était autre que sa conscience. Il avait bien une seconde hypothèse mais le fait qu'elle incluait les termes « maladie psychologique » et « pas tout seul dans ma tête » l'avait rapidement fait pencher en faveur de la première hypothèse. Comme sa conscience lui avait cassé les oreilles depuis le jour d'avant, le matin en se levant, en se douchant, en s'habillant -en fait, elle lui avait cassé les pieds depuis qu'elle avait ouvert la bouche-, il avait tout bêtement décidé de la nommer Soul. Parce que « La Voix » n'était pas hyper rassurant (il n'était pas Jeanne D'Arc et osait espérer que cette voix n'était ni Dieu ni le Diable), parce qu'étant sa conscience elle était un bout de son âme et surtout parce qu'elle le « soûlait grave ».

-On ne pourra pas dire que je ne t'ai pas prévenu !

-Promis, si ça ne fonctionne pas tu pourras me dire « je te l'avais bien dit ! », dit Nathanaël en soupirant.

Il avait absolument tout préparé : un tas de foin à l'atterrissage (au cas où celui-ci serait plus rude que prévu), un système de corde relié par des poulies pour la sécurité et même la trousse de secours (on n'était jamais trop prudent) !

Le garçon s'approcha du bout des pieds vers la dernière planche de la mezzanine, avança le cou pour juger la hauteur, déglutit, agrippa les deux poutres verticales qui partaient du sol pour venir soutenir la charpente, ferma les yeux et inspira longuement. Il se concentra sur son objectif : voler. Il occulta toute son envie de posséder des ailes, des griffes et un bec d'oiseau pour ne diriger ses pensées que vers un seul et unique but comme le lui avait appris Godric. Il sentit le pouvoir gronder au fond de lui, remonter ses entrailles comme un courant de lave dans la cheminée d'un volcan en éruption, et jaillir de son essence même comme du champagne jailli de sa bouteille. Il rouvrit les yeux et su que les paillettes de ses yeux devaient danser la kalinka : il voyait pour la seconde fois -la première étant lors de sa grosse colère contre Salazar- son aura magique l'entourer de sa jolie couleur mordorée. Il sentait le pouvoir brut qui s'en dégageait, il prit une grande inspiration et sauta dans le vide...

Nathanaël WylltWhere stories live. Discover now