Chapitre 16

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Godric se glissa furtivement dans la chambre de Chiridirelle dans l'optique d'y fouiller ses maigres possessions et ainsi y trouver une preuve tangible que Nathanaël avait été ensorcelé par la drow.

Mais nulle potion amortentia n'y fut trouvée. Pas de grimoire décoré de cœurs et autres niaiseries. Ni de décoctions suspectes. Juste une sacoche en cuir souple qui contenait en tout et pour tout un corset de rechange, un short et un pendentif. Curieux, le sorcier se saisit du pendentif et l'ouvrit. À l'intérieur, un dessin hyperréaliste d'un drow au regard écarlate et glacial. Rien d'intéressant, en somme.

Un gémissement qui lui parvînt de derrière les tentures du lit lui rappela qu'il serait gênant que la drow ne le trouve en pleine enquête.

Il allait partir en catimini quand son regard accrocha les chaussons de son neveu à la forme si singulière de tête de lapin qui reposaient au pied du lit. Ses yeux s'écarquillèrent et, oubliant qu'il n'était pas dans son droit, écarta les tentures d'un geste brusque. Il y découvrît un enchevêtrement de membres bronzés et noirs. Nathanaël était roulé en boule face à Chiridirelle, sa tête reposant presque sur le ventre plat de la drow. L'elfe, quant à elle, avait passé un bras protecteur autour de cette même tête.

Le sang de Godric ne fit qu'un tour et il invoqua un Élémentaire d'eau depuis la salle de bain, fit grossir une bulle énorme et la fit léviter jusqu'au dessus de ce spectacle répugnant.

Avec un rire machiavélique qui ne lui ressemblait pas, il lâcha la bulle sur les deux amis qui se réveillèrent d'un bond.

Il était un adage que le sorcier n'avait pas pris en compte avant d'oublier tout son bon sens et par la même occasion de retrouver ses quinze ans : on ne réveille pas un drow qui dort. L'adage lui revînt subitement à l'esprit tandis que l'elfe sautait sur son dos, tous cimeterres dehors, pour l'immobiliser de ses jambes et faire passer habilement les lames de ses armes sous son cou.

-Je vais te tuer, le sorcier ! gronda Chiridirelle qui n'appréciait visiblement pas les réveils humides.

Nathanaël, qui fusillait son oncle du regard, hésita un instant à laisser faire son amie et simplement prétendre n'avoir jamais rien vu de la scène. Puis, il se rappela que malgré tout il aimait Godric.

-Chiri, laisse-le, fit-il en soupirant.

-Non, il mérite une bonne leçon !

-Chiri, s'il te plaît...Godric ne recommencera pas, hein Godric ? pressa t-il le sorcier qui déglutissait toujours un peu plus à mesure que la drow approchait ses cimeterres de sa jugulaire.

-Oui, oui, j'ai compris, tu n'aimes pas les blagues, fit-il pour ne pas totalement perdre la face. C'était juste une façon pour moi de te souhaiter la bienvenue.

La drow sauta de sur son dos pour pirouetter en direction de Nathanaël et atterrir souplement à ses côtés. Elle baissa ses cimeterres sans lâcher Godric du regard.

-Ne mens pas, tu te méfies de moi, cracha t-elle. Je ne vois pas pourquoi tu me souhaiterais gentiment la bienvenue.

-Peut-être parce que ton charme m'a complètement fait griller la cervelle à moi aussi ! lança t-il en regardant plus Nathanaël que la drow.

Nathanaël soupira. Ils étaient fatigants. Il se rendait maintenant bien compte de ce qu'avaient dû supporter Helga, Rowena et Godric quand il se battait lui-même avec son père, bien des mois auparavant.

-Ah, tu admets que j'ai du charme ! sauta Chiridirelle sur l'occasion.

-C'était ironique, bécasse !

Nathanaël WylltWhere stories live. Discover now