Partie sans titre 11

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« Il n'est donc pas étonnant que tes parents t'aient abandonnés, morveux ! »

La phrase que Salazar lui avait balancé à la figure continuait de tourner en boucle dans la tête de Nathanaël tandis qu'il courait à perdre haleine sur le chemin du Bois aux Disparus.

Il ne savait plus vraiment comment avait commencé la dispute mais le ton était rapidement monté et l'homme avait été cruel. A ces mots, son cœur s'était serré et l'enfant avait bien cru qu'il n'arriverait plus jamais à respirer à nouveau. Demain était le jour de son anniversaire et durant ces dernières semaines, Nathanaël s'était peu à peu rapprochés des quatre sorciers, passant naturellement du vouvoiement au tutoiement. Le jour le plus mémorable avait été lors du petit déjeuner où machinalement il avait remercié Helga de la tartine beurrée qu'elle lui tendait en l'appelant maman.

Salazar en avait recraché son jus d'orange sur Godric qui était assis en face de lui. Le visage d'Helga quant à lui valait tout l'or du monde : un sourire éclatant avait illuminé ses traits et elle avait couru enserrer Nathanaël de l'étreinte protectrice de ses bras.

Nathanaël avait laissé une chance à Salazar, il avait étudié longuement son comportement, avait cessé de lui lancer des piques à tout va et de l'asticoter pour déterminer si l'homme était en quelque sorte digne d'être son nouveau père. Ce qui en était ressorti était que le sorcier était plus que capable d'assumer ce rôle. Alors qu'il lui balance ces atrocités au visage lui avait brisé le cœur.

Les larmes coulaient sans retenue le long de ses joues et les branchages fouettaient ses bras mais l'enfant s'en fichait. Il voulait simplement rentrer à La Citadelle pour se terrer dans ses draps et y pleurer toutes les larmes de son corps.

Il détestait Salazar.

Il ruminait ses sombres pensées quand un sifflement suraiguë retentit et un projectile le frappa de plein fouet à l'épaule gauche le projetant hors du chemin. Ce fut un tronc d'arbre qui l'arrêta net, le choc lui coupant le souffle. Sonné, Nathanaël mit quelques secondes à reprendre ses esprits.

-Nat', Nat' ! Tu vas bien ? demanda la voix affolée de Soul.

Le garçon aurait voulu répondre par l'affirmative mais quand il essaya de bouger une atroce douleur au niveau de l'épaule irradiait ses chairs. Il tourna la tête pour voir un gigantesque dard semblable à ceux des scorpions planté dans celles-ci. La vue du sang chaud qui s'écoulait dans d'horribles borborygmes lui fit pratiquement tourner de l'œil.

-Lève-toi, Nat' ! cria Soul. Retourne sur le chemin, vite !

C'était donc ça, il était sorti du chemin et commençait déjà à devenir fou. Aucun dard n'était réellement fiché dans son épaule. Tout ceci était dû aux fruits de son imagination et à la magie du Bois. Péniblement, en faisait fit de la douleur qu'il pensait ressentir, il se releva et se traîna jusqu'au chemin. Son souffle était saccadé et l'air affluait avec difficulté jusqu'à ses poumons. Le sang continuait de tomber par grosses gouttes sur le sol terreux. Il s'apprêtait à reprendre la direction de La Citadelle, il voyait la sortie, elle n'était qu'à quelques dizaine de mètres de l'endroit où il se tenait mais entre son objectif et lui se tenait la créature la plus horrifiante qu'il lui avait été donné de rencontrer.

Haute comme le plus gros des grizzlis, un corps musculeux de lion, une énorme queue articulée qui finissait par le même genre de dard de scorpion qui était actuellement planté dans son épaule, des griffes impressionnantes et pour finir une tête humanoïde qui possédait trois rangées de dents pointues qui partaient d'une oreille pour terminer à l'autre en un sourire remplit de cruauté. Deux yeux d'un bleu glacial le fixait avec appétit. Nathanaël fit tout de suite le rapprochement : il avait lu tout ce qu'il avait à savoir au sujet de cette créature dans le livre de Théophile Gobeplanche.

Nathanaël WylltWhere stories live. Discover now