Chapitre 8

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À les écouter, j'avais l'impression d'avoir loupé plusieurs mois de cours, alors que pourtant j'étais ici depuis seulement trois semaines.
Trois semaines...

- J'crois que c'est tout, nan ? Finit par lâcher Lola.
- Non mais attends, on a oublié la prof de français qui a failli gifler un élève ! Rappela Allie.
- Non, on a déjà parlé de ça. Je crois que Lou doit en avoir plein la tête, à force de nous écouter, dit Lola.
- En tout cas elle ne peut pas en avoir plein la vue, plaisanta Mona.
- Ah, ah, ah, je suis morte de rire, dirent Lola et Allie en chœur, d'un ton ironique.
- Avouez elle était pas mal celle-là, rigola Mona.
Je trouvai cela un peu déplacé mais si j'avais pu, j'aurais échappé un petit rire. 
- Euh, vous avez vu l'heure ? On devrait peut-être y aller ! Réagit Lola.
- Oh, oui, tu as raison ! Dirent mes deux autres amies au même moment.
J'entends des bruits de chaise se racler au sol, quand il y eut un frappement à la porte.
- C'est qui ? Fit doucement Allie.
- Je peux entrer ? Demanda la voix, de derrière la porte.
- Euuuh, oui, hésita Lola.
- What ? Mais qu'est-ce que tu fiches là, toi ? Lança Mona.
- Je suis venu voir Lou, j'ai des trucs à lui dire ! Répliqua la voix d'un jeune homme.
- Que dalle ! Vous êtes même pas proche, plaisanta Lola.
- C'est bon, il fait ce qu'il veut, tant qu'il ne la touche pas, dit Allie.
- Bien sûr, la blague ! Bon, on y va, grogna Mona.
La porte se referma. Qui était ce garçon ? Je ne reconnaissais pas à sa voix. Pourquoi venait-il me voir ? Que me voulait-il ? 
- C'est Florian, dit-il tout bas. Tu peux m'entendre ?
Florian ? Le garçon qui était dans ma classe toujours tout au fond des salles à plaisanter avec son autre pote ? Comment il avait trouvé ma chambre et qu'est-ce qu'il l'avait poussé à venir ?
- Enfin, je sais pas pourquoi je pose la question, tu ne peux pas me répondre ahah.
Bien vu.
- Si tu m'entends, tu dois te demander pourquoi je suis ici.
Quel devin !
- Hé bien... commença-t-il, avant qu'il ne laisse un blanc de quelques secondes. Je ne sais pas trop si tu me remarques beaucoup, je ne sais pas trop si tu m'apprécies ou encore tu te souviens des fois où l'on a parlé ensemble.
Bien sûr que je me souvenais des fois où l'on avait parlé ensemble. Et ce qui en était de le remarquer en classe, personne ne pouvait le louper, vus tous les rires qu'il se lançait avec Bastien...
- Quand j'ai appris que tu avais eu un accident, ça m'a fait comme un coup de poing dans le cœur.
Mais qu'est-ce qu'il était en train de raconter ? On se connaissait à peine. J'essayais de me concentrer au plus possible à écouter et comprendre ce qu'il disait.
- Au début, je ne m'en suis pas rendu compte, d'habitude, je ne m'intéresse pas vraiment aux filles. Mais les quelques fois où l'on s'est échangés des mots, tu m'as vraiment plu. Pendant que je faisais pas l'andouille en classe, je te regardais beaucoup.
Il marqua un cour temps d'arrêt.
- Oui, je sais, c'est étrange. T'es dans un lit d'hôpital, je sais même pas si tu m'entends, et moi je suis là à t'avouer quelque chose à haute voix à laquelle je n'aurais jamais osé dire. Au début, je ne te remarquais même pas, mais au fur et à mesure, tu m'intriguais de plus en plus. Tu as l'air d'être une fille simple d'esprit et pas prise de tête. Tu ne cherches pas à attirer l'attention sur toi. C'est un peu le contraire de moi, on va dire ahah. Je ne suis pas hyper populaire, je ne suis pas le meilleur de tous les mecs, je suis juste le pitre du fond de la salle. 
Il était tombé amoureux de moi ? J'avoue que je n'avais jamais eu de petit copain, et je n'ai jamais vraiment été intéressée par eux. Je n'étais pas appréciée de tout le monde, et je n'avais jamais eu de "déclaration" de ce genre. J'étais totalement abasourdie. Est-ce que je ressentais la même chose ? Comment le savoir ? Même s'il était vrai que je n'avais jamais vraiment prêté attention à lui... ou pas, quand on y repense. M'avait-il attiré sans que je m'en rende compte ? Mais on se connaissait à peine... Si sa déclaration me faisait autant d'effet, ce n'était sûrement pas par hasard. 
- Je commence à être hyper gêné, reprit-il. Je sais pas si j'aurais dû te dire ça, mais maintenant c'est fait. Je crois que je t'aime. Voilà. C'est trop con, parce que ça se trouve tu ne te réveilleras jamais. Mais c'était important de te le dire. Alors adieu, ou au revoir. Je sais pas. 
Et plus rien. Il partit très discrètement.

Toutes ses paroles se tournaient et retournaient dans ma tête. Je ne pouvais pas comprendre que quelqu'un puisse ressentir ce genre de chose à mon égard.
Je me souviens encore du premier jour où l'on s'était parlé. Comme à son habitude, il faisait l'andouille avec son voisin. Ils s'amusaient à se balancer des crayons, quand j'avais reçu un de leurs projectiles dans la nuque et il était tombé par terre. Par réflexe, je m'étais retournée. Il m'avait demandé si ça allait et il m'a demandé si je pouvais ramasser son stylo qui était juste à côté de moi. Je lui avais répondu d'aller se faire voir, puis il a soufflé. Ou je me remémorais encore le jour où nous avions fait une sortie au théâtre, il s'était installé à côté de moi parce qu'il n'y avait aucune autre place. Mes trois autres amies étaient juste le rang devant et lui avait trop "perturbé" le car, alors on l'avait placé à côté de moi. J'étais très intéressée par la pièce qui se produisait, mais lui ne faisait que parler, alors j'avais du clairement lui demander de la fermer. Ce qu'il n'avait pas fait évidemment. 

Je fus réveillée par la sonde à laquelle j'étais branchée. Ce devait sûrement être l'heure du "repas". Pour moi, ce parut une évidence maintenant : il fallait absolument que je me réveille. 

Wake upWhere stories live. Discover now