Chapitre 1 - Le cœur de la forêt

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Neal sirotait sa limonade glacée, ravi de goûter à un peu de fraîcheur en cette journée d'été. Il faisait si chaud ! Le soleil brillait fort dans le ciel, sa grand-mère devait être en train de regarder la télé et son grand-père devait certainement être endormi.

Chaque année, Neal venait passer un mois de vacances à la campagne, loin de la ville, de la pollution, du bruit... et de toute forme de distraction. Une semaine depuis qu'il était là, et qu'avait-il fait à part manger et errer mollement dans la demeure ? La seule chose excitante qui s'était passé est la bagarre du chat de sa grand-mère et celui du voisin, la veille. Tiens, le chat à poil orange – que Neal aimait surnommer Garfield – se prélassait à ses pieds, et Melanie écoutait de la musique assise à côté de lui sur la terrasse.

Neal, qui ne s'entendait pas avec sa cousine quelques années auparavant, a récemment découvert qu'elle était plutôt sympathique. On les taquina d'ailleurs à propos de leur brusque rapprochement, mais outre les problèmes peu attirants de la consanguinité, Neal n'avait d'yeux que pour...

— Eh, ce ne serait pas Aya là-bas ?

Neal braqua son regard sur le fond du jardin. Melanie avait vu juste : c'était Aya qui poussait la porte en bois. Elle portait cette robe légère qu'elle affectionnait tant, toute en soie et en dentelle, et qui provoquait un contraste presque troublant entre le paysage fade et son allure de princesse.

Melanie eut un sourire en coin en voyant la réaction de Neal.

— Salut Aya, lança-t-elle dès que cette dernière arriva près d'eux.

Ses longs cheveux noirs étaient libres, encadraient son visage harmonieux. Aya salua ses amis de la tête, un sourire sur les lèvres. Quand Neal sortit de sa torpeur, il lui fit signe de la main.

— Qu'est-ce que vous faites ?

— On se saoule à la limonade, dit Melanie en levant son verre pour l'emphase.

Aya fronça le nez d'un air amusé.

Alors qu'est-ce que vous dites d'une promenade en forêt ?

Encore ? se plaignit Melanie.

Hormis les parties de cartes nocturnes et les barbecues occasionnels, les balades en forêt était le seul passe-temps dont ils pouvaient profiter – seulement, en l'espace de quelque jours ils en avaient déjà abusé.

— C'est une très bonne idée.

Neal bondit de sa chaise et commença à suivre Aya. Melanie leva les yeux au ciel. Elle était convaincue que si Aya demandait à Neal de se jeter du haut d'une falaise pour elle, cet idiot le ferait et avec sourire. Elle finit par ranger ses écouteurs dans sa poche et de les rejoindre vers le fond du jardin, où se trouvaient leurs vélos.

Les sentiers de terre n'étaient pas l'idéal pour rouler mais cela ne les empêchait pas de filer à travers la forêt à toute vitesse. La brise qu'ils créaient sur leur sillage était la bienvenue, d'autant plus que l'air embaumait d'une odeur agréable de fleurs et de pin. Faire bouger ses muscles, apaiser son esprit, cela leur offrait une douce sensation de liberté.

Neal menait la course, cette fois. Il zigzaguait entre les arbres, guidant les jeunes filles derrière. Sans vraiment le vouloir, il prit la direction du lac, plus très loin maintenant. Depuis qu'ils l'avaient découvert l'été précédent, il est devenu leur coin à eux. Le coin où eux seuls se retrouvaient.

Neal appuya sur ses freins, faisant crisser les pneus de sa bicyclette. Melanie et Aya l'imitèrent et bientôt, tous trois s'assirent au bord du lac. Leurs yeux se perdirent dans l'eau qui avait toujours cette belle couleur bleue cristalline. Une chance que l'endroit ne soit pas très visité ; au moins restait-il non pollué par les humains et leurs saletés.

Theory of a Dead ManWhere stories live. Discover now