Chapitre 7

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Je suis en retard.Alexandre LeGrand-Crétin m'a rajouté deux assassinats en plus. Déjà que j'ai une gamine à punir au QG... Je la déteste déjà ! Son air d'enfant innocente, naïve et sotte comme un toaster a crêpe ! C'est sûrement une fille de Bourgeois qui n'a rien vu à la vie dur et froide des Misques. C'est certains. 

Son teint parfait, sans la moindre imperfection, ses yeux d'un bleu étoilé, son comportement... Tout porte à croire que c'est une Bourgeoise qu'on a rejeté. 

Chez les Bourgeois, il y a une loi :

- La race Bourgeoise doit être blanche, aux cheveux blonds et aux yeux bleus.

C'est balo gamine ! À un cheveu blond près. Il ne fallait pas naître avec des cheveux noir corbeau. Cette loi aussi idiote qu'une Bourgeoise devant une téléréalité entre robots. C'est presque exactement la même que celle d'Hitler en 1939 ! Et c'est il y a presque deux siècles. Les dirigeants et les peuples... Au fond, se ressemblent tous. Tous cons.

Je suis à deux pas de la porte blindé. Je sens d'ici l'odeur de la peur. Elle sait ce qui l'attend, non, elle l'appréhende seulement. Je sens son cœur se rompre au bruit de la sonnette. Il se déchire comme le cœur de chacune de mes victimes. 

J'entre. Le bruit ne cesse pas, mais au contraire, augmente. Des acclamations, des huements. Ces sales chiens ne veulent que la guerre. J'entends des :

- Tue la l'Assassin !

- J'aurais pas aimé être à sa place !!!

- Il va rien en rester de la fillette !

Je fais taire ces zouaves alcooliques d'un mouvement de main et je m'avance lentement devant ma prochaine victime. Elle tremble de peur, elle va fondre du minute à l'autre comme le Louvre après la pluie. Ses yeux de Bourgeoise me regardent finement, malgré sa peur, elle connaît les conséquences de ses actes. 

Je m'approche, je ne suis qu'à deux pas, un pas, vingt centimètres. Nos regards se croisent et je lui murmure à l'oreille.

- Tu es prête à ce qui va suivre ?

- On va dire ça... Dit-elle entre les dents.

Tout d'un coup, mon père me pousse. Quoi ?! Comment ose t-il ?! Je respire profondément, essayant de calmer mes nerfs. Si c'était un inconnu, il serait accroché devant la porte, la tête dans le mur !

Il me prend moi et la fille-dont-j'ai-complètement-zapé-le-nom par le bras. Je me laisse faire, mais sous mon masque à gaz, je suis rouge de colère. Je déteste me faire manipuler...

- Mes camarades, mes frères ! J'ai une grande nouvelle à vous annoncer ! 

La Bourge' panique. Comme si elle connaissait d'avance la suite du discours. Mon père me tapote l'épaule comme pour dire :

« J'ai une belle surprise pour toi !»

Ça ne peut que mal finir...

- J'ai face à moi... Deux jeunes fiancés ! 

La salle est bouche bée. Je suis tellement choqué que mon masque tombe. Je n'arrive plus à parler, a respirer. Ma victime est presque en état d'évanouissement. Seul mon père rit devant nos têtes horrifiées. Je dégage ma main violemment.

- Papa ! Je ne me marierais pas. Encore moins avec une Bourgeoise et jamais avec ELLE !  Prends là pour toi, moi, j'en veux pas !

Il m'emmène dans ma chambre qui est à deux pas. Elle m'a d'ailleurs l'air... Différente. Mais je n'arrive pas à savoir ce qui a changé.

- Adrien, je commence à être vieux, et j'ai envie que ma lignée ne s'éteigne pas. Tu comprends ?

- Papa, je travaille. J'ai un métier compliqué et dangereux et le patron ne me laissera jamais me marier avec elle ! D'ailleurs, il m'a demandé de la lui apporter. Ses poumons sont une magie de l'évolution apparemment. 

- Non, tu la gardes pour toi Adrien ! Tu ne contestes pas ! Gronde Berkeley avec sa voix caverneuse. Point final !

- Elle est d'accord au moins ?

Faut faire semblant de s'intéresser. Il finira par arrêter non ?

- Qui lui demande ? Lâche Berkeley.

- Je ne suis pas d'accord.

C'était une petite voix, toute petite. C'est la gamine. Elle avait réussit à se cacher dans l'armoire. Elle sort, avec le rouge aux joues et les mains moites. Je suis vert de rage, littéralement fou. J'ai envie de les égorger tous les deux...

« Calme toi, respire »

Je prends de longues respirations. Je ne suis pas habitué a tant de bouleversements.  Soudain, je me mets a tousser. Mais ce n'est ni la maladie, ni l'étouffement. Que m'arrive t-il ?! C'est incontrôlable et horriblement long et douloureux. Mon père me demande apeuré :

- Qu'es-ce qu'il t'arrive ?!

Je n'arrive pas à lui répondre, je n'arrive pas à arrêter de tousser. Je commence à cracher du sang et j'ai du mal à respirer. Oh non, je n'ai pas envie de crever comme ça ! Ça y est, je n'arrive plus à respirer. Je tombe au sol, pris de vertige et de tremblements. 

Soudain, tout s'arrête. Non, je ne suis pas mort. Loin de là. C'est la gamine, elle m'a remis mon masque a gaz. Je me remets debout avec difficulté et me tourne vers la porte en titubant. J'ai un horrible mal de tête et j'ai une atroce envie de vomir. Avant de partir, je lâche un faible :

- Gamine, prépare tes affaires, on va à New York. 

Sans l'Ombre d'un Battement d'AilesWhere stories live. Discover now