Chapitre 8

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Je n'ai sur moi que mon pyjama, quelques livres que j'ai piqué dans la bibliothèque d'Assassin, mon vêtement militaire et ce qui reste de ma dignité. Berkeley a osé me fiancer à son fils. Je ferais en sorte que ça ne dépasse pas le stade de la simple proposition de mariage. 

Marier deux inconnus, quelle idée ! Mais pourquoi avoir fait ça ?

Ils me kidnappent, m'enferment et me fiancent avec le pire de leur geôlier ?

Je suis au pas de la porte avec le sac à dos que m'a affectueusement offert l'un des membres du gang. Comme toujours, dehors, le même temps maussade, nuageux, gris, triste et déprimant. Adrien m'attend dans une boîte de cinq mètres en ferraille, avec des roues en caoutchouc je crois. Je suis pratiquement sûr de connaître ce "machin" mais le nom de ne me reviens pas sur le coup.

Berkeley se tient à la porte en nous souhaitant bonne chance. Sans adieu, je rentre dans la boîte de fer roulante, tête haute, accompagné d'un pas assuré et contrôlé.
Adrien me demande de m'asseoir face à lui. C'est une machine-roulante grande et l'intérieur est meublé d'une table et d'un mini-frigo. Les sièges en cuir sont confortables et chauffés. L'air y est aussi différent, beaucoup plus frai et pur. L'Assassin a retiré son horrible masque et a ma grande surprise, n'a eut aucune réaction. Il se met à l'aise en enlevant ses bottes, son manteau et ses gants. C'est à ma plus grande surprise que je découvre qu'il y a un véritable être vivant sous ce tas de vêtements. J'en profite pour regarder mon guide de plus près. Avec son masque, son long manteau noir et ses hautes bottes, je ne pouvais distinguer qu'un faible morceau de son anatomie.

Adrien est blanc comme un linge et a les cheveux poivre et sel. Étonnant pour son âge. Sur son visage, il y a encore les marques du masque. Adrien est vêtu d'un pantalon militaire et d'un simple débardeur blanc. Son corps est musclé, en bonne santé et tatoué sur le bras, le signe des Berkeley.
Je m'installe confortablement dans mon siège et réfléchi à beaucoup de choses, mais le principal sujet est Adrien. Je ne le connais pas, et je suis emmenée vers un lieu inconnu.

Il a un travail, il est bien payé, a la chance de se balader dans une... ( ça me revient ) VOITURE luxueuse... Pourtant, lui et son (notre?) gang, vivent cachés comme des rats, mais dans un certain confort. Que me cache t-il ? Comment peut-il vivre comme un Bourgeois alors que c'est un Misque ?
L'automobile démarre et je commence à m'assoupir. On ne m'a rien dit quant au voyage, si ce n'est qu'on va à New-York. Je ne sais pas où cela se situe en Europe. Peut être à l'Est ? La suppression du travail, des écoles, des lieux de vacances pour les Misques a ramené le monde au Moyen-âge. C'est vraiment triste quand on y pense...

Je ferme un œil, puis deux. Le sommeil m'emporte dans ses bras. Je peux dormir tranquillement. Avec Adrien, il n'y a aucune crainte. Quoi que...

***

La voiture sursaute et je tombe sur Adrien. Il me repousse dans mon siège rouge de colère. Un violent retour du monde des rêves. Une fois réveillée, je demande à Adrien :

- On est où ? 

- Dommage que tu te sois réveillée. Presque si je ne te voyais plus. On est sorti de Paris.

Je ne réponds pas à l'attaque de l'Assassin. Qui sait ce qu'il me ferait ? À la place, je lui demande où l'on va. Mes questions vont le lasser et l'énerver, mais je veux connaître les réponses.

- Tu ne peux pas te taire gamine ?! Gronde t-il.  Je te l'ai déjà dit, on va à New-York. D'abord, on prend la voiture puis on va à l'aéroport.  Maintenant, tu la boucles.

Je lève les yeux au ciel et me tourne vers la fenêtre. On est pratiquement en campagne. Les champs sont vides, secs et des centaines de robots ramassent les millions de détritus. Dire que tout ce que font ces abrutis de robots, nous, délaissés de l'État aurions pu le faire pour vivre dans de bonnes conditions. Ils nous volent notre travail, notre vie. Pour Alexandre, les robots sont pratiques. Ils ne font pas grève, ne sont pas payés, ne ressentent pas la fatigue et ne tombent jamais malade.

La vie est mal fichue.

Tout d'un coup, on frappe à la portière de gauche. Un enfant, pas plus haut que trois pauvres pommes, court aussi vite qu'il peut après de la voiture. Il me hurle de lui ouvrir la portière. Dans ses yeux, brûle la peur et la fatigue. J'essaie, avec peine d'ouvrir cette fichue portière, complètement paniquée. Elle est bloquée ! Je supplie Adrien de m'ouvrir la portière. Il se contente de me répondre froidement :

- Si tu veux tant l'aider, je te laisse mettre un pied dans ton cercueil. Sors, mais ne reviens pas.

- Sans soucis.

Il paraît surpris. Il croyait peut-être que j'allais renoncer à l'enfant. Il pousse un long soupir et se décide à ouvrir la porte, sans oublier de me lancer le plus sombre des regards. Le petit garçon est à bout de forces, je me penche pour lui tendre la main, mais je n'y arrive pas. 

- L'Assassin, tu ne pourrais pas dire au chauffeur d'arrêté la voiture ?! M'énervai-je. Je n'arrive pas à l'atteindre !!

- Gamine, tu ne vois pas que l'on est poursuivi par les Sharks ?!!!! ILS T'ONT VU !! Grogne t-il. Le mioche a dû leur voler quelque chose. 

- Aide moi !! 

L'Assassin prend une grande inspiration et saute de la voiture. Je pousse un cri quand il roule par terre. Comme un acrobate de cirque, il se réceptionne parfaitement et rattrape le petit garçon sans soucis avec une rapidité qui m'effraie. Adrien l'attrape et le jette sur ses épaules. Il atteint ma position très rapidement. Il lance d'abord le petit dans mes bras puis, lui, monte en moins d'un saut. 

Complètement essoufflé, il réussit a me lancer :

- La Gamine... Ça me fait... Une... Deuxième bouche à nourrir. Tu me rends la... Tâche plus difficile... À chaque fois. Tu t'occuperas... Du mioche.

- Pas de soucis ! Je réponds en serrant le petit garçon en pleure.

Il rajoute difficilement avant de tomber au sol :

- Je te déteste.

Sans l'Ombre d'un Battement d'AilesWhere stories live. Discover now