Divagations

368 61 21
                                    

Je suis dans un établissement blanc et stérile. Les murs et les portes sont immaculés. Cet endroit est gorgé d'angoisse... Aucune trace d'âme qui vive... J'erre dans ces locaux déserts sans croiser personne... J'ai peur... Je ne ressens que du mal-être et une profonde tristesse m'envahit... Soudain, je semble repérer une personne au loin... Quelqu'un ! Il y a quelqu'un ici ! Je cours pour rejoindre cet inconnu...

— Céleste, Céleste !

J'ouvre les yeux. Ma vision reste trouble mais je décrypte le visage de ma tante.

— Nous t'avons ramené des médicaments. Prends-les, ils t'aideront à faire baisser la fièvre plus rapidement.

J'essaye de me redresser péniblement. Jeanne me tend les médicaments et Martin un verre d'eau. Pendant que j'avale le tout, je distingue un bol sur ma table de chevet.

— Lucas t'a préparé un bouillon pendant que nous veillions sur toi, me répond promptement ma tante comme si elle avait deviné mes pensées.

— Lucas ? questionné-je.

— Exactement. C'est lui qui t'as ramené à moitié inconsciente à la maison et il a veillé sur toi pendant que nous sommes partis à la pharmacie de garde, continue Jeanne.

Mes souvenirs tentent de reprendre leur place... Mes vertiges, ma fièvre, Lucas... C'est vrai qu'il a veillé sur moi...

— Tu devras le remercier, commence Jeanne.

— Oui, bon, ne l'embête pas avec ça, grommelle Martin. Il a été serviable c'est sûr, mais on ne va pas en faire tout un plat.

— Je le remercierai, finis-je en entamant son bouillon. J'aimerai me reposer encore un peu...

— Pas de problème Céleste, me répond ma tante dans un sourire inquiet. S'il y a quoique ce soit, n'hésite pas, on reste là ce soir.

J'acquiesce et les observe quitter ma chambre en finissant mon bol. J'aimerai dire que son bouillon est le pire met au monde, malheureusement, il est délicieux ! Peut-être un peu trop salé, mais exactement comme je l'aime... Argh, il m'énerve même quand il n'est pas là. Je pose le bol sur ma table de nuit et m'enfouis sous ma couette car je sens que mes courbatures et mon mal de crâne me reviennent... Le sommeil m'emporte et je me surprends à rêver...

— Princesse aux rubans ?

J'entrouvre les yeux. C'est pas possible, il est revenu.

— Je viens juste récupérer le bol et... Tu as tout mangé ? Même malade tu t'empiffres, t'es pas croyable, s'esclaffe-t-il.

— Lucas ! m'énervé-je à bout de souffle.

Lucas récupère le bol et pose avec douceur sa main sur mon front.

— Ta fièvre ne baisse pas, murmure-t-il.

— Je dois me reposer, ça ira mieux, le rassuré-je. Et j'ai pris les médicaments.

— N'en fais pas trop, je ne serai peut-être pas toujours là pour te récupérer quand tu t'effondres.

Mes yeux se perdent dans les siens. À quel jeu joue-t-il exactement ? Sa gentillesse, sa bienveillance, son attention ? Ça lui apporte quoi ? Il récupère le bol et se dirige vers la porte.

— J'espère pour toi que ce sera ton prince qui s'occupera de toi la prochaine fois et pas un de tes serviteurs, princesse aux rubans.

Ok, il a gagné, il m'énerve. J'use mes dernières forces pour saisir mon coussin et lui lancer au visage. Évidemment, comme ma vision est trouble et que mes forces sont moindres, mon oreiller finit sa course au bout de mon lit. Lucas contemple ce spectacle affligeant et ne peut s'empêcher d'éclater de rire.

— Sors de ma chambre, sale lutin ! lui commandé-je.

— Un jour tu me prieras plutôt de venir te rejoindre dans ta chambre, s'amuse Lucas.

— Sors de ma chambre ! ordonné-je sur un ton davantage incisif.

Alors que Lucas franchit le pas de la porte, je vois mon pendentif briller d'une lumière aveuglante.

— Oh non, pas maintenant, murmuré-je craintive.

— Tu viens de me parler ? me demande Lucas en haussant un sourcil.

Je le dévisage et me fais violence pour ne pas tourner ma tête vers les deux séraphins qui sortent de mon médaillon.

— Céleste !!!! s'excite Lili, un portail vient de s'ouvrir tout près d'ici !

— Euh... Céleste est occupée avec un jeune homme apparemment, sourit malicieusement Watery.

— Tiens, mais qui est-ce d'ailleurs ? m'interroge Lili avec véhémence.

— Son petit copain, non ? Sinon pourquoi serait-il dans sa chambre ? questionne malignement Watery.

— Son petit copain ? reprend Lili. Mais ce n'est pas Anthony...

— Tu sais Lili, à cet âge-là, les jeunes filles changent souvent d'amoureux, c'est normal... sourit narquoisement Watery.

— Mais moi j'aimais bien Oliver, souffle tristement Lili.

— Mais regarde son nouveau compagnon... Je pense qu'elle a vite oublié ses autres conquêtes avec son simple sourire, s'amuse Watery.

— C'est vrai qu'il est charmant... continue Lili. D'ailleurs, qui est-ce ?

— Personne ! m'emporté-je.

— Euh... Tu divagues princesse aux rubans ? C'est la fièvre ?

Et mince ! Il va définitivement me prendre pour une folle !

— Oui je dois avoir des hallucinations car je te vois encore dans ma chambre ! m'agacé-je.

Lucas me lance un sourire amusé. Il n'a pas tourné son regard vers les séraphins et ne semble pas les avoir entendues. Tant mieux, un problème de moins à régler. Je n'avais pas envie de me retrouver à gérer une énième personne sensibles aux ondes magiques.

— Céleste, s'impatiente Lili.

J'attends que Lucas referme la porte de ma chambre et me tourne enfin sans crainte vers mes deux amies magiques.

—  Il est où exactement votre portail ?

Note de l'auteur: Lucas est resté au chevet de notre Céleste 🙄😍
Mais un portail vient juste d'apparaître, comment notre héroïne va-t-elle mener ce combat en étant aussi malade?😷 😰

La gardienne Céleste - Tome 1: EveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant