L'école primaire

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Je me sens beaucoup mieux et j'ai envie de me promener. Je ne peux pas rester chez moi à ressasser tous les derniers événements... De toute façon, je n'arrive pas à avancer. Je me retrouve dans une impasse et je commence à m'agacer. Je me dirige au salon et explique à mon oncle et ma tante que je pars me balader aux alentours. Je me sens beaucoup mieux, la fièvre a baissé et les vertiges sont partis. Je me retrouve dehors et constate qu'il ne neige plus. Bien entendu, il fait encore assez froid pour que la ville reste recouverte par un épais manteau blanc. Je marche, sans vraiment réfléchir à la destination. Mes pas me conduisent vers mon école primaire... Que de souvenirs... J'ai aimé cette école, tous les moments passés, les gens rencontrés... Je n'avais pas de parents, mais je n'avais pas à me plaindre non plus. Je crois que c'est entre ces murs que j'ai forgé ma personnalité. Je repère le petit monument aux morts devant l'école. Il a été érigé en mémoire aux enfants morts pendant la guerre. Avec mes amis, nous aimions beaucoup nous retrouver à côté pour mener des plans d'attaque. Quels plans d'attaque ? Je ne m'en souviens plus moi-même. Nous avions toujours des idées farfelues et chacun embarquait l'autre là-dedans sans réfléchir. Nous nous faisions mutuellement confiance. La peur n'existait pas quand nous étions ensemble. La tristesse s'envolait dès qu'un de nos amis nous tendait la main pour jouer avec nous. La naïveté enveloppait nos cœurs et emmitouflait profondément nos mauvaises pensées. Tout était prétexte à l'amusement. C'est tellement simple d'être un enfant quand on a des amis pour nous le rappeler.

— Céleste ?

Je tourne ma tête et découvre Maxence marchant tranquillement à ma rencontre.

— Que fais-tu ici ? lui demandé-je.

— Nous promenons le petit chien avec ma sœur, mais là elle a voulu faire le grand tour du côté de la salle polyvalente... J'ai eu la flemme, j'ai dit que je l'attendais près de l'école.

J'acquiesce. Maxence habite dans le même village que moi et nous nous sommes rencontrés à l'école maternelle. Dans cette école. Nous étions dans la même classe maternelle, mais nous nous côtoyions pas encore à cette période. Maxence était le genre de petit garçon qui était toujours entouré de beaucoup d'autres enfants. D'une nature sociable, drôle et souriante, il avait une floppé d'amis. Ce genre de personnage ne m'intéressait pas. Encore un enfant superficiel et qui ne pense qu'à son image, pensais-je à tort. Par un jour frais et ensoleillé d'automne, nous étions assis avec Maxence et d'autres amis dans un coin de la cour. Nous avions un débat relativement vif sur le père Noël. Quand soudain, une guêpe virevolta autour de nous. Tous les enfants partirent en courant, sauf Maxence qui restait immobile. Je m'étais un peu éloignée de l'insecte, mais stoppai net ma course quand je vis le garçon calme et impassible.

— Maxence ! Bouge ! lui ordonnais-je.

Mais Maxence resta de marbre. Je me suis alors dit rapidement que l'avis que je m'étais forgé sur lui était avéré: il donne une image de lui comme étant un garçon fort et courageux, mais il n'en est rien et reste même totalement tétanisé face à cet insecte volatile.

— Si on reste calme et qu'on ne bouge pas, elle s'en ira d'elle-même sans s'en prendre à nous.

Toutes mes idées reçues s'effondrèrent. Je m'étais totalement leurré sur la vraie nature de ce garçon. Moi qui pensais que Maxence était un poltron sans réflexion, j'étais bien loin de la vérité.

— Aïeee !

Et mince, ce qui devait arriver arriva. La guêpe l'avait finalement piqué malgré son immobilité.

— Comment vas-tu ? lui demandais-je inquiète.

— Ça surprend, mais ça ne fait pas si mal, grimaça-t-il sereinement.

La gardienne Céleste - Tome 1: EveilWhere stories live. Discover now