Mauvais karma

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Quelques jours après ma conversation avec ma famille, Anaïs me contacte pour m'informer que son patron souhaiterait avoir un entretien avec moi. Elle en profite également pour me demander si je me suis renseignée vers qui me tourner. Je lui mens en lui disant que j'ai trouvé le professionnel et que mon rendez-vous est prévu pour le mois prochain.

Cela semble rassurer ma sœur. Quant à moi, cela me permet de souffler et de ne plus être bombardée de messages de sa part destinés à me soutenir psychologiquement. Je sais qu'elle fait tout ceci pour mon bien et je lui en suis reconnaissante. Mais je sais également qu'étant une apprentie psychologue, elle n'en voit que par eux et s'il y a bien quelque chose que je peux affirmer, c'est que je me suis débrouillée toutes ces années sans eux.

Bien évidemment, mon entretien pour ce « carrefour city » se passe à merveille. Le patron est quelque peu surpris d'apprendre que je suis banquière (comprenez-le, ce n'est pas tous les jours qu'il lit un parcours aussi exceptionnel que le mien).

Mon contrat débutant le lundi 24 avril, je décide de profiter de mon temps libre le week-end précédent. Après avoir dû annuler ma séance de shopping entre sœurs parce qu'Anaïs a ramené mister bouclettes avec elle, je comprends que je devrais faire mon tour en solitaire. Je l'aime bien ce Clément (même si je n'adhère pas à sa coupe, ni même à ses choix vestimentaires), il est gentil, a attendu ma sœur pendant une éternité et la rend heureuse. Mais je doute que me conseiller niveau lingerie fasse partie de ses souhaits.

Alors que je les regarde s'éloigner main dans la main, mon cœur se serre. J'ai l'impression que je suis en train de me perdre depuis que j'ai raconté mon secret « Martine ». Moins sarcastique, moins provocatrice et courageuse, je me transformerai presque en une version améliorée d'Anaïs.

Si ma sœur semble justement apprécier ce changement, moi je ne l'aime pas du tout. C'est déconcertant d'avoir du mal à se reconnaître soi-même. Durant plus de quinze ans, je me suis efforcée à me construire une armure et cette dernière menace de s'effondrer parce que j'ai dit deux-trois mots ?

Pour me prouver que je suis toujours la même et que je suis toujours tendance, je me promets d'aller emmerder Bastien le vaurien vendredi soir. Je vais jouer à la cliente super chiante et je lui ferai regretter d'avoir refusé ma candidature.

J'arrive à ma discothèque plus tard que d'habitude. À peine ai-je mis un pied dedans que je fronce les sourcils. Quelque chose est différent. Je crois que ce sont les fauteuils qui ont été changés. Oui c'est cela. Et l'éclairage diffère de l'ancien également. Il semblerait que le con ait décidé de faire quelques modifications. Bien que cela soit étrange pour moi puisque je connais la boite depuis des années, je dois reconnaître que ce n'est pas mal.

Évidemment si je m'en étais chargée, ça aurait beaucoup mieux.

Après avoir ignoré un sourire et un clin d'œil d'un Enrique Iglesias numéro 2, je m'approche du bar. Il est plus peuplé que d'habitude. Il semblerait que Bastien le vaurien ait fait de la publicité pour sa discothèque.

Malgré le fait que je sois une femme et donc plus petite que les hommes devant moi (enfin sauf deux qui n'atteignent que le mètre soixante-dix), j'arrive à apercevoir le comptoir. Comme toujours, Simplet est en service. Je grince des dents dès l'instant que j'aperçois le con. Puis ce que je vois ensuite m'achève : le type qui avait son entretien après moi a été embauché.

C'est bien ce que je pensais. Ce Bastien le vaurien ne voulait pas de femme à son bar.

Alors que je suis ce dernier du regard, je le vois quitter son comptoir pour se diriger vers la foule de clients. Quelle idée de bosser au bar alors que l'on est le patron ? La plupart du temps, ne reste-t-on pas dans son bureau à l'étage du dessus pour superviser et remarquer les moindres erreurs de ses employés ? Comment aurais-je pu deviner qu'il n'était pas qu'un simple barman ? Il porte même la tenue ridicule exigée pour le poste.

Le syndrome des Dumas 2 - Maëlys et le miroir (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant