Occupe-toi de ta vie et fous-moi la paix !

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Bastien toque à ma porte cinq minutes en avance. Heureusement pour moi, j'étais déjà prête depuis plus d'une demi-heure. Adieu la chemise de bucheron, le châtain en porte une blanche qui rappelle son teint clair. Ça contraste avec les reflets roux de ses cheveux et ses ravissantes tâches de rousseurs.

Et dire qu'au départ, tu avais prévu de le détruire mentalement, tu es bien guimauve ma pauvre désormais, songé-je.

— Bonjour Maëlys. Prête ? demande-t-il en m'accordant un sourire à faire fondre la banquise.

Je me mords les lèvres et le regrette aussitôt en me rappelant que je suis maquillée. Je donne un coup d'œil à mon salon puis souffle un bon coup. Je crois que je n'ai pas eu de rendez-vous depuis...depuis une éternité. Non, en fait je n'en ai jamais eu. Est-ce que je suis en train de stresser ? Dia, oui je stresse. Eh bien, on aura tout vu !

— Où est-ce que nous allons donc ? demandé-je tandis qu'il attrape galamment ma veste.

— Chez un ami, ou plutôt à son restaurant. Ce dernier est assez...particulier. Et comme il n'est pas à Toulouse, nous ne devrions pas trop tarder à prendre la route.

Quand il parle de « particulier » fait-il référence à son ami ou au restaurant ?

— Au passage, je préfère largement cette robe que la rouge que tu portais le soir de notre rencontre, souffle-t-il à mon oreille tandis que je passe la porte.

Je rougirais presque, si je n'étais pas Maëlys Dumas.

Bref, peut-être préfère-t-il cette robe mais ce n'est pas mon cas. Plus longue, moins moulante, son décolleté est quasiment inexistant. On dirait presque que je sors du couvent. Mais j'ai passé tellement de temps à chercher la tenue parfaite que j'ai fini par trouver des tonnes de défauts pour chacune d'entre elles et j'ai été incapable de faire un choix.

Alors j'ai laissé place au hasard, qui bien sûr, m'a conduite vers le vêtement le plus horrible de mon dressing. Je m'apprêtais à recommencer mon tirage au sort lorsque je me suis dit qu'il valait peut-être mieux que j'oublie les robes courtes si nous nous rendions dans un restaurant classe.

Au final, j'ai eu raison d'abandonner mes tenues à ras-les-fesses puisque les couples du restaurant sont si chics que je crois que j'aurais été mal à l'aise, enfin, peut-être...

— Suivez-moi. Votre table est à l'angle Nord. C'est une de nos meilleures places, nous apprend un homme d'une cinquantaine d'années vêtus étrangement.

Un petit coup d'œil supplémentaire sur l'établissement et je comprends que ses vêtements suivent le style « asiatique » du décor. L'immense bonsaï au milieu de la vaste pièce confirme la conclusion de mon observation. L'arbre est encadré par un petit ruisseau artificiel et je devine que les clients dont la table est à proximité de celui-ci doivent entendre l'eau couler.

— Merci Pierre, lance Bastien. Le fameux ami dont je t'ai parlé, m'informe-t-il tandis que ce dernier passe entre les tables.

Je hoche la tête et suis ce fameux Pierre, en essayant de ne pas trop m'attarder sur le décor au risque de rester plantée comme une idiote au beau milieu de la pièce. Quelques regards se posent sur nous tandis que nous ruinons en l'espace de quelques secondes le calme intérieur dans lequel les personnes devaient être avant notre arrivée.

Notre hôte ralentit devant une assemblée de paravents de bois flotté. Pierre passe sous une voute en arc (le seul passage je crois bien pour continuer notre chemin) et Bastien tend le bras pour m'inviter à suivre son ami. Silencieusement, je m'exécute et aussitôt mes yeux se posent-ils sur notre table que je retiens mon souffle. Moins éclairée (de simples bougies au lieu d'un chandelier), elle est différente des autres. Sa nappe blanche est animée on dirait bien. Attendez, non, ce n'est pas cela.

Le syndrome des Dumas 2 - Maëlys et le miroir (Terminée)Where stories live. Discover now