I - Rendez vous avec l'enfer

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Lundi, jour de la découverte, 1h15.

Le commissaire Henry Duval venait d'arriver sur les lieux de l'incident. Déjà, une vingtaine de policiers en uniformes prenait des photos pour immortaliser l'endroit avant que les spécialistes ne nettoient. Trois corps totalement défigurés gisaient sur le sol, le torse déchiré et vide de tout organe. Le commissaire demanda à un de ses collègues s'il y avait des témoins et ce dernier répondit par l'affirmative en lui désignant un jeune homme enveloppé dans une couverture, assis dans une des voitures de police. Ce dernier était nu sous la pièce de tissu, il était couvert de sang et tremblait de tout son corps. Ses yeux verts étaient grands ouverts, signe de l'horreur dont ils avaient été les témoins. Le commissaire Duval songea à ce que lui avait fait remarquer un de ses collègues le matin même : « ce soir c'est la pleine lune et tu va voir Henry, tu vas te réveiller dans la nuit pour constater quelque chose. » A cet instant, il maudissait son collègue, l'accusant de lui avoir porté malheur.

Il se dirigea vers les corps pour une première inspection et remarqua immédiatement que le sol était peint de signes cabalistiques. En s'approchant de plus près, il s'avérait qu'il ne s'agissait pas de peinture. La texture était moins fluide et l'odeur était caractéristique : du sang, les analyses dirait s'il s'agissait de sang humain ou non. Il s'orienta immédiatement vers un policier faisant office de photographe et lui ordonna de ne rater aucun des signes inscrit sur le sol. Il retourna la tête vers le témoin, la bouche à demi ouverte, réfléchissant déjà à comment il allait entamer cette enquête et il compris qu'il allait certainement passer quelques nuits blanches sur le sujet. Il n'eut pas le temps de poursuivre plus avant sa réflexion que déjà la radio annonçait qu'il était demandé, on venait de signaler le cambriolage d'une morgue.

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Quelques jours plus tôt, dans la soirée.

Antoine Cerrada, Frédéric Schmitt et Sébastien Dubois se plaisaient à se retrouver dans une brasserie après une séance de cinéma, et ce même tard dans la nuit. Il se rendaient toujours au même endroit, un pub anglais qui ne fermait qu'au petit matin. Antoine, un jeune étudiant en médecine de 25 ans, laissait apparaître une attitude très anarchiste. Il portait les cheveux longs, décolorés, ce qui tranchait avec son visage angélique d'élève sérieux. Frédéric était plutôt du genre très calme, toujours en pantalon, jamais il ne portait de jeans, les cheveux courts quasi militaire, il avait en outre un regard d'un bleu perçant, et son attitude en faisait un homme rempli de mystères. Quant à Sébastien qui avait le même âge que les deux autres, il aimait se laisser une barbe de plusieurs jours, ce qui le faisait passer pour plus vieux qu'il n'était réellement, cependant, ses grands yeux verts disaient bien le contraire, encore emplis de l'aura de la jeunesse. Cette fois, le film portait sur le fantastique et la discussion sur le sujet allait bon train. Les trois compères étaient de fervents admirateurs du style. Le film traitait du sujet des rituels démoniaques et d'un groupe d'ami voulant dominer le monde avec l'aide du malin. Bien entendu cette histoire avait mal tourné et ce n'était qu'après maintes péripéties que les jeunes héros malheureux s'en étaient sortis vivants. Au fur et à mesure de la soirée, la discussion dériva et un enthousiasme non dissimulé pour ce genre de pratique se déclara au grand jour. Les uns comme les autres reconnaissaient avoir déjà fait au moins une séance de spiritisme dans leur vie, et cela les avait tous affecté quelque part. Sébastien et Frédéric déclarèrent même en avoir fait l'expérience juste avant de venir au cinéma, avec un de leur ami, mais qui n'avait pas donné ce qu'ils avaient espéré. Antoine, le plus excentrique de la bande était plus qu'enthousiaste pour tenter une expérience de la sorte. Sébastien suivait son ami sans toutefois exprimer la même ardeur, quant à Frédéric, il était déjà plus réticent, ce genre d'affaire le mettait mal à l'aise surtout après l'expérience ratée qu'il venait de vivre.

Le sceau du sangUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum