VIII - L'ascension

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Certaines rues du centre ville restent à éviter à partir d'une certaine heure. C'est dans une de ces rues sordides que quatre jeunes hommes se retrouvent au hasard de leur marche nocturne. La petite ruelle qu'ils empruntent est fort mal éclairée. C'est avec peine que l'on distingue les quatre silhouettes aux cheveux longs vêtues de noir. Le vent souffle avec élégance, d'une force suffisante pour soulever les pans de leur manteau, rendant les quatre ombres plus inquiétantes encore, à l'image de quatre spectres arpentant les trottoirs des rues désertes. A les voir ainsi, on imagine aisément quatre prédateurs à la recherche de leur proie. Rare sont les passants à cette heure tardive. Mais leur réaction ne laisserait aucun doute s'ils tombaient nez à nez avec le cortège macabre.

« L'UNION FAIT LA FORCE »

Ce fut certainement cette pensée qui anima une dizaine de jeunes du quartier à se présenter devant eux, leur bloquant le passage à mi-hauteur de la ruelle. Ils étaient d'origines diverses, et tous étaient armés de couteaux, cutters ou battes de base-ball. L'un d'entre eux sortait du lot, marchant légèrement en avant de ses camarades. Il devait être le chef car il était le seul à avoir une arme à feu. Un pistolet de calibre 9 mm, une arme très commune dans le cercle de la moyenne délinquance. Probablement l'aurait-il acheté au marché noir après avoir fait un peu d'argent en vendant quelques lots de drogue. Ce « chef » s'avança vers ses futures victimes en brandissant son arme. Les quatre ombres s'arrêtèrent et le jeune au revolver s'approcha d'avantage.

- Faites pas les malins et filez-moi vos tunes, vos bijoux et vos manteaux ! !

Cette nuit là, les murs résonnèrent de cris de terreur suivis par des coups de feu. Rien de bien exceptionnel dans ce quartier mal fréquenté habitué aux règlements de compte. Pourtant qu'elle ne fut pas la surprise pour la police lorsqu'elle arriva sur les lieux du crime, après l'appel habituel du voisin réveillé par les coups de feu, voulant porter plainte pour tapage nocturne.

Lorsque le commissaire Duval arriva sur les lieux, le secteur était déjà bouclé. Il dû garer sa voiture en dehors de la zone et présenter sa carte de police pour franchir le cordon de sécurité. Le réveil en pleine nuit avait été rude pour lui. Décoiffé, la chemise à moitié en dehors de son pantalon et des chaussettes dépareillées en étaient les témoins. Il tentait de cacher sa chemise froissée par son imperméable d'un geste discret, mais le vent qui s'était levé l'obligea à changer de stratégie et à en fermer quelques boutons. Il grommela quelques mots orduriers à l'attention du mistral qui soufflait de plus en plus fort lorsqu'il arriva sur les lieux du massacre. Il ne put s'empêcher de retenir un hoquet de dégoût. Il préférait ne pas se souvenir de la dernière fois où il avait trouvé un cadavre mutilé, puisqu'il s'agissait de celle qui avait porté son enfant. Elsa était morte depuis maintenant deux mois.

Une tête sans corps gisait à ses pieds. Plus loin, des membres humains à moitié dévorés baignait dans le sang. Les policiers avaient porté de puissants projecteurs pour mieux éclairer la ruelle. Lorsqu'on les alluma, l'inspecteur détourna les yeux du spectacle, couru pour traverser le cordon de sécurité, et vomit son repas du soir mélangé à tout l'alcool qu'il avait ingurgité avant de s'endormir. Plusieurs autres policiers eurent la même réaction, d'autre, moins sensibles, se retenaient. Et il ne fallait pas l'être, sensible, pour supporter un tel massacre. Même les badauds, d'habitude si pressants, fuyaient cette vision qui s'offrait à eux. Le sol, les murs, les lampadaires étaient recouverts d'une matière rouge faite de sang à demi coagulé et de morceaux de chair. Duval en avait déjà vu des mutilations ces derniers mois, mais ce spectacle dépassait de loin tout ce à quoi il avait assisté dans sa vie. De nombreux corps étaient mutilés et leurs membres avaient été répandus sur une vingtaine de mètres. Personne n'aurait pu dire combien de cadavres étaient là, tant les morceaux étaient éparpillés. Le commissaire Duval, qui se remettait peu à peu de ses émotions, s'avança vers ce qui ressemblait à une jambe. Il l'observa, puis observa un tronc, puis un bras et constata en mettant sa main devant sa bouche de dégoût, que toutes les parties de corps trouvées là étaient en partie dévorées. Il regarda autour de lui, les rares badauds avaient quitté la scène sauf un, qui semblait s'intéresser plus à Henry qu'à la scène. L'homme, sûrement âgé de cinquante ou soixante ans, était assez grand et ses vêtements ne parvenait pas à cacher une musculature évidente. Il arborait un belle barbe grisonnante surmontée d'une paire d'yeux clairs. Sa chevelure était soigneusement coiffée et participait à ne pas pouvoir donner d'âge exact à cet homme. Son attitude, presque militaire permis à Henry de reconnaître l'homme comme étant celui de son rêve, mais un clignement d'yeux plus tard et l'homme avait disparu.

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⏰ Last updated: Mar 10, 2018 ⏰

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Le sceau du sangWhere stories live. Discover now