VII - L'innocence

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Elsa ne répondait pas au téléphone. Il la savait pourtant chez eux. Il essayait de la joindre alternativement sur son téléphone portable et sur le téléphone fixe, mais les deux sonnaient dans le vide, les répondeurs ne se déclenchaient pas. Le temps semblait s'être arrêté, le ciel s'était assombri, de lourds nuages noirs avaient fait leur apparition. Henry avait l'impression que le moteur de sa voiture tournait au ralenti, que le monde autour de lui tournait au ralenti. Il enclencha son gyrophare et son deux tons pour passer outre les embouteillages. Les dispositifs sonores et lumineux eux-mêmes paraissaient tourner au ralenti. Arrivé au bas de l'immeuble, Il surgit de sa voiture et se précipita vers la résidence. Malgré le code d'accès la porte de l'immeuble ne s'ouvrait pas. Il le retapa plusieurs fois frénétiquement avant de passer par dessus les grilles, déchirant son pantalon sur les décors acérés protégeant le bâtiment. Comme si cela ne suffisait pas, l'ascenseur était en panne. Il gravit les marches de l'escalier quatre par quatre mais il ressentait toujours une sensation de malaise. Il ressentait la même sensation que dans ces cauchemars où l'on avance pas malgré les efforts. Les jambes y sont tellement lourdes que l'on peine à les soulever. Chaque déplacement devient un supplice psychologique. C'est dans ces cauchemars que l'on doit fuir un grave danger ou atteindre un objectif primordial. Henry espéra que tout ceci ne soit qu'un cauchemar, un simple mauvais rêve qu'il allait vite oublier en se réveillant. Mais il ne se réveillait pas, et palier après palier, il lui semblait que cela durait une éternité avant d'atteindre le graal : la porte de l'appartement.

La porte était grande ouverte, une odeur de souffre s'en échappait. Maintenant qu'il avait tant forcé pour arrivé là, Henry était tétanisé à l'idée de pénétrer dans le logement et de ce qu'il pouvait y trouver... Il cru sentir une odeur familière, une odeur qu'il connaissait trop bien et qui ne laissait présager rien de bon. Son cœur se mit à battre à tout rompre. Il l'entendait cognait dans sa poitrine avec la force de cent chevaux. Après un temps d'arrêt, il se força à mettre un pied devant l'autre et à entrer. Depuis l'entrée, il vit un filet de sang venant du salon et ne pu s'empêcher de laisser couler un flot de larmes ininterrompu. Il avança prudemment, tous ces réflexes de policiers étaient bien loin à cette heure-ci.

La scène se dévoilait lentement à ses yeux. Le sang se faisait plus présent. Ce n'était plus un filet mais un mare... Il entrevit deux pieds nues, puis tout à coup la scène se présenta à lui. Il aurait souhaiter ne jamais toucher du regard une telle scène mais elle était bien là, devant lui, dans toute son horreur.

Elsa était étendue sans vie au milieu du salon, le corps flottant dans le sang, Ses yeux étaient fermés, son visage apaisé. Ses cheveux roux étaient disposés autour de sa tête comme pour lui créer une auréole cuivrée. Même inerte de cette façon, elle était belle. Pourtant son corps avait été mutilé. Elle reposait droite, dans la position des momies d'antan. Ses jambes se serraient l'un contre l'autre, tendues. Ses bras étaient pliés et ses mains se rejoignait entre ses seins. Elle serrait un petit objet sanguinolent sur sa poitrine. Au delà du sang recouvrant son corps, Henry pu apercevoir les blessures qui avaient sûrement causer la mort. Elsa avait été éventrée du pubis au cou. La blessure, bien que profonde restait très propre, comme faite au scalpel sans trembler. Les chairs ne se séparaient pas à outrance, restant quasiment collées les unes au autres. La découpe auraient presque pu passer inaperçue si le sang ne l'avait pas teinté de la sorte. Des formes autour d'elle se révélèrent petit à petit dans l'esprit de Henry. Vu de loin, Le policier n'y avait vu que des ombres dans le sang, mais maintenant qu'il s'était rapproché, il commençait à distinguer les volumes et leurs contours. À côté de son épaule gauche était posé le cœur d'Elsa. Il semblait battre encore à un rythme assez lent. Une illusion provoquée par le chagrin et le refus du décès de sa bien aimée. Au même niveau à droite était disposé son foie dont du sang continuait à se répandre comme s'il venait d'être extrait. Henry pleurait à présent à chaude larmes et sa vision se brouillait.

Le sceau du sangTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon