V - Le sang appelle le sang

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Henry entra dans sa voiture côté conducteur. Il était encore pensif de sa soirée et de sa nuit chez la jeune Elsa. Elle lui avait préparé un bon petit repas, précédé d'un apéritif travaillé, qu'il avait pris le temps de savourer. Elle ne s'était pas mise sur son trente et un pour l'occasion, elle était simplement vêtue d'une paire de jeans et d'un débardeur blanc. Malgré cela, sa féminité ne faisait aucun doute et Henry percevait en elle toute sa sensualité dans chacun de ses gestes. Parfaitement avenante, elle avait mis le commissaire à l'aise durant toute la soirée. Il s'était senti comme un coq en pâte, sentiment qu'il avait l'impression d'avoir oublié depuis des années.

La soirée ne s'était pas limité au dîner bien entendu et les deux amants avaient profiter d'une nuit de calme sans appel du commissariat pour mettre à profit leurs expériences respectives en matière d'élans amoureux. Au petit matin, il s'était glissé hors des draps et avait préparé le café pour eux deux pendant qu'Elsa se réveillait doucement. Henry revint au présent lorsque machinalement il démarra le moteur de sa berline. Il cligna des yeux et aperçu un objet inhabituel sur le siège passager. Tournant la tête il reconnu sans difficulté un objet qu'il avait cherché du regard pendant plusieurs minutes dans la bibliothèque du gardien de prison la veille : un exemplaire des « mémoires d'Abatoth ».

Comment était-il arrivé là ? Après avoir murmuré un juron sans s'en apercevoir, Henry se frotta le menton comme pour stimuler ses neurones et se rafraîchir la mémoire, mais cela n'eut pas l'effet escompter. Il se remémora les événements de la veille, mais à aucun moment il ne se vit avec le livre dans les mains. Il ne se souvenait que d'être arrivé sur les lieux, avoir entendu le corps de Hervé Dumont heurter un véhicule et avoir fouillé son appartement sans rien trouver, à part la vision de ce livre sur les étagères.

Hésitant, il posa sa main sur le livre et eu un moment de surprise en constatant que rien ne se passait. Il espérait sans doute une réaction de la part de ce livre fantôme mais contrairement à ce qu'il avait pensé, le livre se révélait bien réel, bien là, avec sa couverture en cuir travaillée. Il pris sur lui, sans savoir réellement pourquoi il avait cette crainte, et ouvrit le livre à la page de garde.Il regarda directeùent en bas à droite et y vit les initiales E.G. inscrites à la main. Le refermant rapidement, il le tourna dans ses mains pour que le dos lui fasse face et vit sur le haut de celui-ci le dessin déjà aperçut dans le magasin de disque de Eric Grojean.

Le commissaire Duval se sentait tiraillé entre l'idée de clore une bonne fois pour toute cette enquête, ou de continuer en rendant visite au disquaire dans sa boutique, et de partir sur une nouvelle piste. Il quitta sa place de parking et réfléchit à ce qu'il allait faire sur le chemin du commissariat. Les deux choix étaient tentant. Finir son rapport et le remettre au procureur lui permettrait d'aller de l'avant et de sortir un peu de ces morts sordides. Qui plus est, avec la mort de Hervé Dumont, la clôture allait être rapide, affaire classée, on passe à autre chose. D'un autre côté, monsieur Grojean avait peut-être, avec la présence de son exemplaire si précieux du livre, quelque chose à voir avec la mort du gardien de prison.

Il se décida en garant sa voiture dans le parking du commissariat à adopter un compromis : il clôturerait son enquête, mais irait restituer son exemplaire au disquaire dans l'après midi pour lui demander des compte. Entre temps, il avait rendez vous avec Elsa pour déjeuner et comptait profiter de son début de journée positif, avec la fin d'une enquête et un repas en bonne compagnie, avant de repartir dans le brouillard de ces histoires de fou. Il se força à oublier Eric Grojean en entrant dans le commissariat et le sourire lui revint.

La matinée était déjà bien avancée lorsque le commissaire Duval entra dans le bureau du commissaire Clémenti, un dossier conséquent à la main. Jean fit signe à son ami de s'asseoir. Il s'exécuta en lui tendant le dossier. Sans un mot, Clémenti le parcouru en s'attardant sur le rapport d'enquête. Lorsqu'il ferma enfin le dossier, il posa les yeux sur un commissaire Duval souriant.

Le sceau du sangWhere stories live. Discover now