II - L'appel au sang

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 Le commissaire Henry Duval avait bien mérité ses vacances. Après une enquête atroce sur des rites ésotériques, il n'avait été chargé que d'enquêtes ennuyeuses, rébarbatives et surtout fatigantes. Les règlements de comptes étaient monnaie courante, et tout le monde connaissait les coupables. Les confondre était en revanche une autre paire de manche. Toutes les personnes potentiellement présentes sur les lieux étaient devenues aveugles ou sourdes... Les enquêtes piétinaient dans la paperasse des demandes de réquisition en tout genre pour des résultats somme toute peu encourageant au vu des efforts déployés. Henry venait de boucler la dernière en date, celle du boucher de Cassis, le corps d'un dealer de drogue retrouvé découpé en morceau dans la poubelle d'un boucher de Cassis traumatisé. Peu importe le procès, pensait-il, pour l'instant, l'heure était encore à la détente.

Laura était allongée sur un transat et profitait du soleil méditerranéen en lisant le dernier roman d'un grand auteur fantastique. Une légère brise agitait ses cheveux roux coupés au carré, qui se prenaient par moment dans ses lunettes de soleil. Pour palier à la fraîcheur de la saison, elle portait un pull ample et léger et un pantalon moulant. Seuls ses pieds n'étaient pas couverts et profitaient des rayons du soleil et de leur chaleur. Son doux visage en forme de cœur se détourna de son livre au son de la baie vitrée glissant sur son rail. Un grand homme blond aux cheveux courts mais portant une barbe de trois jours apparut sur la terrasse, une tasse fumante à la main. Son visage était dur mais son regard doux. Henry s'approcha de sa moitié et lui tendit la tasse.

- Le thé de madame est servit, dit le commissaire en souriant, avec une cuillère de miel.

- Merci mon amour, répondit Laura en souriant. Ça va me manquer ces petites vacances, on était si bien en Grèce...

- On en a bien profité. Henry pris place sur un transat à côté avant de reprendre. Et puis je ne serai pas rester beaucoup plus longtemps, leur cuisine ne me réussissait pas tant que ça...

Le trait d'humour fit rire quelques seconde le jeune femme avant qu'elle ne soupire.

- Demain, le train train va recommencer. Retour à la maison d'édition et toi... retour à tes cadavres...

- On ne va pas remettre ça sur le tapis ? C'est mon métier, je cours après les meurtriers et je les mets derrière les barreaux, dit-il en souriant. Je fais de mon mieux pour que l'on puisse en profiter tous les deux. Alors profitons de ce dernier jour de repos sans nous disputer tu veux bien ?

Henry faisait une moue de petit garçon, celle là même qui faisait craquer Laura, et elle se leva pour déposer un baiser sur son front.

- File sale gosse, lui lança t elle finalement.

Henry rentra dans leur appartement non sans se retourner, poser son regard sur l'horizon de la méditerranée, sur sa femme, puis lui sourire.

*

* *

Il était en train de débarrasser la table où ils venaient de dîner lorsque son téléphone émit une sonnerie caractéristique : celle de son supérieur et ami, Jean Clémenti. Laura lui lança un regard noir lourd de sens, mais Henry se contenta de sourire en prenant l'appel.

- Salut vieille branche, dit-il sur un ton enjoué. Tu veux parler à Henry, ou au commissaire Duval ?

- Salut mon ami. Malheureusement, je crois que ce soir j'ai besoin du commissaire plus que de l'ami.

A sa mine qui venait de changer Laura compris tout de suite que quelque chose n'allait pas. Elle se leva de table, pris des mains de Henry la pile d'assiette et se dirigea rapidement dans la cuisine.

Le sceau du sangWhere stories live. Discover now