chapitre 22

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Allen gémit, lorsque la sonnerie assassine de son réveil matin hurla dans le silence de sa chambre pour le tirer de sa torpeur. Il aurait tout donné pour ne pas avoir à se lever et reprendre le chemin éreintant de la faculté, hélas, la plupart des bonnes choses avaient une fin et les vacances de fin d'année arrivaient finalement à leur terme. Il fallait bien se décider à se remettre au boulot.

Le jeune homme de maintenant 20 ans —encore un et il serait un honnête citoyen japonais majeur qui n'aurait plus besoin de cette vieille carte d'identité anglaise pour s'acheter une bière— sortit de son lit en trainant des pieds, la mine maussade et les yeux mangés par un sommeil qu'il aurait volontiers prolongé.

Allen frissonna lorsque le froid qui régnait dans le couloir se fit une joie de l'étreindre. Kanda n'aimait pas les températures chaudes, soit, mais ça ne devait pas non plus le pousser à transformer leur appartement en banquise ! Ronchonnant, pestant contre sa malchance et maudissant son colocataire une fois encore, l'albinos vaqua avec une lenteur accablante à ses occupations matinales.

Pour une fois, il ne s'était pas rendormi et arriverait sans doute à l'heure pour la rentrée si son petit déjeuner ne lui bouffait pas tout le temps gagné à ne pas se sortir la tête du brouillard. Kanda avait laissé trainer — ô stupeur, lui qui était si maniaque— une tasse sur la table de la cuisine et une baguette de pain frais, ramenée en rentrant de son service, gentille et discrète attention puisque qu'à part des soba et du sang, le vampire n'était pas très féculents. Bien qu'il fasse encore nuit, le brun s'était déjà retranché dans ses quartiers, sans doute pour ne plus voir Timcanpy qui tournait en rond sur le carrelage de la cuisine, courant derrière la balle en plastique que lui avait offert Lavi à Noël et produisait un mélodieux tintement chaque fois que la clochette qu'elle renfermait venait frapper les parois de plastique. Autant dire que pour l'extra sensible qu'était Yû, ce simple son était une véritable torture. Il était foutrement étonnant que le jouet ne soit pas déjà passé par la fenêtre. Et le chat avec.

Allen n'avait pas revu ses amis en dehors de cette soirée de Noël qui avait été pour le moins mouvementée. D'une part parce qu'il n'avait pas le temps, reprenant son boulot à la librairie le lendemain du réveillon ainsi que ses cours du soir ; autant donné que suivis. Moyennant le retrait immédiat du petit sapin de plastique qu'Allen avait tant bien que mal réussi à glisser presque en toute discrétion dans le salon et s'était appliqué à décorer —et avait vivement protesté lorsque son colocataire avait voulu l'enlever sans sommation, entrainant une des plus superbes engueulades de l'année— une semaine avant Noël, Kanda avait accepté de reprendre son rôle de tuteur. Le malheureux végétal synthétique avec donc regagné sa boite mais la satisfaction de l'ainé avait été de courte durée car l'albinos s'était lancé dans la décoration de masse en disséminant à travers l'appartement des décorations de nouvel an, autant japonaises qu'anglaises, ce qui n'avait pas du tout été au gout du vampire qui s'était lancé presque aussitôt dans une traque et une élimination sans merci desdites décorations.

Lenalee avait gentiment proposé au littéraire de venir passer le réveillon chez elle, et de prendre Kanda avec lui si le cœur lui en disait. Le japonais avait refusé catégoriquement — « Une fois mais pas deux, merci »— et Allen n'avait pas eu l'envie de le laisser seul pour ce passage important. Anglais d'origine mais japonais de cœur, l'adolescent était depuis longtemps rompu aux traditions du pays et avait naturellement songé qu'il en serait de même pour le grand brun.

Bien évidemment, cela n'avait pas été le cas, Yû se contentant de lui faire remarquer que les ans avaient très peu de signification à ses yeux et qu'il avait toujours vécu cette fête en solitaire sans jamais s'en plaindre le moins du monde.

Mais Allen étant la gentillesse incarnée, et se souvenant de ce que pouvaient les longues soirées d'hiver à regarder la télévision en rêvant à se retrouver en famille, il avait tenu à rester en sa compagnie. Ils n'avaient rien fait d'extravagant, rien de bien traditionnel non plus, troquant la sortie au temple et les habituels rituels pour un plateau télé pas si désagréable que ça. En attendant le compte à rebours, Kanda avait largement pesté sur le fait que le Moyashi lui « polluait son espace vital » mais Allen n'était pas dupe ; il savait que le vampire appréciait de ne pas se retrouver totalement mis à l'écart pour la célébration du nouvel an, même s'il refuserait tout net de l'admettre si le sujet venait à être évoquer.

anamía Where stories live. Discover now