Chapitre 16

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Je m'habille précipitamment, j'ai encore trop dormi. Mon sommeil est perturbé et j'ai du mal à me remettre de la guérison du torélien. Cela fait deux jours que je m'enferme dans ma chambre pour accélérer mon rétablissement, mais au fond de moi, je sais que c'est parce que je n'ose pas leur faire face. J'ignore comment agir lorsque je me trouve avec eux. Je ne peux pas les voir autrement que des étrangers, des inconnus.

J'enfile la tenue d'entraînement des Jeux. Le short est noir tout comme le haut, formé d'une large capuche. L'arrière de la tunique est plus grand et forme une sorte de cape arrondie qui m'arrive au milieu des mollets. Les bottes sont les mêmes que pour les Jeux : en cuir à lacets. Lindorie ma proposé de l'accompagner dans la salle d'entraînement des joueurs et j'ai accepté. J'ignore encore si cest une bonne idée. J'ai dit oui sur un coup de tête et maintenant, je le regrette. Les relations humaines sont mon point faible. Je ne sais pas quoi dire, quoi faire, quand parler, quand écouter. Je me force à interagir avec eux, mais j'ai peur.

Trois coups fermes sont frappés à la porte dans un rythme joyeux. Lindorie a l'air d'être en forme. Je lui ouvre après plusieurs hésitations. Je pourrai lui faire croire que je suis malade, ou que je suis déjà partie. Après tout, les entraînements ne sont pas obligatoires. Je soupire. Ils ne sont pas obligatoires, mais j'en ai besoin. Je me décide à ouvrir et Lindorie trépigne d'impatience.

— J'ai cru que tu n'allais jamais ouvrir ! Viens, on va être en retard, s'exclame-t-elle tandis qu'elle me prend par le bras et me tire à l'extérieur de ma chambre.

Elle a attaché ses cheveux flamboyants en un chignon apprêté. Ses yeux verts sont sublimés par un léger trait d'eye-liner et une couche de mascara.

Nous courons au travers des couloirs dépassant les quartiers des candidats masculins qui se trouvent à l'extrémité ouest. Le centre d'entraînement du complexe se trouve juste après le self-restaurant. Quand nous entrons, beaucoup d'autres candidats sont déjà présents, des Conquérants comme des Explorateurs. Je remarque que Daerôn n'est pas encore là et j'en suis soulagée. Et en même temps, je me demande s'il a vraiment besoin d'entraînement. Les rumeurs delliennes disent qu'il est le plus puissant des Joueurs.

Les organisateurs des Jeux nous observent au travers d'une grande vitre qui sépare notre salle de la leur. Ils ont tous un carnet dans la main et ils prennent des notes. Les autres entraîneurs sont là aussi. Luther doit être parmi eux. J'entre timidement et capte son regard, brûlant d'ambition. Il compte sur moi pour leur montrer ce que je sais faire. J'aime que nos idées se rejoignent. C'est ma chance de prouver que j'ai ma place parmi tous les autres.

— Par quoi veux-tu commencer, Elwing ? me questionne Lindorie.

Je jette un coup d'œil aux différents exercices proposés. Il y a des cibles caoutchouteuses en forme de silhouette qui servent à tester les stratégies offensives, deux salles spéciales pour les duels et des tapis de course ainsi que des machines de musculation. Je m'approche des cibles, sûre de moi.

— Excellente idée ! s'exclame-t-elle.

Elle se précipite vers la file d'attente des Joueurs qui attendent leur tour et m'entraîne avec elle. Devant nous, se trouve El, un Explorateur. Je ne sais pas vraiment en quoi consiste son pouvoir, mais j'imagine que je vais bientôt le savoir. Encore plus devant, Sindar, la Conquérante de Cléone, la planète de glace attend que Nathaniel se prépare. Je sais déjà de quoi celui-ci est capable. Je l'ai affronté sous forme numérique quand j'étais sur Dell.

Il se concentre et bombe le torse tout en écartant les bras et il attend quelques instants. Puis en se reculant et en se recroquevillant sur lui-même, il crée un énorme typhon d'eau qui s'approche dangereusement de la cible humaine. Quand elle la frappe en plein cœur, la silhouette explose en différents morceaux. Je cligne des yeux et peine à déglutir. Je n'aimerais pas me trouver sur son chemin quand il est en colère. Fier de lui, il se retourne et fait un clin d'œil destiné à son public féminin venu l'encourager. Sindar lui adresse un sourire charmeur et Lindorie éclate de rire. Je le trouve ridicule.

Les jeux de la couronne. T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant