Chapitre IV

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Le prochain allant recevoir la visite du détective était Pascal Moulin, le frère d'Evelyne Villard. Il était professeur de mathématique dans un collège. Il vivait à la Croix-Rousse dans un ancien appartement de canuts. Il avait hâte de le découvrir. Il descendit de sa voiture et sonna au numéro 13. Par chance, le frère de la jeune veuve était présent et lui ouvrit. Le détective monta au 3ème étage. Dans l'appartement, des plafonds très haut et remplis de poutres. Les murs blancs et un sol en parquet. Un petit canapé en toile rouge et de nombreux coussins étaient au milieu de la pièce. Une grande table en bois servant de table à manger avec un chandelier en son centre. Le même que celui chez Evelyne et Jean. Pascal Moulin ne ressemblait pas vraiment à sa sœur si ce n'est les mêmes yeux noisette. Ses cheveux étaient bruns, assez sombres contrairement aux cheveux roux d'Evelyne. Il était de taille moyenne et portait un tee shirt noir ainsi qu'un jean et des chaussures derby noires.

Le détective se présenta et expliqua le but de sa visite. Le décès de Jean Villard. L'homme abasourdi tira une chaise vers lui afin de s'assoir. Une seule phrase sortie de sa bouche « Jean... est... mort ? ». Le détective s'assit à son tour et expliqua en effet que Jean avait été retrouvé mort chez lui ce matin par sa femme. Le professeur de mathématique prononça le prénom de sa sœur. Son visage était empli de tristesse. Il fut rassuré quand le détective Prigeant lui expliqua que sa sœur était saine et sauve. Finalement, l'interrogation rempli l'homme. Son beau-frère, Jean, apprécié de tous était mort. Il demanda bien évidemment si la mort était naturelle. Question à laquelle le détective répondit par la négation. Il ajouta qu'il s'agissait d'un meurtre. Interloqué il regarda avec de grands yeux ronds et inquiets le détective en face de lui. Un meurtre.

« -      Je ne comprends pas, comment a-t-il pu être tué ? – questionna Pascal Moulin.

-          C'est ce que je vais découvrir. Votre sœur m'a appelé quelques jours avant le décès de votre beau-frère. Elle m'a simplement dit qu'elle passera d'ici quelques jours. Elle est venue et m'a, au même moment, annoncé le décès de son mari.

-          Comment ça ? Elle se doutait de ce qui allait se passer ?

-          Sûrement. Je n'ai pas encore abordé ce sujet avec elle. »

L'homme ne dit rien. Il regarda le détective puis se leva pour aller chercher un journal. En une de celui-ci un couple. Jean et Evelyne Villard, l'homme tenait son épouse par la taille. Elle avait sa main posée sur celle de son époux. Un large sourire arborait leurs visages. Le frère d'Evelyne Villard expliqua qu'il s'agissait d'une une qu'ils avaient faite. Un article sur Jean et ses photographies. Il avait refusé de faire les photos si sa femme n'était pas présente dessus. Il ajouta que le photographe aimait vraiment Evelyne et qu'ils étaient très beaux ensembles. Le détective acquiesça d'un signe de tête. Pascal Moulin lui raconta ensuite la rencontre entre sa sœur et Jean Villard. Elle était jeune selon lui. Elle avait 17-18 ans. Une jeune femme pleine de vie. Ils s'étaient rencontrés par hasard. Un coup de foudre. C'est ainsi que le frère d'Evelyne a défini la rencontre d'elle et de Jean Villard. Un coup de foudre. Deux êtres aimés, se complétant. Des amants, des âmes sœurs. Chaque jour amoureux plus que le précédent. Une romance comme dans les histoires. Très vite ils ont décidé de vivre ensemble puis de se marier. Et voilà environ dix ans qu'ils partageaient leur vie. Pascal Moulin était heureux pour sa sœur mais on sentait une légère amertume dans sa voix. Celle du grand frère protecteur. Jean Villard n'était pas assez bien pour sa sœur ? Aucun homme ne l'était aux yeux d'un grand frère. Pourtant il était heureux pour elle. Le détective confirma ses propos en disant qu'Evelyne avait vraiment l'air d'aimer son mari et qu'elle était dévastée par la perte de celui-ci. L'homme montra d'un geste de la main le chandelier présent au centre de sa table. Il expliqua qu'il appartenait à leurs parents et avant à leurs grands-parents. Un héritage. Sa sœur avait le même, au même endroit.

« -      Vous savez détective, j'aime ma sœur plus que tout. Je la protègerais quoi qu'il arrive et si la personne qui s'en est pris à Jean tente de s'en prendre à elle je serai là ! - lâcha Pascal Moulin

-          Je n'en doute pas. – répondit simplement le détective – Vous êtes un grand frère et les grands frères feraient tout par amour pour leur sœur.

-          Effectivement, je ferai tout pour Evelyne.

-          Comment avez-vous perçu la relation entre Monsieur Villard et votre sœur ? – questionna le détective

-          Comment voulez-vous que je la perçoive ? Au début mal. Elle avait dans les 17 ans et lui avait 20 ans. Ils étaient jeunes, il était beau. Bien évidemment Evelyne était belle. Il photographiait une plage où nous étions en vacances et elle s'est approchée de lui. Curieuse comme tout. Il lui a mis l'appareil entre les mains afin que ce soit elle la photographe. Ils riaient aux éclats. Nous sommes restés une semaine, ils se voyaient chaque jour, parfois le soir pour manger ensemble. Nos parents les laissaient se voir. Puis nous avons dû partir. Cela a été un déchirement pour eux, ne savant pas où l'autre habitait. Et à Lyon ils se sont revus. Reconnus immédiatement. Un an après Evelyne déménageait avec lui, elle assistait son travail puis ils se sont mariés. La suite vous la connaissez. – expliqua le professeur

-          Je ne la connais pas, du moins je serai ravi d'avoir votre côté de l'histoire Monsieur Moulin. – encouragea Charles Prigeant

-          Où en étais-je ? Ah oui, le mariage. A ce moment Jean commençait à devenir plus connu, à exposer de ci et là. Puis la notoriété la plus totale. Il n'en voulait pas de cette notoriété, enfin pas des conséquences de celles-ci. – soupira Monsieur Moulin

-          Les conséquences ? Quel genre de conséquences ? – questionna le détective

-          Le fait de ne pouvoir se déplacer sans être suivi, que de nombreuses femmes lui courent après... - il marqua un temps – Evelyne n'était pas jalouse, je ne crois pas. Ils s'aiment vous savez.

-          Elle travaillait ?

-          Oui, elle souhaitait être indépendante financièrement, les temps évoluent. Elle est fleuriste. Elle tient une petite boutique. Elle a un employé et peut se permettre de lui laisser la boutique. Il sait la gérer. Une femme moderne ! – il prononça ces derniers mots avec une fierté non dissimulée

-          Une femme moderne. – répéta doucement le détective

-          C'est cela. Ma sœur est une femme incroyable Détective.

-          C'est ce que je comprends. Vos parents pensent quoi de cette relation ? – questionna Charles Prigeant

-          Pensaient. – le coupa le professeur – Nos parents sont décédés il y a 3 ans. Un terrible accident de voiture. Mes parents n'étaient pas contre cette relation, ils adoraient Jean. Tout le monde l'adorait et l'adore encore. »

Le détective sentait une sorte d'amertume dans la voix du frère d'Evelyne Villard. Une forme de jalousie ? De déception ? Un grand frère trop protecteur peut être ? Pourtant il avait l'air d'apprécier Jean Villard. Ce sont des choses qu'il creuserait bientôt. Les deux hommes bavardèrent encore un moment. On frappa à la porte de Pascal Moulin au même moment. Une femme entra, merveilleusement bien vêtue. Le détective la salua puis, après avoir échangé des formules de politesse avec Monsieur Moulin il s'en alla.

En descendant les escaliers il repensa à l'attitude de ce grand frère. Jean aurait-il pu être un rival ? Voulait-il garder sa petite sœur rien que pour lui ? Une fois sa voiture atteinte et installé, il démarra pour se rendre auprès de la prochaine personne à interroger.

Le beau dormantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant