Chapitre VI

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Il manquait encore trois personnes à rencontrer. Marceau Bourbon, gérant de galeries d'arts au Musée des Beaux-Arts et ami de Jean. Le détective s'arrêta devant la bâtisse qui se dressait devant lui. Imposante et fière, elle dominait la place. Il gravit les quelques marches et passa une large porte en bois. Il se retrouva sous un préau, donnant sur une cours intérieure. Un jardin secret, caché, à l'abri. Il fit le tour du préau, découvrant divers noms gravés sur les murs. En s'aventurant dans le petit jardin il y vit des bancs ainsi qu'une petite fontaine. L'endroit était verdoyant bien qu'on fut fin septembre. Le lieu était calme et apaisant. Seuls les pas de quelques visiteurs et le bruit de l'eau percevaient aux oreilles du détective Prigeant. Il finit par se rendre vers l'entrée menant aux expositions. Il se présenta à la personne à l'accueil, la prévenant qu'il souhaitait rencontrer Monsieur Bourbon, qu'il était détective et qu'il allait faire un tour dans le musée en attendant son arrivée. La jeune femme accepta et laissa passer Charles Prigeant. 

Le détective commença à déambuler dans les allées, s'arrêtant ici et là afin de voir plus en détails certaines œuvres. Alors qu'il commençait à regarder « La femme à la fenêtre » de Carl Holsøe, un tableau représentant une femme assise sur une chaise observant à la fenêtre, il entendit des pas se rapprocher. Charles Prigeant se retourna et vit s'approcher vers lui, un homme vêtue d'un ensemble costard gris. Assez grand, cheveux noirs et yeux sombres comme ses cheveux. Il sourit en apercevant le détective qui s'était retourné. Sourire auquel il répondit et tendit une main que le gérant attrapa avec douceur. 

«     -      Marceau Bourbon, vous me cherchiez monsieur ?

- Enchanté,     Détective Prigeant. Je vous attendais. Magnifique œuvre.

- Elle     est très belle oui, je suis fier de pouvoir l'exposer aussi. Je     vous propose de venir dans mon bureau afin que nous puissions     discuter plus calmement. »

Les deux hommes s'en allèrent en direction du bureau du gérant. Ils traversèrent un grand couloir lumineux avant d'entrer dans un bureau très spacieux. Une sculpture en marbre était proche de l'entrée. Une femme avec un oiseau qui s'envolait. Le parquait craquait sous les pieds des deux hommes et la lumière entrait par les grandes fenêtres. D'un geste du bras le gérant proposa au détective de s'asseoir.

«     -      Un détective dans mon bureau. - sourit l'homme

- En     personne ! - ria le détective avant de continuer – En     réalité je ne suis pas ici pour rien.

- Je     m'en doute Monsieur Prigeant, c'est cela ? Qu'est ce qui     vous amène ? C'est bien la première fois que je rencontre     un détective.

- Oui     Prigeant. Un mort m'amène.

- Un     mort ? - s'étonna Marceau Bourbon

- Vous     connaissez Evelyne Prigeant ?

- Evelyne     est morte ? - s'inquiéta subitement Monsieur Bourbon

- Non     Monsieur, elle n'est pas morte. Elle est venue me voir il y a de     cela plusieurs jours. Elle était inquiète à propos de son mari,     Jean Villard. Et elle est revenue m'annonçant son décès et son     souhait de me voir retrouver la personne l'ayant tué.

- Jean     est mort... Comment ?

- J'ai     ma petite idée sur ce sujet mais je ne souhaite pas m'avancer     pour le moment.

- Jean...     Mon ami... »

Marceau Bourbon se leva et commença à tourner dans le bureau. Il se rassit après quelques pas. Son regard changea et ses mains commencèrent à trembler. Son visage devint blême. Pendant un instant il eut une absence. Il secoua sa tête de gauche à droite. En signe de déni ou pour se réveiller ?

Il donna un petit coup sur la table et se rassit au fond de son fauteuil. Il commença à farfouiller dans un de ses tiroirs et en sorti une photographie. Sans un mot, alors qu'il tendait le cliché en direction du détective il se leva et alla se servir un verre d'alcool. On pouvait y voir les deux hommes, assez jeunes riants aux éclats. Ils étaient dehors, dans un pré. Ils respiraient la joie de vivre. Le gérant s'arrêta derrière l'épaule du détective afin de regarder cette photo remplie de souvenirs. Il soupira, son verre à la main. Charles Prigeant se retourna et vit le regard absent de son hôte.

Les deux hommes restèrent en silence pendant de longues minutes puis Marceau Bourbon se dirigea vers sa chaise avant de s'asseoir. Il termina son verre et repris ses esprits.

« - Monsieur Prigeant, avez vous des suspects ? 

- Tout le monde est suspect tant que je n'ai pas annoncé le meurtrier vous savez.

- Je sais qui a tué Jean. - lâcha-t-il d'un ton calme

- Vous savez qui a tué Monsieur Villard ? - le détective souriait

- Alice Villard. - déclarait doucement Monsieur Bourbon

- Alice ? La sœur de Jean Villard ? Qu'est ce qui vous fait dire ça ?

- Tout le monde aimait Jean, impossible de le détester. Sauf elle, elle devait le détester, c'est évident ! Son frère, éperdument amoureux d'une femme, passant son temps avec elle, laissant ainsi sa petite sœur, seule. Sans famille. Evelyne lui avait volé son frère.

- Le mieux n'aurait pas été de faire disparaître Evelyne Villard dans ce cas ?

- Si Evelyne décédait Jean aurait compris que c'était sa sœur et elle l'aurait à nouveau perdu. Le mieux était de faire disparaître Jean afin qu'il soit pour elle pour toujours.

- J'aime beaucoup votre manière de penser Monsieur Bourbon. Comment aurait-elle procédé ?

- C'est une bonne question détective, je vais y penser.

- Et vous pensez réellement qu'Alice Villard détestait Evelyne Villard ?

- Comment ne pas la détester ? Elle est belle, aimante, rayonnante, gentille, douce. Elle rendait Jean tellement heureux, était présente pour les autres. Une femme parfaite. Et Alice sur le derrière de la scène, absente. Enfin ce ne sont que des suppositions. »

Le détective comprenait bien que Marceau Bourbon était perdu et souhaitait retrouver qui avait tué son ami. Ses spéculations étaient réelles ? Parlait-il sous le choc ?

Charles Prigeant rassura Monsieur Bourbon lui expliquant qu'il trouverait la personne ayant tué son ami.

Le beau dormantWhere stories live. Discover now