A l'Amour comme à la Guerre ( Shingeki no Kyojin)

Chapitre 9 : Retour derrière les murs

Mikasa avait insisté pour veiller Eren, après que celui-ci eut reçu les premiers soins, dans la charrette qui les reconduirait à l'abri derrière les Murs.

A son grand soulagement, il ne présentait pas de séquelles particulières si ce n'est que quelques contusions et une forte fièvre dû à sa transformation et à son combat contre le Titan Féminin.

On ne pouvait en dire autant de la plupart des autres soldats.

De nombreuses pertes étaient à déplorer, et ceux qui avaient la chance -ou la malchance- d'avoir échappé à la mort de près se retrouvaient avec un ou plusieurs membres en moins.

Les cadavres avaient été réunis les uns à côté des autres sur des brancards, méticuleusement recouverts d'un drap blanc qui fut vite imbibé de leur sang.

Mikasa vit Livaï se pencher sur l'un d'eux. De là où elle se trouvait, et comme il lui faisait dos, elle ne put d'abord voir sur quoi il s'affairait. Ce ne fut que lorsqu'il s'avança vers un soldat éploré pour lui tendre un morceau de tissu qu'elle comprit.

Le soldat pleurait la mort de son compatriote et Livaï avait choisi de lui remettre entre ses mains  le symbole du Bataillon d'Exploration qu'il avait soigneusement prélevé de la cape du cadavre en guise de souvenir d'adieu.

- Voici la preuve que nos camarades ne se sont pas sacrifiés pour rien. Enfin pour moi, c'est une preuve suffisante, déclara le Caporal, stoïque.

Le jeune homme observa, tremblant, le morceau de tissu dans ses mains, comme s'il craignait de briser une chose particulièrement fragile.

- Ça appartenait à Ivan, dit Livaï.

- Me...merci, mon Caporal...fit son subordonné d'une voix brisée.

Il finit par éclater en sanglots et tomba à genoux, serrant le bout de cape contre lui. Le Caporal quant à lui s'éloignait déjà pour le laisser à son deuil, sans un mot de plus.

Son impassibilité face à la détresse humaine pourrait paraître choquante. Toutefois, Mikasa savait que la vie de chaque soldat ne tenait qu'à un fil dès leur engagement dans le Bataillon d'Exploration.

Chacun d'entre eux, sans exception, étaient amenés à côtoyer la mort chaque jour, à chaque seconde, lors des expéditions Extra-Muros. Tant et si bien que la mort brutale d'un camarade en devenait, et c'était triste à dire, presque quelque chose de banale. Elle était consciente qu'ils n'auraient jamais assez de temps, ni assez de larmes, pour se lamenter et pleurer toutes les personnes qui leur étaient arrachées de la sorte.

Après tout, c'était le prix à payer dans la lutte pour la survie de l'Humanité. 

- Mikasa....

La concernée se retourna pour découvrir Livaï juste à côté d'elle. A en juger par son teint blafard et ses cernes qui creusaient davantage son visage fermé, elle devina aussitôt que quelque chose n'allait pas. 

- Tu te sens bien, Livaï ? murmura t-elle tout bas. 

- J'ai connu mieux...

- A cause de ta cheville ?

- Non. C'est ...autre chose.

Soudain, le soldat chancela dangereusement.

- Livaï !

Mikasa le rattrapa avant qu'il ne s'écroule sur le sol. Elle l'allongea et le plaça sur le dos. Comme sa cape enveloppait étroitement son corps, collant et poisseux de sang, elle le lui retira.

Et ce qu'elle vit la fit blêmir.

Un profond malaise s'empara d'elle lorsqu'elle découvrit la côte droite de Livaï profondément entaillée, de l'aisselle à la hanche. C'était tellement profond qu'elle pouvait presque en voir l'os à certains moments. Elle tenta de dissimuler son horreur mais son visage blême n'avait pas échappé à Livaï.

- C'est pas beau à voir, n'est ce pas ? demanda t-il d'un ton las, comme si c'était parfaitement normal.

- Livaï....tu...mais il faut te soigner !

Il s'était manifestement fait cette blessure depuis qu'ils avaient combattu le Titan Féminin. Elle avait du mal à comprendre comment il avait fait pour supporter la douleur de cette blessure depuis. 

Une chose était certaine : une telle blessure ne laisserait guère une espérance de vie élevée au soldat. Pas même le temps d'arriver jusqu'au mur Maria.